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Gagnants du concours d’écriture créative de la Francofête (Français seconde langue)

Français seconde langue

Capucine Lorber

1er prix : Sarah Cole 

Toute ma vie je voulais avoir des aventures
Découvrir un autre monde existant au-delà de mes murs

Toute ma vie je faisais des lectures
Rencontrant de nouvelles idées cachées dans l’écriture

Et j’ai toujours eu des très bons amis
Et j’ai toujours eu l’amour de ma famille
Mais les personnages que j’ai rencontrés
Ont aussi influencé ma vie

Le premier dont je peux me rappeler
C’est le cygne Louis qui ne pouvait pas parler
Chaque nuit mon père et moi rencontrions avec la joie
Le cygne muet avec une trompette qui a découvert sa voix

Je me suis fait des amis avec Dorothy, la survivante du cyclone

Qui m’a amenée avec ses camarades sur la route de brique jaune

Ensemble nous avons trouvé un monde fantastique
Qui m’a montré comment penser à de nouvelles idées uniques

Mais aussi dans mon enfance j’ai fait un voyage historique
Avec Laura Ingalls à travers les prairies d’Amérique
En la rencontrant j’ai appris, non seulement l’histoire de mon pays,

Mais le courage de faire un voyage et explorer sans répit

J’étais plus âgée lorsque j’ai rencontré Liesel Meminger

Et son histoire puissante
La voleuse de livres dans une époque effrayante
Elle m’a montré le pouvoir de la parole écrite

Et l’importance de la littérature dans le monde où j’habite

C’était à ce moment dans ma vie un défi sans précèdent
Une blessure très sérieuse et rare, et pour une jeune, perturbante.
Elle m’a laissé pleine de douleur et assez handicapée
Je ne pouvais pas faire de sports, même pas marcher, mais je pouvais lire pour m’échapper

Et je n’étais pas toute seule au milieu de la souffrance
J’ai rencontré Elizabeth Bennett et son monde d’élégance
Un monde d’orgueil et préjugés, d’amour véritable
Un monde plein du beau langage, d’esprit, et d’écriture incroyable

Mademoiselle Bennett et bien sûr Madame Austen

M’ont montré la beauté pure des mots mêmes
Ma curiosité pour le langage était piquée
Une curiosité qui m’a conduite à l’université

Je voulais apprendre de nouvelles langues et de nouvelles cultures

Je voulais sortir de ma petite ville, je voulais avoir des aventures

Grâce à la littérature j’ai rencontré le Chili et Valparaiso
La destination de mes voyages qui je ferai bientôt

Donc un nouveau chapitre de ma vie a commencé
Et j’étais épuisée de la maladie jusqu’au début de l’université
Et je n’avais pas l’énergie d’être un personnage central dans ma vie

Perdue dans la vague de mauvaise santé qui m’a poursuivie

Mais j’ai retrouvé le bien-être et j’ai rencontré d’autres personnages

Qui habitent dans la ville de Macondo pour cent ans d’ermitage

Finalement je pouvais lire un classique en espagnol
Finalement je comprenais le sens des paroles

La douleur, la joie, les aventures, le choix
La langue et le langage toujours me suivent
Les personnages que j’ai rencontrés m’ont influencée

Et ils ont fait da ma vie un bon livre

 


 

2ème prix : Chloé Dunlap 

Je suis toujours là

Je voyage toujours sur la mer de la vie
Un chemin sans cesse que personne n’a fini

Chaque jour de la vie, le choix est à moi :

Choisir la tristesse ou bien la joie

Certains jours sont bons, d’autres mauvais
Et à la fin, ce sont mes amies qui m’ont sauvée

Après ce voyage de hauts et de bas
Je suis forte et vivante, je suis toujours là

Je veux une vie pleine d’expériences
Même si certaines enlèvent mon innocence

Je veux vivre, je veux rire, et je veux sentir

Toutes les choses que la vie peut m’offrir

Une gamine de race mixte, j’ai rencontré l’isolement

Parmi les autres enfants, j’ai senti la rancœur
Je me suis détachée de la culture occidentale
Et me suis plutôt plongée dans un monde oriental

À l’école je n’étais pas comme les autres
J’étais différente, mais ce n’était pas de ma faute

Je n’avais personne à qui parler, avec qui jouer Je sentais que personne ne me valorisait

Mais à la maison j’ai rencontré la sécurité

Jouant avec mon frère, c’était la liberté

Avec la nature, la télé et beaucoup de jeux

Mon enfance était absolument heureuse

Entrée au lycée, et tout a changé
J’ai rencontré des brutes mais aussi l’amitié

Je ne mangeais plus toute seule au déjeuner

C’était une nouvelle page que j’ai tournée

Au cours des années, j’ai rencontré la loyauté

Et j’ai découvert la beauté d’une communauté

Où on a accepté toutes mes nuances
C’était une étape importante de ma croissance

C’était au même moment que j’ai rencontré le conflit

Avec une mère qui ne m’a pas comprise
Il y avait beaucoup de clameurs, beaucoup de disputes

Durant lesquelles elle m’a appelé une fille sans gratitude

Avec le temps et des erreurs, j’ai rencontré la patience

Entre la colère et la justice, j’ai trouvé une équivalence

J’ai voulu une famille qui vivrait en paix
Au moins une famille basée sur le respect

Pendant ces années d’adolescence, j’ai rencontré la mort

C’était surréaliste, j’étais petite encore
Ma tante, ma grand-mère et mon grand-père
Ensemble, rapidement, ils ont quitté cette terre

Et puis à dix-sept ans, j’ai rencontré l’amour

Un sentiment qui m’a préoccupé tous les jours

Un mélange de doute, de félicité, et d’angoisse

J’ai pensé que rien ne pouvait prendre sa place

Avec cet amour, j’ai rencontré la peur

C’était une fille qui a capturé mon cœur

Pour garder ce secret très personnel
Je l’ai cachée de ma famille traditionnelle

Un peu après j’ai rencontré la trahison

Mon monde s’est effondré sans bonne raison

Soignant un cœur brisé, la rancœur, la souffrance

La blessure que je sentais a éprouvé mon endurance

Cette année j’ai rencontré aussi la dépression
Un état d’existence défini par l’oppression
Un désespoir, un vide, une noirceur qui m’a noyée
Je me suis sentie éloignée du monde, toute seule et isolée

Je me suis sentie paralysée et consommée
Avec de pensées suicidaires que je ne pouvais pas éliminer

J’ai pensé à Dieu et je lui ai lancé un cri
Enfin j’ai survécu à ce test de mon âme, de mon esprit

Il y a deux ans, j’ai rencontré la confiance

Arrivant à Montréal j’ai perdu la constance

C’était en croyant que j’avais fait le bon choix

Que j’ai réussi à trouver une nouvelle voix

Pensant à l’avenir, j’ai rencontré l’appartenance
Je cherche maintenant un sens de la permanence

Un pays, un peuple à appeler les miens
Pas une vie spéciale, simplement une vie moyenne

Je voyage toujours sur la mer de la vie
Un chemin sans cesse que personne n’a fini

Chaque jour de la vie, le choix est à moi :

Choisir la tristesse ou bien la joie

Certains jours sont bons, d’autres mauvais
Et à la fin, ce sont mes amies qui m’ont sauvée

Après ce voyage de hauts et de bas
Je suis forte et vivante, je suis toujours là

 


 

3ème prix : Yinong(José) Shi 

Le pouvoir des mots

Il y a quelques choses sans lesquelles personne ne peut pas vivre. Par exemple, l’air, l’eau et la lumière du soleil. Les mots ne font pas partie des nécessités absolues pour la vie. Cependant, tant qu’on vit dans une société, c’est-à-dire que tant qu’on fait des communications quotidiennes avec autrui, les mots sont absolument inévitables. Par « mots », je comprends aussi les mots silencieux dans les langues des signes et les expressions gestuelles qui ne sont pas exprimées explicitement. Les mots, ensemble avec les phrases qu’ils constituent, sont les uniques moyens qui nous permettent d’échanger nos idées, et c’est ça leur pouvoir, ce sur quoi je vais enquêter dans cette composition.

Il serait superflu d’expliquer, en détail, le pouvoir fondamental des mots, qu’ils peuvent porter ce qu’on veut exprimer et le déceler pour les autres. Je l’ai déjà présenté et nous le connaissons bien tous. À l’arrière de ce pouvoir, il y a autre chose que les mots peuvent faire : ils peuvent influencer les autres et leur esprit tellement fortement qu’ils peuvent changer complètement leur vie et leurs attitudes, peu importe si c’est vers une direction bénéfique ou nuisible.

J’apprends la philosophie. Comme étudiant de philosophie, j’ai eu l’occasion d’être témoin du pouvoir des mots. Dans un œuvre philosophique, chaque mot doit
être choisi avec soin. Un petit changement dans le choix lexical peut causer un grand déplacement dans le sens. Aussi, j’ai toujours des réponses pour les questions les plus bizarres et sophistiquées de la vie. Mes amis le savent, et me demandent souvent ces réponses. J’ai été engagé dans quelques situations où je leur ai donné les réponses cor- rectes, mais où j’ai mal utilisé quelques mots.
À cause de mon mauvais usage de ces mots, mes amis ont surpensé. Leurs problèmes non seulement n’étaient pas résolus, mais étaient en plus amplifiés. Par conséquent, maintenant, chaque fois que je donne des réponses à n’importe qui, je me rappelle d’être davantage prudent, parce que je sais bien que chacun de mes mots compte. Si je les utilise mal, ce sera ma faute si je cause quelques effets non désirables sur mes amis. Je dois penser d’une façon très critique sur ma propre parole pour éviter les mots non- appropriés. Je veux résoudre les problèmes, pas en causer plus.

Mon expérience personnelle suffit à illustrer le pouvoir des mots, mais pourquoi les mots ont ce pouvoir ? Comment peuvent-ils produire ces effets ? Ce qui est le plus important, ce n’est pas leur forme superficielle. Les mots expriment nos pensées. Cependant, les pensées ne se trouvent uniquement dans nos têtes et notre discours. Il se trouvent également dans l’esprit des autres. Quand deux pensées se rencontrent, il y a une possibilité mineure où rien ne se passe —en général, si on n’attache aucune impor- tance à ce qu’on a entendu. Dans la majorité des situations, néanmoins, ce n’est pas le cas, parce que quelles que soient les choses, elles ont de la valeur pour nous. Les mots nous influencent alors par le moyen des pensées.

On peut prendre le cas que j’ai décrit comme un exemple. Mes amis me présentent leurs pensées ouvertement afin que je puisse les examiner et les discuter avec eux en util- isant des mots. Puisqu’ils attachent de l’importance à leurs pensées et aux enjeux qui se cachent à l’arrière des pensées, mes mots déclenchent certaines réactions mentales chez eux, qui sont analogues aux réactions chimiques. Si les mesures qui conviennent sont  prises, on recevra les résultats désirés. De l’autre côté, si les réactions ne sont pas bien contrôlées, on va finir avec des conséquences non désirables, voire catastrophiques (par exemple, la destruction du laboratoire, ou bien beaucoup de blessés et de morts). Les mots peuvent causer un effet similaire, mais les pensées sont beaucoup plus sensibles aux stimulants extérieurs que les produits chimiques. Toutes les substances chimiques ont quelques autres substances avec lesquelles elles ne réagissent pas, mais les pensées ouvertes réagissent avec presque toutes les pensées, voire avec elles-mêmes. Même si les effets causés par les mots sont normalement moins violents que les effets chimiques (dans le sens qu’ils n’affectent que à une ou deux personnes), on ne doit pas les négliger. Si on se concentre sur une personne en particulier, les effets des mots sont plus sérieux que ceux des réactions chimiques. Après tout, on veut que tout le monde vive avec bonheur. Oui, les effets des mots ont une courte portée d’efficacité, mais serions-nous ravis si nous nous rendons compte que nous avons ruiné la vie de quelqu’un ?

Notre discussion s’étend aux circonstances quotidiennes aussi. On ne sait jamais si ces mots vont provoquer une réaction mentale brutale chez quelqu’un. Certainement l’homme de la rue ne bougera pas pour notre discours, mais quelles seront les réactions de nos amis ? Même dans la quotidienneté, on ne peut pas affirmer avec assurance que son discours ne va affecter personne. Nos amis ont confiance en nous, il est donc plus que probable que leurs cœurs et leurs pensées sont toujours ouverts pour nous. Nos mots causent donc les mêmes effets dans les circonstances quotidiennes que dans une discussion sérieuse.

Nous avons vu le pouvoir des mots, mais ce traité ne s’arrête pas ici. Un grand pouvoir nécessite un grand devoir pour le soutenir. On doit savoir comment régler les mots pour ne jamais détruire la vie de quelqu’un (ou au moins, pour réduire les dommages le plus que possible). Non, je ne prône pas une riposte contre la liberté de parole. Je ne veux imposer aucune contrainte sur l’usage des mots. Cependant, pour le bien d’autrui, bien que je puisse les utiliser de la manière que j’aimerais, je ne le veux pas. L’idée pivote ici, c’est de ne demander à personne sauf qu’à nous-mêmes. Plus précisément, moi, j’impose des limites seulement à moi-même. Je sélectionne mes mots prudemment pour éviter les effets non désirables. J’espère que tout le monde peut faire la même chose avec soi-même, mais je ne vais jamais le forcer. L’usage des mots est si établi dans notre vie qu’ils nous empêchent de demander aux autres —même les demandes que nous faisons portent la forme des mots ! Leur omniprésence signifie qu’on doit être même plus attentif avec eux que les ingénieurs avec leurs calculs. Comme on doit pratiquer la prudence dans toutes les circonstances d’usage des mots, on doit le faire, déductivement, quand on fait des demandes aux autres.

Dans ce texte, j’ai présenté brièvement le pouvoir des mots. Mon explication peut paraître emphatique, mais si on réfléchit à celle-ci, on va constater sans difficulté qu’elle a, en fait, sous-expliqué ce pouvoir. J’ai donné seulement des exemples quotidiens. Dans des cas extrêmes, un mot mal utilisé peut entrainer une guerre, et un mot bien utilisé peut briser les obstacles de communication et faciliter le développement de l’amitié. Nous avons eu tous ces moments où nous rencontrons des mots qui rendent notre journée meilleur que jamais. Leur pouvoir est redoutable, ce qu’on sous-estime très souvent, mais aussi ce qu’on ne doit pas sous-estimer.

 

 


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