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L’AÉUM s’en va-t-en guerre ?

Le conseil législatif adopte une motion en faveur de la lutte pour la gratuité scolaire. 

Mahaut Engérant | Le Délit

Le conseil législatif de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM ou SSMU en anglais, ndlr) s’est réuni le 29 mars dernier au pavillon McConnell étant donné la fermeture du bâtiment Shatner. À l’ordre du jour se trouvait notamment une motion pour renouveler la politique de Durabilité de l’AÉUM ainsi qu’une motion pour améliorer la transparence et la responsabilité du Comité d’administration (Board of directors). Toutefois, la motion ayant suscité le plus de débats fut la motion pour organiser la lutte en faveur de la gratuité scolaire et l’annulation des dettes étudiantes, ajoutée à l’ordre du jour.

Beaucoup de questions 

En effet, c’est cette motion qui suscita le plus gros du débat entre les différent·e·s conseiller·ère·s. Cette motion fut proposée par le groupe La Riposte (Socialists fighback en anglais, ndlr) et adoptée de manière non contraignante par l’Assemblée générale du 26 mars qui est devenue un forum de consultation suite à la non-atteinte du quorum. Elle vise à inciter l’AÉUM à organiser la lutte pour la gratuité scolaire en collaboration avec les facultés et les syndicats. André Lametti, représentant de la Faculté de médecine, questionna la motion sur les mécanismes concrets qui seront déployés à une possible adoption. Connor Spencer, vice-présidente aux Affaires externes, expliqua que l’AÉUM ne peut pas déclencher une grève en tant que telle, mais qu’elle peut participer au processus de décision et faire en faire la promotion pour qu’une décision de grève soit prise lors d’une Assemblée générale.

Le conseiller Lametti posa également une question par rapport à des complications légales possibles suivant une lutte pour la gratuité scolaire au moyen, par exemple, d’une grève, évoquant notamment la grève étudiante de 2012. Une représentante de La Riposte a affirmé que certain·e·s étudiant·e·ss vivent encore les suites de batailles judiciaires datant de 2012 et que c’était une question importante à aborder, mais qu’il ne fallait pas se restreindre à cela pour promouvoir la lutte pour la gratuité scolaire.

Le représentant de la Faculté de Travail social, Matthew Savage, a par ailleurs questionné le pouvoir d’une éventuelle grève, demandant ce qu’il arriverait si les étudiant·e·s décidaient de continuer à aller en classe, ce à quoi la représentante de La Riposte a rétorqué que les étudiant·e·s avait le devoir de respecter le mandat de grève une fois celui-ci voté.

Amendement sur amendement

La période de débat de cette motion fut également assez chargée. Une bonne partie de la discussion eu lieu sur un amendement proposé par le conseiller Lametti visant à spécifier que l’AÉUM « s’enligne vers » (« works towards ») l’établissement d’assemblées démocratiques mensuelles. S’en suivit un long débat sur la nécessité d’établir une échéance fixe pour les mesures proposées dans la motion. L’amendement fut finalement adopté. Notons également que la Présidente de l’AÉUM, Muna Tojiboeva, a tenté de faire passer un amendement pour que l’AÉUM travaille sur cette lutte spécifique (la possible grève et la gratuité scolaire) et non pour l’équité des étudiant·e·s en général comme proposé initialement dans la motion. Cette proposition fut rejetée.

Le conseiller Savage critiqua également la motion, soutenant qu’il était « naïf » d’affirmer que McGill pouvait se comporter en leader d’un mouvement étudiant compte tenu des contextes historique et actuel. En effet, le conseiller rappela que les luttes étudiantes passées et présentes ont été menées et initiées par les établissements francophones et les étudiants francophones. Un représentant de La Riposte répondit alors qu’il trouvait cela bête d’affirmer que les anglophones ne puissent pas participer aux luttes étudiantes sous prétexte qu’ils étaient anglophones, soutenant que la solidarité étudiante primait. Il s’est toutefois montré ouvert à ce qu’on indique dans la motion que le travail de l’AÉUM se ferait dans le respect du travail fait et poursuivi par les autres groupes étudiants francophones. L’amendement fut adopté.

La motion fut finalement adoptée à 13 voix contre 9 en plus de deux abstentions.

Transparence et durabilité

La Motion pour amender les règlements internes pour augmenter l’accessibilité, l’impartialité et la stabilité du Comité d’administration fut également assez longuement débattue. En effet, l’un des buts de la motion, présentée entre autres par la représentante de la Faculté de Génie Vivian Campbell, est de permettre à n’importe quel membre de l’AÉUM d’assister aux réunions du Comité. Un point concernant l’ajout d’une formation « anti-oppression » pour les membres du Comité fut également débattu. La motion fut finalement adoptée à majorité.

Les autres motions, notamment celle voulant payer les exécutifs de l’AÉUM selon le travail effectué et celle renouvelant la politique de Durabilité de l’AÉUM ont également été adoptées.

La prochaine rencontre du Conseil aura lieu le 5 avril à 18h00.


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