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Un v.-p. de l’AÉUM accusé d’inconduite sexuelle

Une assemblée générale spéciale devait se tenir pour destituer Declan McCool, l’actuel v.-p. aux affaires internes.

University Center - McGill - AÉUM - SSMUVincent Copti | Le Délit

Dans un courriel envoyé à ses membres le 21 août dernier, l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) avait annoncé la tenue d’une assemblée spéciale le 8 septembre prochain pour destituer Declan McCool, l’actuel vice-président aux Affaires internes.

Toutefois, le 2 septembre, une notice a été publiée sur le site de l’AÉUM pour annoncer que cette assemblée n’aurait finalement pas lieu, puisqu’aucune motion n’avait été déposée pour y être débattue. Rejoint par courriel, le président de l’AÉUM s’est dit dans l’impossibilité de fournir plus de détails.

En date de lundi dernier, le courriel habituellement réservé au v.-p. des Affaires internes de l’AÉUM renvoyait une réponse automatique, avisant que Declan McCool avait été suspendu et que ses responsabilités avaient été divisées parmi les autres membres de l’exécutif de l’association. Le Délit n’a pas été en mesure d’apprendre auprès des autres directeurs et directrices de l’AÉUM à quand remontait la suspension de McCool ou de contacter le principal intéressé pour investiguer la situation.

Le président de l’AÉUM, Jemark Earle, a assuré que l’association étudiante chercherait à recruter un·e nouveau·elle v.-p. aux Affaires internes dès que McCool serait destitué. Il a par ailleurs affirmé que, dans le cas où l’assemblée générale ne mènerait pas à la destitution de McCool, le conseil d’administration de l’AÉUM évaluerait à nouveau s’il serait apte à assumer son rôle, en collaboration avec d’autres intervenants et intervenantes concerné·e·s.

Sur le site de l’AÉUM, le nom du v.-p. aux affaires internes a cessé d’être affiché.

Un v.-p. rapidement contesté

Élu en même temps que les autres directeurs et directrices en février dernier, Declan McCool a vu son mandat remis en question dès le 1er avril, car l’Association étudiante de génie de l’Université McGill (EUS) avait déposé une plainte contre lui dans le cadre de l’Involvement Restriction Policy (Politique de restriction de l’implication, IRP).

L’IRP est un accord interfacultaire consenti en novembre 2019 qui a pour but de garantir un environnement sécuritaire pour les victimes de violences sexuelles. Il implique que les mesures adoptées pour protéger les victimes de leur agresseur soient appliquées par toutes les associations étudiantes, même par celles auxquelles n’appartiennent pas les personnes impliquées dans la situation.

Un jour après le dépôt de cette plainte, le McGill Daily a fait paraître un article dans lequel il rapportait une dénonciation anonyme contre Declan McCool. Le texte se terminait par un texte écrit par la victime présumée. Celle-ci a choisi de ne pas révéler la nature des faits qu’elle reproche à Declan McCool, mais il s’agirait de gestes à caractère sexuel selon l’article du Daily. Dans sa déclaration, la personne dit aussi avoir tenté de porter plainte à la fois auprès de l’administration mcgilloise et auprès de l’AÉUM ; ces recours se sont avérés pour elle « inaccessibles et inefficaces ». Elle a explicitement appelé à la démission de McCool.

À la suite de la publication de l’article du Daily, deux déclarations distinctes ont été émises par les conseillers et conseillères exécutif·ve·s de l’AÉUM. La première, signée par trois d’entre eux et elles, condamnait sans équivoque les gestes prêtés à leur collègue et l’appelaient à démissionner, relayant ainsi l’appel lancé par la victime présumée. L’autre déclaration, signée par les deux autres exécutifs, dont le président Jemark Earle, a plutôt choisi de condamner la culture des violences sexuelles sans se positionner spécifiquement sur les faits reprochés à Declan McCool.

Ce refus du président et du v.-p.  à s’engager a été critiqué par la victime présumée dans une lettre ouverte envoyée au Daily. Utilisant le nom fictif de Sam, elle a déploré la culture de scepticisme ambiant face aux dénonciations d’abus sexuels et a justifié son choix de ne donner aucune précision sur les faits qu’elle impute au v.-p. McCool. « Il est absolument absurde de demander aux survivantes ou aux survivants de révéler et de revivre un traumatisme et de leur faire raconter, de manière plus détaillée, ce qui s’est exactement passé pour que vous puissiez juger par vous-même si l’incident qui s’est produit a été comptabilisé comme une violence sexuelle. Je pense que c’est quelque chose que je peux déterminer par moi-même, merci beaucoup. »

À moins d’une démission, Declan McCool demeurera suspendu jusqu’à l’assemblée générale qui statuera sur sa destitution.

[Suite aux développements récents dans cette affaire, cet article a été mis à jour]


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