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On marche, et après ?

Le Délit a rencontré Marie-Claude Carignan, l’une des organisatrices de la marche pour le climat du 15 mars.

Iyad Kaghad | Le Délit

Le Délit (LD) : Parlez-moi un peu du collectif La Planète s’invite à l’Université (LPSU). D’où vient cette initiative ?

Marie-Claude Carignan (MC) : Le mouvement a deux sources, la première serait Greta Thunberg ; sa mobilisation a vraiment touché les membres fondateur·ice·s du collectif qui se sont rencontré·e·s au mois de janvier et qui ont décidé de former LPSU. De là, il·elle·s ont fait un appel à toutes les institutions universitaires et aux cégeps de créer leur propre mouvement pour que tout le monde soit ensemble pour la grève du 15. C’est donc après ça que le collectif à McGill s’est formé. 

LD : Pouvez-vous me parler un peu de l’initiative provinciale de LPSU ?

MC : L’initiative provinciale est vraiment une façon de coordonner tous les mouvements pour faire des actions collectives. Chaque université et chaque cégep membre ont des représentant·e·s au LPSU [provincial]. C’est les membres fondateur·ice·s du collectif qui ont écrit les trois revendications premières ; faire de l’éducation sur l’environnement, sur l’éthique environnementale et sur l’écologie, mettre en action des législations en ligne avec le rapport du GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ndlr) – le rapport spécial du 1,5 degré – et après ça, avoir des rapports [d’émissions de] carbone et des investissements des institutions d’éducation, pour, à terme, désinvestir. Après, les membres de McGill ont fait voter au LPSU provincial une quatrième revendication par rapport aux droits des autochtones [pour revendiquer la conformité [à] UNDRIP, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Pour la suite du collectif, on va avoir bientôt un congrès avec des représentant·e·s de chaque université pour écrire un plan d’urgence pour la justice climatique – ça va être l’une des législations  que l’on veut voir s’appliquer  au  provincial, et au fédéral aussi, ultimement. 

LD : Quelles sont vos opinions du succès de la marche de Montréal (le 15 mars dernier, ndlr)?

MC : C’est vraiment incroyable, 150 000 personnes à Montréal seulement, c’est au-delà de nos attentes. C’était la marche la plus importante au monde selon plusieurs médias. Si on pense aux chiffres, comme il y avait environ 1,5 million de jeunes qui étaient mobilisés autour du monde, ce qui veut dire que 10% de ces personnes étaient à Montréal. Aussi, au rallye de McGill, selon l’événement Facebook, on avait 1500 personnes – ce qui est significatif compte tenu du fait qu’il n’y avait pas de grève qui avait été votée officiellement, [contrairement] à d’autres universités. Sinon, il y a aussi eu beaucoup d’organisations et des marches dans d’autres villes au Québec.  Donc avec tout le mouvement provincial on parle d’environ 180 000 jeunes qui étaient mobilisés cette journée-là, à travers des grèves, ou en séchant leurs cours.

LD : Quel a été le succès du mouvement à l’international ?

MC : C’est sûr qu’on a eu beaucoup d’attention des médias. Il y a eu plusieurs articles dans plusieurs journaux internationaux pour montrer les différentes manifestations et l’effet qu’elles ont eu. Si je peux ramener ça à un point de vue provincial ; on a eu beaucoup d’attention du gouvernement. Aujourd’hui, le 22 mars, à 13h, les membres du collectif provincial vont rencontrer le ministre de l’Environnement, M. Benoît Charette. Pour nous, on trouve ça incroyable, d’avoir réussi à atteindre cet objectif-là en si peu de temps ! En fait, on a même reçu l’invitation avant que la grève se produise. C’était vraiment au-delà de nos attentes. Mais on n’a quand même pas atteint notre objectif, on va continuer à travailler, et ce n’est pas terminé. À McGill, on a des gros plans pour la grève du 27 septembre. 

LD : Pouvez-vous me parler un peu de cette grève du 27 septembre ?

MC : On n’est pas dans les étapes très avancées du développement, c’est évidemment dans quand même longtemps. Par contre, ce sera un modèle qui va être semblable à celui du 15 [mars].

On a l’impression que ce sera vraiment une manifestation provinciale, de la même façon. À McGill, on compte faire voter des grèves officiellement, alors que cela n’a pas été fait pour [la manifestation] du 15. [Dans ce cas] il y a aussi la question du temps qu’on a eu pour la préparer, qui était beaucoup plus court. C’est également un peu plus difficile de mobiliser les gens d’une université comme McGill puisque les médias francophones atteignent moins la population mcgilloise. C’est plus difficile de diffuser l’information alors que c’est surtout avec les médias francophones que LPSU a réussi à atteindre les gens. Alors, on veut vraiment travailler, aller chercher des allié·e·s dans les différentes associations, et avoir une vraie grève qui va être votée pour le 27 septembre. 

LD  : Quelles sont les prochaines étapes pour le collectif ?

MC : La prochaine étape pour le mouvement [provincial] ça va être le congrès, donc, pouvoir se réaligner pour avoir une structure qui va être plus durable [dans] le futur, pour plusieurs années. Tout s’est tellement produit vite que ça va faire du bien de faire de l’introspection pour aller plus loin. C’est la même chose à McGill. En ce moment, le collectif est structuré pour organiser une manifestation en un mois, alors que maintenant on doit s’organiser pour créer un mouvement stable qui va durer plusieurs années. On espère [que ce sera] moins long que ça, si on atteint nos objectifs plus tôt. Évidemment, on n’a pas fini notre lutte et ça va continuer pour encore plusieurs semestres à venir.

LD  : Comment peut-on s’impliquer dans le mouvement ?

MC : On a un groupe Facebook fermé, [il s’appelle] « La planète s’invite à l’Université – McGill » – on accepte tous les membres. On va également avoir une page Facebook, The Planet Takes McGill University – LPSU. On a aussi une chaîne Slack pour organiser. Toutes les informations sur la chaîne Slack sont dans le groupe fermé. On est ouvert à tout le monde, on va avoir une rencontre dans les prochaines semaines – ouverte, comme une sorte d’assemblée générale, pour ceux·celles qui veulent venir se joindre au mouvement, contribuer à l’idéologie du groupe, et s’impliquer dans les différents comités qui vont être développés. Un évènement va bientôt apparaître sur Facebook, gardez l’œil ouvert !


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