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Congrès de QS : À nous demain

Le parti célèbre en discours politiques et performances musicales.

Louise Toutée | Le Délit

Le samedi 20 novembre dernier, Québec solidaire ouvrait son congrès au public avec un événement festif au Gesù qui affichait salle comble. Cette soirée de discours politiques et
de performances musicales, intitulée « À nous demain », était le plus grand rassemblement solidaire depuis 2018. Les deux porte-paroles, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, se sont adressé·e·s aux 400 personnes présentes sur place ainsi qu’aux 300 personnes se joignant à la soirée à partir de leurs écrans entre les prestations de Valence, Clay and Friends et Klô Pelgag.

La culture à l’honneur

L’événement se déroulait sous le thème de la célébration. Valence a ouvert la soirée en interprétant « La vie attend pas » et « Rosier ». Le public, debout, dansait sur la musique pop-rock. Il n’en fallait pas moins pour mettre le feu à la salle et donner un ton festif à la soirée. « On avait envie de se faire du bien » a expliqué Manon Massé, interviewée par Le Délit. Le reste du congrès de Québec solidaire – qui avait comme objectif d’élire des membres de l’exécutif et de prendre des décisions quant à sa plateforme électorale – se déroulait en ligne. Mais après de longs mois de pandémie, il semblait important, pour Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé, d’avoir une occasion de se rassembler et célébrer en personne. « Ç’a été au-delà de nos espérances », a commenté la co-porte-parole par rapport au déroulement de la soirée.

Dès son entrée sur scène, Manon Massé a tenu à souligner la présence et la contribution de Xavier Watso, professeur de théâtre au secondaire et militant autochtone, qui animait la soirée. Après une reconnaissance de territoire, le créateur de contenu parrainé par TikTok Canada a enseigné au public quelques mots en abénaquis : « bonjour » (Kwaï), « merci » (Wliwni, prononcé « olé-oné »), « oui », « non » ainsi que les chiffres de un à cinq. Ce petit cours d’introduction à cette langue autochtone a été salué par la co-porte-parole avec les autres initiatives de jeunes leaders autochtones qui « nous tirent par l’avant et nous indiquent le chemin ».

S’attaquer aux inégalités

Dans son discours, la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques n’a pas manqué d’écorcher le premier ministre François Legault. S’adressant à sa base électorale, elle a remis en question l’intérêt de sans cesse comparer l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario alors que les écarts de richesse au sein même de notre province sont, selon elle, bien plus inquiétants. On se rappellera d’ailleurs l’échange houleux entre le premier ministre et Gabriel Nadeau- Dubois à ce sujet à l’Assemblée nationale le 15 septembre dernier, dérivé d’une confrontation entre leur supposée incarnation respective de Duplessis et du « wokisme », et ayant nécessité l’intervention du président de l’Assemblée à plus d’une reprise. Manon Massé a aussi attaqué François Legault quant à sa récente annonce sur la création d’un comité d’experts sur le développement du hockey au Québec. Plutôt que se concentrer à créer des champions, a‑t-elle fait valoir, le gouvernement devrait penser à monsieur et madame Tout-le-Monde, parce qu’en réalité, « on est en train de créer des champions de burnout et de dépression ».

« On est en train de créer des champions de burnout et de dépression »

Manon Massé sur les politiques de François Legault

Les autres partis d’opposition ont, eux aussi, été la cible des critiques de Manon Massé. Soulignant leur manque de cohérence, elle a rappelé les périodes d’austérité et de coupures masquées par la formule de « rigueur budgétaire » imposée sous les règnes libéraux et péquistes. Pour la co-porte-parole, il faut réinvestir sans attendre dans nos services, dans notre système de santé, dans nos écoles – un discours aujourd’hui partagé par les autres partis d’opposition mais qui était déjà présent aux balbutiements de Québec solidaire, a‑t-elle rappelé.

« Quand Gab et Manon parlent, je me sens Québécois »

Mike Clay, du groupe
Clay and Friends

Natacha Papieau

Sous les cris de la foule scandant son nom, Manon Massé a alors fait place au deuxième groupe musical de la soirée, Clay and Friends, qui a interprété quelques-uns de ses succès, tels que « OMG », « Gainsbourg », « Name on it » et « Bouge ton thang ». C’est en changeant certaines paroles de « Going up the Coast » que le groupe de música popular de Verdun a conclu sa prestation. Il a notamment invité le public à transformer les « nanana » en « non-non-non », critiquant le « non-sens politique » auquel les Québécois et Québécoises sont confronté·e·s.

« Le troisième lien, c’est [aussi le] symbole d’une vision rétrograde du Québec où le béton passe avant l’avenir »

Gabriel Nadeau-Dubois

L’environnement, un projet de société

Suivait le discours de Gabriel Nadeau-Dubois, nouvellement chef parlementaire du parti à l’Assemblée nationale. Accueilli par un tonnerre d’applaudissements, le co-porte-parole a commencé en parlant du Québec de ses grands-parents : un Québec qui s’est donné les moyens de sortir de la Grande Noirceur, un Québec avec une vision d’avenir, passant de province à « État » et, pourquoi pas, à un pays. Pour Gabriel Nadeau-Dubois, l’environnement est le projet de société du Québec d’aujourd’hui. Critiquant au passage le troisième lien, il ne s’est pas gêné pour qualifier le projet routier de « symbole d’une vision rétrograde du Québec où le béton passe avant l’avenir ». Gabriel Nadeau-Dubois a aussi parlé de l’identité québécoise et de la nécessité de résoudre les problèmes de la langue sans blâmer les immigrant·e·s. Le chanteur et auteur du groupe Clay and Friends, Mike Clay, avait d’ailleurs témoigné plus tôt dans la soirée « qu’il se sent Québécois » en écoutant les député·e·s de Québec solidaire, malgré ses origines immigrantes.

Le député de Gouin s’est par la suite adressé aux électeurs et électrices encore hésitant·e·s. Aux personnes présente au Gesù et à la maison, il a demandé : « Qu’est-ce qui compte vraiment ? » Gabriel Nadeau-Dubois, qui sera bientôt père, a saisi l’occasion pour inviter les gens à se battre avec Québec solidaire pour pouvoir dire à leurs enfants avoir été à la hauteur de la crise climatique et avoir bâti des systèmes d’éducation et de santé dignes de fierté.

Son discours reflétait la volonté du parti d’élargir sa base électorale. Interrogée à ce sujet par Le Délit, Manon Massé explique viser les populations plus âgées. « Notre force, à Gabriel et moi, va être notre force aussi dans la population québécoise : faire des liens entre les différentes générations. » Dans son discours, la co-porte-parole avait notamment donné une mission aux jeunes présent·e·s dans la salle, celui d’aller parler à leurs parents et de leur dire : « L’avenir, c’est à moi, et moi je veux que tu votes Québec solidaire. »

Toute la soirée, Gabriel Nadeau-Dubois a martelé que le Québec est capable de gérer ses crises – logement, santé, climat, etc. – et que « l’heure du changement a sonné ». Klô Pelgag, dernière artiste invitée, a terminé en ajoutant que l’esprit rêveur de Québec solidaire, qui lui est souvent reproché, est en fait une grande qualité. Avec Manon Massé parlant d’espoir et Gabriel Nadeau-Dubois abordant les changements passés et à venir, un message scandé passionnément par la foule résonnait dans la salle en fin de soirée : « Un peuple uni jamais ne sera vaincu. »

Natacha Papieau

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