Aller au contenu

Royal Victoria : vers un avenir universitaire ?

Un sociologue propose la création d’une nouvelle université à vocation internationale.

Lindsay Wilmot, McGill

Dans un article d’opinion publié dans Le Devoir le 3 septembre dernier, Robert Laplante, directeur de la revue L’Action Nationale, proposait la création d’une Université internationale de la Francophonie (UIF) à Montréal. Il considère notamment que l’ancien hôpital Royal Victoria devrait accueillir cette nouvelle institution. Selon lui, l’UIF « pourra faire apparaître pour les universités québécoises le rôle fédérateur qui leur manque. Elle favorisera la mise en commun des ressources et l’optimisation des initiatives actuellement trop éparpillées ». Le Délit a pu s’entretenir avec M. Laplante pour discuter de ce projet ambitieux.

Un phare francophone

Pour M. Laplante, la création de l’UIF permettrait « le renforcement de Montréal comme pôle universitaire » et servirait ainsi à « définir de façon plus tangible et plus substantielle la contribution du Québec à la francophonie ». Si le projet reste embryonnaire, le directeur de L’Action Nationale fait tout de même trois suggestions notables. 

Les ressources doivent aller à la connaissance et à ceux et celles qui la font

Sa première suggestion pour l’UIF est celle de l’emplacement. « Le bâtiment de l’ancien hôpital Royal Victoria devrait l’accueillir », affirme-t-il dans son article paru dans Le Devoir. L’auteur de l’article n’y voit là que des avantages. Il mentionne notamment que l’hôpital désaffecté est « un patrimoine à vocation institutionnelle ». En plus de son emplacement historique et symbolique, le Royal Victoria serait un bon choix pour des raisons pratiques. Selon M. Laplante, on trouverait là tout l’espace nécessaire à l’édification de l’UIF, notamment en matière de salles de classe, de bureaux administratifs et de logements pour les étudiants et professeurs étrangers. 

M. Laplante considère que reconvertir un établissement bénéficiant déjà de toutes les qualités requises à la réalisation d’un tel projet serait « la façon la plus intelligente d’utiliser les deniers publics ». Il ajoute également que « si l’on entreprenait de construire un édifice nouveau, les ressources iraient dans le béton ! Alors que les ressources doivent aller à la connaissance et à ceux et celles qui la font ». 

Deuxièmement, il considère que cette institution devrait se concentrer sur les études de cycle supérieur. « C’est essentiellement pour faciliter et accélérer le développement des collaborations en matière de recherches », explique M. Laplante. Ainsi, l’UIF pourrait se concentrer sur le volet recherche et collaboration internationale, ce qui permettrait de ne pas empiéter sur le travail qu’effectuent déjà les autres universités québécoises. 

Sa dernière suggestion est de faire porter à cette institution le nom de Jean-Marc Léger. Ce professeur de l’Université de Montréal est l’un des principaux instigateurs de ce qui est aujourd’hui l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). « Pour moi, [c’est] une façon à la fois de témoigner gratitude et reconnaissance à un des grands pionniers de ce type de collaborations », souligne M. Laplante. Selon lui, il s’agit surtout de donner un nom qui fera écho dans l’univers de la collaboration francophone. « Ça aurait très bien pu être l’Université Léopold Senghor », conclut-il. Léopold Sédar Senghor, poète notoire, a été le premier président de la république du Sénégal et le premier Africain admis à l’Académie française. 

Une institution à bâtir

Si l’idée d’un Québec fort et fier de sa francophonie n’est pas nouvelle pour M. Laplante, celle d’une nouvelle institution l’est : « C’est une proposition que j’ai élaborée au cours de l’été et pour la rentrée [d’automne] ». Il reconnaît d’ailleurs que son idée n’en est encore qu’à ses balbutiements et qu’elle gagnerait à être publiquement débattue : « C’est une proposition. Elle peut être bonifiée, il y a d’autres manières d’examiner la chose. […] L’objet [de l’article] n’était pas de livrer un projet tout ficelé. » 

Dans un court entretien téléphonique, Alexandre Lahaie, directeur des communications du cabinet de la Ministre de l’Enseignement supérieur, a laissé savoir au Délit que le ministère ne commentera pas la proposition faite par M. Laplante. Bien qu’il salue l’initiative du directeur de L’Action Nationale, il juge que le projet est trop embryonnaire pour justifier une prise de position de la part du gouvernement. 

Il a notamment précisé qu’il s’agissait là d’un projet social et non pas politique, point sur lequel les deux hommes sont en désaccord. M. Laplante explique qu’il « s’agit d’une orientation du gouvernement quant à la défense et à la promotion de la langue française. Donc c’est un choix d’orientation pour que l’état soutienne [l’UIF] avec les deniers publics ; et donc en ce sens là ce n’est pas social du tout, c’est un choix politique. » 

 


Dans la même édition