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Battons-nous pour les droits des travailleur·euse·s de soutien éducatif

Mahaut Engérant | Le Délit

Depuis plus d’un an, l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM, AGSEM en anglais, ndlr) négocie avec l’administration de McGill en ce qui a trait à la convention collective des auxiliaires d’enseignement, arrivée à terme en juin 2018. Les auxiliaires d’enseignement (Teaching Assistant, en anglais, ndlr) sont actuellement confronté·e·s à de multiples problèmes qui ne sont pas pris en compte par l’Université. Parmi eux, une protection limitée vis-à-vis des auxiliaires d’enseignement transgenres, non-conformes au genre et non-binaires, une protection insuffisante contre le harcèlement sexuel et un manque flagrant de rémunération équitable.

En octobre 2019, Jessica Rose, titulaire de la chaire du TA Bargaining Committee, a expliqué au McGill Daily que selon le Département des ressources humaines de McGill, l’administration n’est pas obligée de considérer une relation romantique ou sexuelle entre un·e auxiliaire d’enseignement et son·sa superviseur·e comme une violation de la Politique sur les violences sexuelles de l’Université. En revanche, comme Rose l’a noté, la relation entre un·e auxiliaire d’enseignement et un·e superviseur·e de cours contient inhéremment une relation de pouvoir déséquilibrée, puisque « les auxiliaires d’enseignement peuvent avoir besoin de lettres de recommandations ou d’autres opportunités académiques données par le·a professeur·e, et dépendent forcément de ce revenu ». Elle a aussi remarqué qu’il y a eu « un certain nombre d’allégations ces dernières années impliquant des professeur·e·s qui ciblaient les étudiant·e·s qui travaillaient pour eux ».

De plus, Rose explique que les mesures de protection pour les auxiliaires d’enseignement transgenres, non-conformes au genre et non-binaires à McGill avaient été rejetées par l’Université. Sans politique en place, le mégenrage intentionnel des auxiliaires d’enseignement n’est pas reconnu comme étant du harcèlement par l’institution. En refusant ce changement, McGill refuse de reconnaître ou de valider les expériences des auxiliaires d’enseignement transgenres, non binaires et non conformes au genre, et participe activement à leur marginalisation.

D’autre part, le système de rémunération des auxiliaires d’enseignement les laisse souvent sans salaire. Cela est dû à leur contrat, qui couvre seulement 45 à 180 heures de travail pour tout un semestre ; lorsqu’il·elle·s excèdent ces heures de travail — ce qui est inévitable —, il·elle·s doivent soit travailler sans paie, soit laisser leur travail inachevé, ce qui affecte d’autant plus les étudiant·e·s. Selon des sondages menés par l’AÉÉDEM entre 2007 et 2017, il y a 40% de chances qu’un·e auxiliaire d’enseignement travaille sans rémunération avant la fin du semestre.

Alors que ces négociations sont toujours en cours pour les travailleur·euse·s protégé·e·s par le syndicat, un appel à la syndicalisation a été lancé pour encourager tous·tes les travailleur·euse·s en soutien éducatif à McGill, pas seulement les auxiliaires d’enseignement et les surveillant·e·s, à joindre l’AÉÉDEM.

« Nous sommes très, très, las des non-dits » écrivait l’AÉÉDEM dans le Daily. « Beaucoup de départements à McGill continuent de créer des emplois qui sont proches en leur nature de l’assistanat à l’enseignement, mais sans la sécurité d’emploi, les protections basiques et de meilleurs salaires que ceux auxquels les auxiliaires d’enseignement de McGill ont accès à travers l’AÉÉDEM. » Comme le syndicat l’explique sur son site Internet, « les évaluateur·rice·s à travers le campus ne sont payé·e·s qu’au salaire minimum, soit 12,50$ de l’heure, sans compensations pour les heures supplémentaires ». L’AÉÉDEM souligne de plus que dans certains programmes qui ne reçoivent pas de financement additionnel, les évaluateur·rice·s sont contraint·e·s de travailler sans être payé·e·s. Les preneur·euse·s de notes du Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap sont également lourdement sous-payé·e·s, si l’on se penche sur le temps qu’il·elle·s y investissent, sur les attentes associées à leur travail ainsi que sur l’importance qu’a celui-ci pour les étudiant·e·s qui dépendent de leurs services. L’AÉÉDEM explique sur son site Web que les compensations des preneur·euse·s de notes ont connu un déclin graduel, passant de 425$ à l’hiver 2017 à 50$ à l’hiver 2019, puis à 0$ à l’automne 2019 (avec l’ajout de 10 heures de service communautaire dans leur dossier extracurriculaire et de la chance de gagner une carte-cadeau de 50$). Ce tirage de cartes-cadeaux constitue un autre exemple de la tendance de McGill de présenter les coupures de budgets sous un jour plus positif qu’elles ne le sont réellement, ou de les désigner comme réallocations. Les problèmes de conditions de travail auxquelles font face les travailleur·euse·s sont inacceptables. Si l’Université continue d’établir des conditions de travail précaires, non seulement la qualité de l’enseignement s’en verra affectée, mais le stress généré chez ses employé·e·s empirera aussi. Le McGill Daily et Le Délit affichent leur solidarité pour l’AÉÉDEM ainsi que pour son désir de se syndicaliser et encouragent leurs lecteur·rice·s de faire de même. L’AÉÉDEM soumettra au Ministère de la Justice du Québec une demande de certification de syndicalisation le 3 décembre. La décision du Ministère sera annoncée au début de l’année 2020. Si vous êtes évaluateur·rice, tuteur·rice, preneur·euse de notes, ou si vous occupez tout emploi académique occasionnel non syndiqué à McGill, vous êtes admissible à la syndicalisation avec l’AÉÉDEM. Tous·tes les étudiant·e·s de premier, deuxième et troisième cycles ainsi que les travailleur·euse·s non étudiant·e·s sont les bienvenu·e·s.

Pour davantage d’information et pour joindre le syndicat de l’AÉÉDEM, visitez le www​.agsem​.ca/​j​oin.


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