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Écouter les étudiant·e·s noir·e·s

Le Black Students’ Network présente son projet de Charte des droits.

Katarina Mladenovicova

Le mardi 22 octobre dernier, le Black Students’ Network (BSN, Réseau des étudiant·e·s noir·e·s, en français, ndlr) de l’Université McGill tenait une réunion d’information afin de présenter son projet de mise en place d’une Charte des droits des étudiant·e·s noir·e·s.

Chloe Kemeni (photo), vice-présidente aux Activités de plaidoyer, dirigeait les discussions, accompagnée de Torie Williams, présidente du BSN, et d’Ayo Ogunremi, vice-président aux Affaires politiques.

Des barrières qui persistent

Comme expliqué par Chloe au début de la réunion et clairement explicité par un sondage mené par le BSN au début du semestre, les étudiant·e·s noir·e·s de notre université se heurtent encore à de nombreuses barrières sociales et institutionnelles qui limitent leur réussite académique et leur bien-être au sein de la communauté mcgilloise. Quotidiennement, la légitimité de la présence des étudiant·e·s noir·e·s sur le campus de McGill est remise en cause. Plusieurs étudiant·e·s évoquent des microagressions racistes subies sur le campus de la part d’autres étudiant·e·s et même dans les salles de cours de la part des assistant·e·s et des professeur·e·s.

À l’échelle de l’institution, le sondage révèle que McGill manque cruellement de ressources et de personnel de soutien dédiés aux personnes noires. Par exemple, le centre de bien-être étudiant ne dispose d’aucun·e conseiller·ère spécifiquement formé·e à comprendre les expériences vécues par les étudiant·e·s noir·e·s du fait de leur racisation en milieu universitaire blanc. Plusieurs d’entre eux·elles se retrouvent donc face à des conseiller·ère·s qui sous-estiment ou nient certains aspects de leur mal-être liés à leur situation de minorité ethnique et/ou culturelle.

Si des associations étudiantes telles que BSN ont justement pour mission d’améliorer le bien-être des étudiant·e·s noir·e·s sur le campus, Chloe explique que celles-ci se retrouvent bien souvent limitées dans leur capacité d’action non seulement par manque de ressources financières, mais aussi par manque de temps. En effet, ces associations sont dirigées par des étudiant·e·s noir·e·s qui doivent eux·elles-mêmes se démener chaque jour pour naviguer ce milieu universitaire blanc.

Initier une politique d’inclusion

Le projet de Charte des droits des étudiant·e·s noir·e·s est donc une tentative d’institutionnalisation des efforts de protection de la communauté noire de McGill. Ainsi, le document identifiera les différentes barrières rencontrées par les étudiant·e·s noir·e·s de McGill et proposera des solutions afin de les surmonter. L’une des stratégies prônées par le BSN est l’implantation structurée et durable de réseaux jusqu’ici informels afin de connecter efficacement les étudiant·e·s noir·e·s entre eux·elles et de mettre fin à l’isolement trop souvent vécu par ceux·celles-ci. Le BSN souhaite aussi pousser McGill à enrôler davantage de professeur·e·s et d’étudiant·e·s noir·e·s, en faisant notamment du recrutement stratégique afin de faciliter le sentiment d’appartenance des personnes noires déjà présentes sur le campus et d’en attirer de nouvelles, dans une démarche synergique.

En une phrase, Chloe Kemeni décrit le but de cette Charte comme étant d’« arriver à un point où les personnes noires seraient libres de naviguer le campus de McGill sans constamment ressentir la contrainte de leur racisation ».

Torie Williams remarque que la réalisation d’un tel objectif devra nécessairement passer par un effort de McGill pour reconnaître la situation vulnérable des identités noires sur son campus, et surtout son rôle historique dans la fabrication de cette vulnérabilité. L’Université ne reconnaît toujours pas officiellement les racines coloniales de son rayonnement actuel, alors même qu’elle a été fondée par un esclavagiste notoire.

Le BSN souhaite faire approuver par motion au Sénat de McGill cette Charte des droits des étudiant·e·s noir·e·s au plus tard lors de la session du 15 janvier 2020.


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