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Retrait d’une question au référendum

Va-et-vient autour de la Politique de solidarité avec la Palestine.

Alexandre Gontier | Le Délit

Le 14 mars dernier, le conseil judiciaire de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a ordonné à Élections AÉUM d’enlever une question du référendum de l’hiver 2022 portant sur l’adoption de la Politique de solidarité avec la Palestine. La question a été retirée « jusqu’à ce qu’une décision juridique puisse être rendue » par le conseil judiciaire, selon un communiqué d’Élections AÉUM. Cependant, elle a été remise sur le scrutin quelques heures plus tard par Élections AÉUM. La Politique est proposée par le groupe Étudiant·e·s de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (Students for Palestinian Human Rights, SPHR). Le groupe exige toujours des justifications de la part du conseil judiciaire quant à sa décision initiale de retirer la question du référendum. 

La Politique de solidarité avec la Palestine en question engagerait l’AÉUM à « boycotter les institutions et corporations complices dans l’apartheid israélien contre la Palestine ». Le préambule de la Politique définit que « ce système d’apartheid colonial se caractérise par un régime brutal d’appropriation des terres, de postes de contrôle, de démolitions de maisons, de destruction de l’environnement, de déportations et d’exécutions extrajudiciaires aux mains des soldats, de la police et des colons ». La Politique dénonce que « l’Université McGill investisse et collabore étroitement avec plusieurs sociétés et institutions complices d’un système bien établi d’apartheid colonial contre les Palestiniens ». D’après le document, cela contribuerait à ce que « les Palestiniens de la bande de Gaza continuent de vivre dans des conditions qui ne cessent de s’aggraver, sous un blocus destructeur, où les tentatives de protestation ou de résistance se heurtent aux balles des tireurs d’élite ou à des bombardements meurtriers ». 

La nouvelle Politique mettrait de l’avant la mise en place d’un Comité en solidarité avec la Palestine qui serait chargé d’assurer sa mise en œuvre pour les cinq années suivant son adoption. 

Selon SPHR, le retrait de la question est « l’exemple le plus récent de comment les exécutifs de l’AÉUM réduisent au silence ou répriment les voix pro-palestiniennes ». En mai 2021,  le groupe militant a avancé que certains exécutif·ve·s de l’AÉUM auraient participé à la rédaction d’une liste noire d’étudiant·e·s pro-palestinien·ne·s sur le campus. Un mois plus tard, l’AÉUM a lancé une enquête sur ces allégations. Le 18 novembre dernier, pendant une rencontre du conseil d’administration de l’AÉUM, le vice-président Finance Éric Sader a affirmé que cette enquête s’inscrit dans le travail de l’Association : « l’AÉUM a lancé une enquête. […] L’Association travaille activement pour assurer la sécurité de tous ses membres ».

À la suite du retrait de la question du référendum le 14 mars, les membres de SPHR ont dénoncé le geste comme étant « une violation inacceptable allant à l’encontre du processus démocratique de l’AÉUM ». Le groupe militant a donc exhorté l’AÉUM de remettre la question sur le scrutin, tel que prévu initialement.

Quelques heures plus tard, Élections AÉUM a publié un communiqué annonçant l’annulation du référendum déclaré comme étant « défectueux et incomplet ». Un nouveau scrutin a donc été mis en place, où figurait la question sur l’éventuelle Politique de solidarité avec la Palestine. 

Selon les membres de SPHR, cette décision d’enlever la question n’est pas conforme à la section 1.2 du Règlement des élections et des référendums. Cette dernière stipule que « Élections AÉUM est le seul organe pouvant administrer les élections ». L’AÉUM ne devrait donc pas être en mesure d’interférer. SPHR attend des justifications plus précises de la part du conseil judiciaire : « Les deux entités [Élections AÉUM et le conseil judiciaire, ndlr] se sont comportées avec honte et nous ne pouvons pas leur pardonner tant qu’ils n’auront pas démontré qu’ils reconnaissent la gravité de l’action qu’ils ont commise ».


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