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Consultations sur le cannabis

La Coalition Avenir Québec a consulté la population sur l’encadrement du pot.

Iyad Kaghad | Le Délit

Depuis la semaine dernière se tiennent les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n°2, la Loi resserrant l’encadrement du cannabis. Ces consultations, orchestrées par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, se déroulent dans une atmosphère assez particulière : plusieurs groupes censés se prononcer sur le sujet, comme l’Association des médecins psychiatres du Québec et la Fédération des médecins spécialistes du Québec, se sont désistés à quelques heures de l’audience, n’ayant pas eu suffisamment de temps pour se préparer.

Le ministre Carmant et son gouvernement sont catégoriques : ils adopteront une loi augmentant l’âge légal de consommation de cannabis dans la province de 18 à 21 ans, peu importe les résultats qu’auront ces consultations publiques, que le ministre qualifie plutôt de « discussion ». La CAQ cherche également à être plus restrictive en interdisant la consommation de cannabis dans des lieux publics, tels que les parcs.

Agitations en coulisses

Ces désistements ont de quoi envenimer les attaques dans les rangs parlementaires. Du côté libéral, on avance que cette consultation est « fausse » et que les organismes présents ne sont même pas écoutés. Le porte-parole libéral en matière de santé, André Fortin, ne mâche pas ses mots : le ministre Carmant mettrait en scène « un exercice bidon, une frime, un bâillonnement des groupes qui veulent s’exprimer ». Quant au ministre Carmant, il accuse les libéraux d’avoir « retardé le processus ». Du côté péquiste et solidaire, on dénonce l’ « incohérence » des mesures avancées.

La semaine dernière, le centre Portage, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), l’Association québécoise des programmes pour premiers épisodes psychotiques (AQPPEP), l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et la Ville de Gatineau ont donc été les seuls groupes présents aux audiences publiques. La FEUQ et l’INSPQ ont défendu le maintien de l’âge légal à 18 ans, alors que la Ville de Gatineau a proposé un compromis en termes de restriction dans les lieux publics.

L’approche brusque de la CAQ n’a rien de surprenant. En fait, elle est en parfaite adéquation avec l’image que la CAQ veut se donner 

Les promesses de la CAQ

L’approche brusque de la CAQ n’a rien de surprenant. En fait, elle est en parfaite adéquation avec l’image que la CAQ veut se donner : un parti sans compromis, qui respecte ses engagements, et ce, dans les plus brefs délais. Leur écrasante majorité leur permet (et leur donne la légitimité) de mettre de côté tout propos allant à contresens. Tout processus suggérant une médiation quelconque est écarté : celle-ci suggèrerait une faiblesse de la part du gouvernement, en plus de ralentir ses projets. Cette situation est loin d’être unique à la CAQ, mais s’applique très bien à l’approche caquiste des derniers mois.

Présentement, le parti n’a pas peur de toucher aux dossiers de la laïcité, de l’immigration et, plus récemment, de la maternelle 4 ans (annoncé toutefois avec une augmentation des coûts) et suit un agenda politique relativement corsé. Or, il est fort à parier que le gouvernement Legault ne pourra pas maintenir ce rythme de croisière. Certaines promesses, comme le fameux « test des valeurs », auront probablement plus de mal à passer, alors que d’autres promesses plus ambitieuses, comme les « Maisons des ainés » et la réforme du mode de scrutin, tardent (et tarderont encore probablement) à être adressées.


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