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Les comptoirs de prêt de livres à McGill resteront fermés

Bien que le gouvernement autorise leur réouverture, les bibliothèques mcgilloises préfèrent se fier aux services d’HathiTrust.

Vincent Copti | Le Délit

Alors que les bibliothèques du Québec ont ouvert leurs portes pour desservir la clientèle aux comptoirs de prêt, celles de l’Université McGill font exception. Malgré le feu vert des autorités provinciales, les différentes branches du service de bibliothèque de l’institution ne rouvriront pas leurs comptoirs. 

Le prêt en ligne à la hausse

Depuis le mois d’avril dernier, les membres de la communauté mcgilloise ont la possibilité de consulter les titres disponibles grâce au partenariat interuniversitaire du service d’accès temporaire d’urgence d’HathiTrust (Emergency Temporary Access Service). Par souci de droits d’auteur, cette entente requiert que le nombre de copies d’ouvrages en circulation en ligne et en papier n’excède pas le nombre de copies physiques que possède la bibliothèque, ce qui signifie que celles mises en ligne ne sont pas prêtées en version papier. Quant aux items de l’inventaire mcgillois qui ne se trouvent pas en version numérisée sur la plateforme (20% de la collection de l’Université), ceux-ci sont disponibles pour le prêt sans contact pour les étudiantes et étudiants en mesure de se rendre sur le campus. 

Bien que le trafic ait diminué dans les différentes bibliothèques du campus, les prêts d’articles ont augmenté depuis la mise sur pied du service d’HathiTrust. La professeure Colleen Cook, doyenne des bibliothèques, rapporte que le nombre d’articles prêtés s’est accru d’un peu plus de 25% entre décembre 2019 et décembre 2020. Le nombre d’articles prêtés via HathiTrust du 20 juillet 2020 au 26 janvier 2021 représente 78% du nombre de prêts normaux pour la même période un an plus tôt. Lorsque l’on inclut les prêts sans contact, ce taux atteint 87%.

Espaces physiques mcgillois

Pre Cook se dit optimiste par rapport au projet de rénovation et de réaménagement de la bibliothèque McLennan. Elle estime que la pandémie a suscité un engouement pour la création d’espaces plus sains et plus sécuritaires. Selon elle, le facteur le plus important du réaménagement du complexe McLennan-Redpath est la flexibilité de l’espace, qui peut être adapté à divers besoins et usages. 

Les bibliothèques de McGill offrent également des espaces de travail individuel, les « study hubs ». Ces espaces accessibles à tous les membres de la communauté mcgilloise ont été utilisés près de 20 000 fois durant la session d’automne 2020, majoritairement par le corps étudiant. Ce sont ainsi environ 4 000 étudiants et étudiantes qui ont pu tirer profit des espaces de travail individuel la session dernière et 1 000 depuis le début de la session hivernale. 

Ailleurs au Québec

Pour mémoire, le premier ministre québécois François Legault avait d’abord annoncé le 6 janvier dernier la réouverture des bibliothèques de la province pour raisons scolaires. En réaction à cette annonce, les voix de l’Association des Bibliothèques Publiques du Québec (ABPQ) se sont élevées pour contester cette décision de la part du gouvernement. Selon ces dernières, les bibliothèques joueraient un rôle crucial dans l’accès à internet puisque plusieurs personnes n’ont pas internet à domicile. Ces personnes dépendraient des postes informatiques disponibles dans les bibliothèques afin de s’acquitter de leurs tâches.

Ces contestations ont semblé porter fruit quand, le 10 janvier dernier, un arrêt ministériel a permis la réouverture complète des bibliothèques du Québec pour l’ensemble de la population, et pas seulement pour le corps étudiant. Le lendemain, le gouvernement est revenu sur sa décision à la suite d’une intervention de la Santé publique. En effet, même s’il était question d’une ouverture complète des bibliothèques dans le décret ministériel, ce dernier n’autorisait dans les faits qu’un accès limité aux comptoirs et, pour la population étudiante de tous niveaux, un accès à des postes de travail lui étant réservé. 

Bien qu’il ne fasse pas l’unanimité, ce changement a été somme toute bien accueilli par les employés et les utilisateurs et utilisatrices des bibliothèques, puisqu’il remplace le service de prêt sans contact mis en place dans plusieurs de celles-ci, jugé plus laborieux que celui au comptoir. Bien que Québec ait donné la permission aux bibliothèques de rouvrir leurs comptoirs de prêt, rien ne les oblige à le faire. Elles sont libres d’adapter leurs services à leur guise en conformité avec les restrictions de la Santé publique.


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