Aller au contenu

L’héritage de l’engagement des étudiant·e·s noir·e·s à McGill

Portrait du Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill (BSN)

Rose Chedid | Le Délit

Le Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill (BSN) est l’une des plus anciennes associations étudiantes de l’Université. Elle a été fondée en 1970 dans le but d’unir les étudiant·e·s noir·e·s de l’Université, de leur offrir des services tels que des événements de réseautage et des événements sociaux, de les aider à rencontrer des nouve·aux·lles étudiant·e·s noir·e·s et de créer un sentiment de communauté entre les élèves noir·e·s au sein de l’Université. BSN opère sous l’Association des Étudiants de l’Université McGill (l’AÉUM) et est donc considérée comme une association qui assure un service aux étudiant·e·s. À ce titre, l’association a pour mandat de « travailler pour rendre le campus de McGill sûr et accessible aux étudiant·e·s noir·e·s afin de soutenir leur réussite scolaire ainsi que leur bien-être mental et physique […] et sensibiliser la communauté mcgilloise aux enjeux concernant les peuples noirs (tdlr) ». Ce mandat façonne tous les événements et initiatives de l’association depuis sa conception. Événements de réseautage pour les étudiant·e·s noir·e·s, journées de soins personnels et une cérémonie de graduation exclusivement pour les étudiant·e·s noir·e·s : BSN contribue activement à la prospérité de la communauté noire à McGill et au bien-être de ses membres. Afin d’exécuter un portrait de BSN et mettre de l’avant leurs initiatives ainsi que quelques-uns de leurs membres, Le Délit s’est entretenu avec quatre de ces derniers : Méshama Eyob- Austin – présidente, Simi Ogunsola – vice-présidente Social, Chloé Nyiligira directrice de projet au sein du portfolio social, Nkwanzi Banage – vice-présidente Plaidoyer. 

« BSN contribue activement à la prospérité de la communauté noire à McGill et au bien-être de ses membres »

Une association au service des étudiants

L’Université McGill ne compte que 4,6% d’étudiant·e·s noir·e·s au sein de sa communauté étudiante. De ce fait, plusieurs étudiant·e·s se sentent isolé·e·s à leur arrivée à l’Université. Une association comme BSN est donc nécessaire et très appréciée par ces étudiant·e·s. Questionnée sur l’apport de cette association aux étudiant·e·s de McGill, Méshama, présidente de BSN, explique que BSN représente une opportunité « de constituer une communauté qui donne des conseils et de la joie à la communauté noire au sein du campus ». Ce sentiment est similaire pour Chloé, qui ajoute que BSN lui a apporté beaucoup en réseautage et contacts professionnels : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on nous met en contact avec des personnes ayant eu la même expérience et le même programme d’études que nous, et qui peuvent venir partager leur expertise. »

L’activisme noir à McGill

Historiquement, BSN s’est battu pour plusieurs avancées sociales et éthiques au sein de l’Université. L’un de leurs combats les plus important et médiatisé jusqu’à aujourd’hui a été leur campagne menée pour le désinvestissement par McGill de toute sociétée liée à l’apartheid en Afrique du Sud. Ce combat a été conjointement mené avec la Société des étudiants africains de l’Université McGill (MASS) et a entrainé, en 1985, la fin de tout investissement par l’Université dans les sociétés liées à l’apartheid. Depuis 1991, BSN
a aussi mené de multiples campagnes étudiantes afin d’établir un programme d’études Africana à McGill. Ce programme d’études se concentrerait sur l’enseignement de l’histoire, de la politique et des cultures des diasporas africaines à travers le monde. Actuellement, l’Université McGill n’a qu’un programme d’études africaines et un autre d’études d’Amérique latine et des Caraïbes. Pour Méshama, présidente de BSN, ces deux projets d’activisme ont forgé le mandat de l’association et son héritage qui la précède : « Nous essayons de faire tout notre possible pour offrir de la solidarité [aux peuples minoritaires, ndlr] […] La liberté pour les personnes noir·e·s découle du principe que nous ne sommes pas libres tant que tout le reste du monde n’est pas libre. » Pour Nkwanzi, ce mandat d’activisme au sein du campus mcgillois est réellement nécessaire : « BSN a une capacité impressionnante à combler les vides laissés par l’Université. Lorsqu’elle n’a admise que 15 étudiant·e·s noir·e·s en 1969, l’ensemble de la communauté noire de McGill a lancé le programme Across the Halls, un programme de mentorat et de tutorat par les pairs pour encourager les candidat·e·s noir·e·s. »

Le soutien de l’Université

BSN est l’une des associations les plus grandes et influentes de l’Université. Cette responsabilité ne peut se maintenir sans l’aide financière de l’AÉUM et l’apport stratégique de l’administration de McGill. Depuis 2017, l’Université honore tous les févriers, le Mois de l’histoire des Noir·e·s (BHM) avec une cérémonie d’ouverture, des conférences diverses et des événements de rassemblement pour la communauté noire de McGill. Ce mois est conçu en collaboration partielle avec les associations étudiantes BSN et MASS. Questionnée sur le support que l’administration mcgilloise offre à BSN et la communauté noire, Méshama souligne l’initiative des célébrations du Mois de l’histoire des Noir·e·s : « Les événements du Mois de l’histoire des Noir·e·s sont éducatifs, amusants, intéressants et importants. Cela donne aux étudiants l’opportunité de réseauter, de se rencontrer, de se sentir vus par l’établissement. » De son côté, Simi rajoute que tout au long de l’année et surtout durant le Mois de l’histoire des Noir·e·s, « McGill inclut beaucoup les étudiant·e·s noir·e·s. Ils nous donnent les ressources, l’argent et la capacité de faire ce que nous voulons avec l’association et ce qui convient le mieux à la communauté mcgilloise ». En lien avec les ressources offertes aux étudiant·e·s par l’Université, Chloé fait part des services du centre de bien-être et de son appréciation pour la présence des conseillers de bien-être noirs et autochtones ; une étape importante pour l’inclusivité au sein de l’Université selon elle. 

« BSN a une capacité impressionnante à combler les vides laissés par l’Université »


Nkwanzi, vice-présidente de Plaidoyer

Des initiatives à souligner

Afin de promouvoir le Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill, il est indispensable de mettre de l’avant certaines de leurs initiatives qui permettent de rencontrer des nouveaux étudiant·e·s noir·e· et créer un sentiment de communauté. L’événement Soul Food, un repas-partage organisé tous les semestres, réunit des centaines d’étudiant·e·s dans le but d’apprendre à se connaître et manger de la nourriture originaire des différentes cultures de la communauté étudiante. De plus, BSN met progressivement en place un système de prêt de livres, en se servant de l’inventaire de l’association pour créer une bibliothèque communautaire. Nzwanki souligne cette initiative qui sera officiellement mise en place le 28 février prochain lors de l’événement Les Voix Noires en Publication : « Je souhaite partager cela avec d’autres étudiants de McGill qui n’auraient pas un accès facile à la littérature noire au sein ou en dehors du milieu universitaire. » Finalement, la cérémonie de graduation exclusivement pour les étudiant·e·s noir·e·s qui a pour but de « mettre en lumière les réalisations et exploits des étudiant·e·s noir·e·s malgré les obstacles institutionnels, économiques et socioculturels à l’accès à l’enseignement supérieur ». Ces initiatives sont quelques-uns des dizaines d’événements que BSN met en place au cours du Mois de l’histoire des Noir·e·s chaque année, et démontrent l’engagement de tous ses membres et leur volonté d’offrir un environnement propice à la réussite et l’inclusion de la communauté noire à McGill.


Dans la même édition