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Meta éclipse les nouvelles canadiennes : enjeux et solutions

Layla Lamrani | Le Délit

En cette rentrée du congé estival, Le Délit fait face à un nouvel enjeu de taille, en plus de celui du recrutement de nouveaux membres au sein de son équipe éditoriale : rétablir le lien de manière efficace auprès de ses lecteur·rice·s après le blocage des nouvelles canadiennes. Alors que Le Délit continue d’être distribué sous sa forme papier à travers les présentoirs du campus, sa portée sur les plateformes en ligne, n’affichant plus les dernières parutions hebdomadaires du journal, s’en trouve considérablement réduite.

Pour rappel, en réponse au projet de loi fédéral C‑18, qui exige aux géants numériques Meta et Google de compenser financièrement les médias canadiens pour le contenu diffusé sur leurs plateformes, l’entreprise Meta a mis fin le 1er août dernier à l’accès aux nouvelles sur Facebook et Instagram, et ce, dans l’ensemble du Canada. Nous sommes donc loin d’être le seul média touché par cette mesure de l’entreprise américaine, qui filtre, selon ses propres intérêts économiques, le contenu diffusé sur Instagram et Facebook.

Les médias canadiens sont devenus malgré eux les sujets d’une décision unidirectionnelle de la part de Meta, qui utilise sa position hégémonique dans le domaine numérique pour exercer un lobbyisme sans prendre en considération les besoins en information de ses utilisateur·rice·s. Le public se retrouve ainsi coupé d’actualités qui pourraient leur être cruciales, comme c’est le cas en Colombie-Britannique et dans les Territoires du Nord-Ouest, où l’état d’urgence a été déclaré en raison des feux de forêts qui y sévissent. Les mesures prises par Meta empêchent les communautés d’être tenues au fait des dernières directives d’évacuation émises par les autorités.

Cette situation coercitive révèle la place essentielle que doivent continuer d’occuper les médias au sein de l’espace public. Le blocage des nouvelles se fait au détriment de l’intérêt des citoyen·ne·s voulant demeurer avisé·e·s des plus récentes actualités, et plus largement, du droit fondamental à l’information.

Voici quelques suggestions pour minimiser l’impact d’un tel blocage sur notre journal :

1. Porter une attention particulière à notre infolettre distribuée via votre adresse courriel McGill, pour rester avisé·e de toutes les nouvelles sorties d’articles ;

2. Nous suivre sur TikTok, où sont publiées certaines informations importantes concernant l’emplacement du journal sur le campus, nos activités à l’interne, ainsi que des formats condensés des articles parus dans nos pages ;

3. Récupérer Le Délit sous sa forme papier, disponible dans les présentoirs à l’entrée des bâtiments de l’Université.

Le virage numérique aura mis à l’épreuve les médias dans leur capacité à renouveler leurs moyens de diffusion. Il nous revient une fois de plus de faire preuve de créativité, mais cette fois-ci, en nous serrant les coudes pour trouver des moyens de pression efficaces contre les géants du web. Si les médias sociaux ont trop longtemps été pris pour des espaces publics ouverts, on a sans doute oublié que ce sont des multinationales qui dictent les règles du jeu en matière de contenu diffusé sur leurs propres plateformes.

Alors que cette situation met en lumière notre besoin crucial de cultiver notre indépendance médiatique, elle doit être saisie comme une opportunité d’examiner notre rapport collectif à la consommation des nouvelles. Le droit à l’information est intrinsèquement lié à la liberté de diffusion des médias, qui, comme en atteste la décision du blocage sur Meta, n’est pas encore acquise.


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