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Manger à volonté pour le même prix

McGill réforme son système de plan alimentaire.

Clément Veysset | Le Délit

À la rentrée du semestre d’automne 2023, l’Université McGill a mis en place pour ses services de restauration un nouveau plan alimentaire intitulé All You Care To Eat (manger à volonté) (AYCTE), disponible dans toutes les cafétérias. Le plan AYCTE marque d’importants changements dans la politique alimentaire de McGill, qui fonctionnait précédemment avec un régime à solde dégressif, le Mandatory Meal Plan (Plan Alimentaire Obligatoire). Les multiples critiques des élèves de McGill vis-à-vis ce plan alimentaire s’étaient faites entendre lors de la réunion du 7 mars dernier organisée par Let’s Eat McGill.

Ce régime fonctionnait comme une carte de débit, où les étudiants devaient gérer leur budget alimentaire. Le régime à solde dégressif ne permettait aux élèves de se nourrir que deux fois par jour, en payant 6200 dollars pour l’année. Le collectif Let’s Eat McGill soulignait que ce modèle était une source d’insécurité alimentaire pour plusieurs étudiants. Benjamin, un étudiant de troisième année à McGill, a confié au Délit qu’il était « obligé de demander à (ses) amis de lui payer (ses) repas pour pouvoir manger ».

Le nouveau plan AYCTE permet aux élèves de manger à volonté. Comme son prédécesseur, le AYCTE coûte 6200 dollars par année, et est obligatoire pour les étudiants de premier cycle logeant en résidence, à l’exception de Solin Hall. Pour les autres étudiants souhaitant manger dans les cafétérias, ils peuvent payer 9,99 dollars pour le déjeuner, 12,99 le midi, et 14,99 pour souper, afin de manger à volonté. De plus, le plan AYCTE ne permet plus aux élèves de commander à emporter, une option communément prise par les étudiants.

Ainsi, ces changements prouvent les nombreux avantages du plan AYCTE, en comparaison à son prédécesseur, comme l’a souligné Mathieu Laperle, directeur principal du Logement étudiant et d’hôtellerie de l’Université McGill, interrogé par Le Délit.

Ce programme est bénéfique pour la gestion des déchets au sein des cafétérias universitaires. Selon Mathieu Laperle, l’abandon de l’option à emporter permet de réduire les déchets : elle « s’inscrit dans la volonté de McGill d’atteindre le zéro déchet d’ici 2035 ».

De plus, l’obligation des étudiants de manger sur place permet de développer des connexions dans un but de réduire leur isolement. Enfin, un avantage majeur du plan AYCTE est de permettre aux élèves de manger à volonté pendant la journée et « son prix fixe permet aux élèves de ne pas se soucier de devoir gérer leur enveloppe budgétaire », comme nous l’a affirmé Matthieu Laperle. Ainsi, ce nouveau format incite les élèves de premier cycle à ne plus sauter de repas comme nous l’a confié Benjamin : « Cela m’aurait permis de manger à ma faim. »

Cependant, la mise en place du AYCTE dans l’optique d’aider les étudiants avec leur budget ne répond pas aux attentes de certains. En effet, une critique importante du forfait de repas, soulevée par le collectif Let’s Eat McGill en mars dernier, était son caractère obligatoire pour les étudiants de premier cycle en résidence. Le coût de 6200 dollars par année scolaire – soit 775 dollars par mois – représente une dépense importante pour les étudiants en résidence, cette somme équivalant presqu’au prix d’un loyer montréalais. Or, cette critique n’a pas été retenue par l’Université.

De plus, le collectif soulignait l’insuffisance d’alternatives aux repas de McGill, comme le collectif Midnight Kitchen, qui offre des repas gratuits une fois par semaine, chose que l’Université McGill ne semble pas prête à offrir. Ainsi, le changement de plan alimentaire de McGill ne répond pas aux attentes et demandes formulées par plusieurs étudiants, malgré ses nombreux avantages.


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