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Pas de siège pour les francophones

Un comité présente à l’AÉUM ses propositions pour réformer le conseil législatif.

Evangéline Durand-Allizé | Le Délit

Le Comprehensive Governance Review Committee (CGRC) avait été créé en 2018 pour remettre en question la représentation des divers groupes étudiants auprès de l’Association des Étudiants de l’Université McGill (AÉUM). C’est finalement jeudi dernier, lors du conseil législatif, qu’a été remis aux conseillers le premier rapport du CGRC. Si le comité proposait un très grand nombre de mesures dans son rapport, c’est surtout sa proposition de changer la composition du conseil législatif qui a fait débat. Le CGRC propose en effet de porter de 35 à 30 les membres du conseil, en retirant les sièges des entités étudiantes qu’il estime être doublement représentées. 

Ainsi, si les recommandations du CGRC venaient à être adoptées, les étudiants et les étudiantes de la Faculté des arts et des sciences perdraient leur représentant, le comité estimant qu’ils seraient déjà suffisamment représentés par les sept conseillers et conseillères représentant la Faculté des arts et la Faculté des sciences. Cette décision a été vivement critiquée au conseil par l’actuel représentant des arts et des sciences, Kevin Franceschini, qui a rappelé que les étudiants en arts et sciences n’avaient pas le droit de participer à plusieurs évènements de l’AUS et qu’ils ne pouvaient pas voter pour les représentants de la Faculté des arts ou de la Faculté des sciences. 

Selon la même logique, le comité a également décidé de retirer aux étudiants de l’École d’environnement et aux étudiants en résidence leurs représentants, affirmant que ces étudiants étaient déjà adéquatement représentés, respectivement par les représentants de la Faculté des sciences et par le représentant du Conseil de la première année (First Year Council). Les membres du comité ont aussi suggéré de supprimer les deux sièges des représentants du caucus sénatorial de l’association chargés de faire le relais entre le sénat de McGill et l’association étudiante. Selon le CGRC, ce rôle serait inutile, puisque deux membres de l’exécutif de l’AÉUM, soit le président et la vice-présidente aux Affaires universitaires, assistent de toute façon aux réunions du Sénat pour le compte de l’association étudiante.

En plus de protester contre le choix des sièges supprimés, de nombreux conseillers ont remis en question la volonté de réduire le nombre de participants au conseil législatif : certains ont relevé que l’un des rôles de cette institution était de contrebalancer le pouvoir des membres de l’exécutif de l’AÉUM, et que de réduire la taille du conseil augmenterait la proportion des positions du conseil législatif occupées par l’exécutif. D’autres on cependant mis de l’avant que le grand nombre de conseillers rendait difficile la gouvernance de l’association étudiante et rallongeait inutilement la durée des débats. Le président du conseil exécutif de l’AÉUM, Bryan Burraga, était de ceux qui estimaient qu’il était nécéssaire de réduire le nombres de membres du conseil législatif.

Aucun siège pour les francophones

Le CGRC a en outre suggéré d’inclure trois nouveaux membres sans droit de vote au conseil. Ainsi, afin d’augmenter la coopération entre l’AÉCM (Association étudiante du Campus Macdonald) et l’AÉUM, cette première pourrait désormais disposer d’un siège au conseil. L’un des commissaires à l’équité bénéficierait également d’un siège à l’AÉUM pour faire entendre les demandes de son comité. Enfin, la commission des Affaires autochtones aurait le droit de nommer un représentant afin de faire entendre la voix de cette communauté au conseil. D’après Husayn Jamal, qui présentait le rapport au conseil législatif, le choix d’accorder un siège à la communauté autochtone aurait été fait à la lumière du fait que celle-ci constituerait une minorité historiquement sous-représentée dans les institutions de McGill, y compris dans son association étudiante.

Dès le début de la période de questions, des conseillers se sont demandé pourquoi les francophones n’auraient pas droit, eux aussi, à leurs sièges. Questionné par Le Délit sur son choix de ne pas accorder un siège à la communauté francophone, Husayn Jamal a répondu que les francophones, à la différence des autochtones, n’avaient pas de difficulté à participer ou à être représentés à l’AÉUM, puisqu’ils ne constituaient pas une minorité. 

Pourtant, comme l’a rappelé le sénateur André Lametti, pas moins de 25% des étudiants du campus principal et 60% des étudiants du campus MacDonald ont pour langue maternelle le français. Bien que l’AÉUM soit officiellement une institution bilingue, très peu de ses activités se déroulent en français et ses communications sont régulièrement critiquées à cause de problèmes de traduction. Le français n’est d’ailleurs que rarement utilisé au conseil législatif, où la grande majorité des conseillers ne le comprennent pas. 

Le conseiller Bruno Marcoux, représentant de la Faculté de génie et lui-même francophone, a témoigné qu’il considérait qu’accorder un siège à une minorité particulière revenait à nier le besoin de représentativité des autres minorités. Considérant la présence d’un grand nombre de minorités sur le campus et la volonté du CGRC de réduire la taille du conseil, il a appelé à ne créer aucun siège pour une minorité particulière, afin de ne pas être discriminatoire envers les autres. Interrogé par Le Délit, le vice-président aux Affaires externes Adam Gwiazda-Amsel, qui a sous sa responsabilité le Bureau des Affaires francophones de l’AÉUM, s’est dit en désaccord avec la recommandation du CGRC de ne pas inclure un siège pour la communauté francophone. 


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