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Pluraliser nos histoires

Retrouvez l’oeuvre marquante de la semaine : Elles ont fait l’Amérique.

Parker Le Bras-Brown | Le Délit

C’est lors de mes études collégiales que j’ai découvert Serge Bouchard. « Qui ? », je vous entends me dire. Je vous définis cet auteur en vous orientant vers sa voix grave et caverneuse que nous pouvons entendre aux ondes de Radio-Canada le dimanche soir. « Ah oui ! le monsieur avec les histoires oubliées ». Né à Montréal en 1947, Serge Bouchard est anthropologue, auteur et animateur, il communique sur toutes les tribunes sa passion pour l’histoire des Premières Nations,des Métis, pour la nordicité, et pour l’Amérique francophone. Serge Bouchard est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont L’homme descend de l’ourse, Mathieu Mestokosho, chasseur innu et C’était au temps des mammouths laineux. Ses deux derniers livres, Elles ont fait l’Amérique et Ils ont couru l’Amérique – un projet de trois tomes en collaboration avec Marie-Christine Lévesque – explorent l’envers de notre histoire. À travers cette chronique, j’aimerais vous présenter Elles ont fait l’Amérique, livre qui est selon moi une lecture nécessaire, non seulement pour les Québécois et les Québécoises, mais aussi pour tous ceux et celles qui sont curieux de découvrir une histoire qui témoigne des origines d’une jeune nation, portée sur les épaules de gens du commun. 

Elles ont fait l’Amérique

Les auteur·rice·s Serge Bouchard, Marie-Christine Lévesque, et Francis Back, racontent à travers des récits sous la forme du conte. Elles ont fait l’Amérique relate les destins captivants de quinze femmes qui, chacune à leur manière, ont fait l’Histoire de l’Amérique du Nord. L’ouvrage est basé sur le constat suivant : les femmes sont absentes de l’histoire officielle de l’Amérique. Les femmes autochtones, mais aussi toutes les autres, sans distinction culturelle : Inuites, Canadiennes, Anglaises, Noires, Françaises et Métisses. Plusieurs d’entre elles sont des êtres d’exception dont le contact avec ce vaste continent a révélé l’intelligence et le caractère. Selon Hélène Talbot de la revue Les Libraires, ces femmes se démarquent par le fait qu’elles sont des pionnières, des résistantes, des scientifiques, des diplomates, des artistes, et des exploratrices : toutes ont été des héroïnes aux exploits invisibles. Les auteur·rice·s nous tracent des portraits bouleversants de toutes ces femmes, nous laissant étonné·e·s de ne pas avoir entendu parler d’elles auparavant. Nous découvrons une version de l’Histoire qui, du moins pour moi, ne m’était pas parvenue sur les bancs de l’école. Les auteur·rice·s prennent le soin d’exclure les mythes et les légendes urbaines en racontant avec passion la vie de ces femmes exceptionnelles, ces remarquables oubliées : je pense notamment à Mina Hubbard, la première femme à explorer et cartographier le Labrador avec un revolver à la hanche et un appareil photo sous son bras, ou encore au récit de Shanawdithit, connue comme la dernière des Béothuks, peuple éteint de ce que nous connaissons aujourd’hui comme étant Terre-Neuve. 

Des lectures obligatoires

L’Histoire est pleine de récits de grands personnages. Cependant, ces récits semblent par moments tirés par les cheveux et nous perdons, en tant que spectateur·rice et lecteur·rice, de l’intérêt pour ces personnages puisque nous ne sommes pas en mesure de partager leur expérience du réel. Les femmes décrites dans Elles ont fait l’Amérique nous permettent de jeter un regard neuf sur les conséquences, positives et négatives, que peuvent poser les gestes de personnes du commun. Ces femmes sont la preuve que, même dans l’ombre, les femmes peuvent contribuer à de grands projets. Elles sont des exemples d’indépendance et d’intrépidité et méritent de se faire connaître par les habitant·e·s du pays qu’elles ont créé. 


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