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La bataille de Rosemont

Élections provinciales québécoises 2018 : Le Délit analyse la campagne. 

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Parmi les circonscriptions québécoises où une bataille réelle est en cours, peu sont aussi lourdes de conséquences que Rosemont. La circonscription voit s’opposer le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, au candidat de Québec solidaire (QS), Vincent Marissal. 

Les projections du blog Qc125 prédisent actuellement une victoire de peu de Québec solidaire dans la circonscription. 

Dans le cas d’une victoire de Québec solidaire, beaucoup de choses bougeraient. Le Parti québécois n’étant plus aussi populaire qu’il l’a déjà été, il n’est pas certain que la défaite de son chef dans sa propre circonscription représente une bonne nouvelle. Même si Jean-François Lisée demeure à la tête du PQ, il est à prévoir que la population se montre sceptique de la force du parti en ce qui concerne sa capacité à représenter une réelle option  Davantage d’électeurs pourraient se réfugier dans d’autres partis, augmentant l’exil déjà lourd qui pèse sur le parti. La CAQ et QS en profiteraient. 

Autre élément à considérer : si QS gagne la circonscription, Vincent Marissal deviendra l’un des quelques députés solidaires à l’Assemblée nationale et cette présence n’est elle-même pas sans conséquence pour le parti. L’ancien analyste ne semble pas être autant convaincu par la plupart des positions solidaires comme peuvent l’être nombre de ses collègues aspirants députés. Nombreux sont ceux qui défendent la présence de Marissal au parti, mais la présentation de sa candidature au printemps dernier ne s’est pas faite dans la joie pour tous les solidaires. Certains membres de QS voient dans la présence du candidat le signe d’une normalisation du parti. 

L’effet des débats

La prestation bien reçue de Jean-François Lisée à deux débats n’est pas sans conséquence pour les intentions de vote dans la circonscription. Depuis le premier débat, les sondages le donnent en hausse et c’est bien ses prestations télévisées qui pourraient lui valoir la victoire et non  pas sa présence sur le terrain. 

Lors du premier débat organisé par Radio-Canada, au rassemblement solidaire dans Rosemont, nombreux étaient ceux à applaudir certaines déclarations de Jean-François Lisée, alors qu’il s’agissait d’un rassemblement solidaire où Vincent Marissal était présent. Un tel cas montre peut-être la volatilité d’une certaine tranche de l’électorat dans la circonscription en raison des quelques similitudes propres aux deux programmes. En effet, pour ceux qui ne liraient pas les deux programmes, les interventions radiophoniques et télévisées peuvent parfois laisser l’illusion d’une grande ressemblance sur l’environnement, la santé et l’éducation.

Point positif pour le camp Marissal, la performance de Manon Massé aux débats n’est pas non plus passée inaperçue. Elle a bien su exploiter le type d’électorat que vise Québec solidaire en se démarquant, par sa posture et son ton, des autres chefs. Au débat de TVA, les réponses de Massé en matière d’économie à François Legault ont rassuré une partie des électeurs ne voyant habituellement pas une crédibilité économique chez Québec solidaire. 

Dernier droit

Vincent Marissal l’a souvent rappelé, la circonscription de Rosemont est mal desservie par les transports en commun. Pourtant, il en faudra davantage pour convaincre les électeurs de Rosemont du bien-fondé d’un vote pour lui. Le Parti québécois fait aussi des propositions qui toucheront les habitants de Rosemont et il est à parier qu’une victoire éventuelle de Marissal reposera sur une déconstruction efficace des propositions du PQ avec l’aide des ténors de QS. 

Au PQ, le parti gagnerait à laisser les manœuvres de son chef de côté.

Note de l’éditeur : La version de l’article imprimée le 25 septembre indique que le blog Qc125 prévoit une victoire de peu du Parti Québécois. La prédiction de Qc125 datant du 28 septembre 2018 prévoit une victoire de peu de Québec solidaire. 


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