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Un cri pour la pandémie

Elyssa Koe

Peut-être que je ne comprenais juste pas au départ.

Peut-être qu’il y a une part de moi qui essayait d’être insensible pour ne pas céder à la panique. Je ne sais pas trop quoi faire, à part attendre, comme tout le monde.

Ce que je sais par contre, c’est que cette crise va être bénéfique pour nous faire voir certains problèmes qui découlent de nos habitudes de vie. La NASA nous confirmait il y quelques semaines que les émissions de gaz à effet de serre ont radicalement diminué depuis l’arrivée de la COVID-19 en Chine. La planète peut enfin prendre un répit de toute activité humaine.

Je sais, je ne suis pas la première à en parler, mais j’ai une espèce de trop-plein et il faut que ça sorte.

Quand je pense au fait que certaines personnes ne peuvent simplement pas se permettre d’arrêter de travailler, car sans elles, tout notre système de santé pourrait s’écrouler. Je parle ici des 69 000 travailleurs qui sont en première ligne pour combattre le virus. Ces médecins, infirmiers et infirmières, et autres spécialistes dans les cliniques de dépistage qui pourront toucher une prime équivalant à 8% de leur salaire. D’ailleurs, c’est dans des moments charnières comme celui que l’on vit présentement qu’on réalise l’importance des gens qui travaillent à l’entretien ménager des espaces publics, des préposés aux bénéficiaires et de bien d’autres personnes qui travaillent parfois dans l’ombre et qui n’ont peu ou pas de reconnaissance. D’ailleurs, ces 200 000 travailleurs et travailleuses du réseau de la santé auront une prime eux et elles aussi, mais moindre.

Quand j’entends que certains dirigeants remettent encore en doute la parole des experts de la santé publique, tout en sachant qu’ils insufflent le doute au sein de la population.

Quand je vois qu’en Italie, on doit choisir entre qui laisser vivre et qui laisser mourir, par manque de respirateurs artificiels.

Quand je constate que des gens dévalisent les épiceries et se jettent sur les denrées non périssables. Ne serait-ce pas plus logique de s’informer avant de réagir ? Qu’adviendra-t-il des personnes âgées qui n’ont pas l’occasion de parcourir la moitié de la ville pour se procurer des biens essentiels parce que des gens ont cru nécessaire d’empiler 8 caisses de papier de toilette ?

Quand je pense aux mille et unes incohérences qui découlent de notre système et qui ressortent au grand jour, j’ai le cœur serré.

Quand je réalise que les personnes âgées et les personnes immunodéficientes sont plus à risque de mourir, mais que les gens continuent de faire comme si le problème n’existait pas, je me demande comment nous nous sommes rendus là, en tant que société.

Je ne peux pas m’empêcher d’être frustrée. C’est pourtant si simple d’écouter les autorités publiques et de rester chez soi. 

Oui, je sais, c’est long un confinement. Moi, la première, j’avais tellement hâte de retourner chez moi pour fêter avec mes amis.

Oui, je sais, on est jeune on est en santé, on a l’impression que rien ne peut nous arriver.

Mais lorsqu’on m’annonce dans le journal que dans le pire scénario, la crise pourrait durer 10 mois et que je vois des gens faire des pique-niques et des soirées, je me demande s’ils savent qu’aux États-Unis, l’on recense plus de 200 000 cas en date du 3 avril et que cette prolifération du virus est causé en très grande partie par les mesures laxistes du gouvernement en matière de santé et de sécurité. Nous avons la chance d’avoir un gouvernement provincial qui prend la crise de front, ce qui aplanit la fameuse courbe. Pourquoi ne pas l’écouter ? 

Je le sais, qu’au fond, on a tous un peu peur, et qu’on veut sauver notre peau. Justement, ne serait-ce pas le meilleur moment pour être cohérents et solidaires les uns envers les autres ?

Je le sais qu’on peut faire mieux, je le sais qu’on peut faire plus.

Alors, je vous en prie, restez à la maison et écoutez les experts.

Parce qu’il en va de notre survie à tous.

 


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