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Une tribune pour les francophones

Magali Thouvenin | Le Délit

La Déclaration de principes du Délit commence ainsi : « Le Délit, seul journal francophone de l’Université McGill, donne une voix à plus de [7 500] francophones sur le campus. » Si une affirmation aussi idéaliste est agréable à lire et fait belle figure, sa concrétisation est toutefois beaucoup plus complexe.

Nous avons le privilège d’être le seul journal francophone de l’Université, mais ce privilège vient avec une énorme responsabilité. Ce journal doit, en vertu de sa déclaration de principes, donner une voix à la francophonie mcgilloise. Les francophones de McGill forment une communauté extrêmement diversifiée et ne pensent pas comme un bloc monolithique. Ce n’est pas « une voix » que Le Délit doit faire entendre, mais une multitudes de voix qui ne s’entendent pas toujours entre elles. 

En ce sens, nous estimons que Le Délit ne peut pas se permettre d’être un journal dont l’essence serait de promouvoir une seule idéologie. Le Délit est, en quelque sorte, le « diffuseur public » des francophones mcgillois·es financé par l’ensemble de la communauté étudiante, et doit par conséquent être un espace d’expression ouvert à toutes et tous. L’équipe éditoriale du Délit, qui ne pourra jamais être parfaitement représentative de la communauté étudiante dans son ensemble, ne peut pas choisir d’en servir une certaine partie et d’en ignorer une autre parce qu’elle ne partage pas ses opinions. Elle ne peut pas refuser de publier des textes pour la seule et unique raison que ceux-ci ne coïncident pas avec les idéologies de son conseil éditorial.

Il va sans dire que, dans le respect de sa mission, Le Délit doit également travailler à ce que ses pages offrent un espace respectueux et sécuritaire pour toutes et tous. Tout propos haineux ou discriminatoire, à quelque égard que ce soit, ne saurait avoir sa place dans cet espace où la bonne foi est de mise. Le but est d’élever le débat, pas de le miner ; de poser des questions, pas d’imposer ses dogmes.

Il doit aussi reconnaître qu’il ne peut pas prétendre représenter toute la communauté étudiante simplement en acceptant tous les textes, car certaines voix ont plus de difficulté à se faire entendre, dans un journal étudiant tout comme dans la société en général. Il doit faire des efforts concrets afin d’aller chercher des textes et des points de vue provenant d’une réelle diversité de contributeurs et de contributrices.

Si Le Délit n’était qu’un journal francophone parmi plusieurs, un tel problème n’aurait pas à s’imposer : dans une institution où une multitude de voix peut s’exprimer à travers une multitude de médias, les journaux de combat sont alors possibles, voire souhaitables. Les étudiant·e·s ne se trouveraient pas limité·e·s, par leur appartenance linguistique, à un seul média. Mais tel n’est pas le cas.

Nous nous devons de donner parole, non pas de prendre position. De ce fait, Le Délit se doit d’offrir une plateforme la moins fermée, la moins dirigée possible, cela afin de respecter sa mission : permettre à la francophonie mcgilloise de s’exprimer.

L’équipe du Délit


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