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Repenser le Mont-Royal

Deux camps opposés veulent faire valoir leurs opinions sur Camilien-Houde.

Capucine Lorber | Le Délit

Dans les années 50, un investissement de 1,3 millions de dollars a permis à l’Hotel-de-Ville de construire la route Camillien-Houde au centre du parc du Mont-Royal. Le projet-pilote de fermeture de la voie Camilien-Houde comme voie de transit sera bientôt mis en place par la ville, ne faisant pas l’unanimité auprès de tou·te·s les citoyen·ne·s montréalais·es. Cet été, la voie Camillien-Houde aura 60 ans. Soixante ans plus tard, ce chemin est encore au centre des débats non seulement sur la protection des parcs mais aussi, de façon encore plus importante, sur la protection des cyclistes sur la montagne. Ce débat s’est enflammé plus particulièrement à la fin de l’été dernier lorsqu’un jeune cycliste est décédé après avoir été frappé par un automobiliste sur Camilien-Houde, réveillant alors la population quant au sujet de la protection du parc Mont-Royal ainsi que la protection des cyclistes à Montréal. Le Mont-Royal est un parc historique, national, une partie du patrimoine qui, bien avant d’appartenir aux automobilistes, appartient à l’ensemble de ses citoyen·ne·s. « Ce grand poumon au plein centre-ville est un joyau qu’il faut protéger et mettre en valeur », affirme la mairesse de Montréal Valérie Plante.

La redéfinition de Camilien-Houde a dressé deux camps op- posés avec des arguments divergents. D’un côté: Luc Ferrandez, maire de Plateau-Mont-Royal, le projet-pilote de Projet Montréal et les cyclistes utilisant la voie Camilien-Houde. De l’autre : les automobilistes.

Sécurité et préservation

Le maire Ferrandez prône l’aspect de la sécurité avant tout : la sécurité des citoyen·ne·s et des cyclistes, mais aussi la préservation des parcs naturels, plus précisément la montagne. C’est dans cet esprit qu’il veut à tout prix fermer la voie Camilien-Houde. Selon les données de la Ville de Montréal, environ 10 000 voitures utilisent ce chemin quotidiennement dans les deux sens, ce qui est comparable au trafic sur une voie du boulevard René-Lévesque. La montagne est déjà complète « grugée », comme le dit la journaliste Michelle Ouimet, avec plus de 7000 immeubles, 40 institutions et quatre cimetières. D’où l’intérêt de renforcer la protection du parc en bloquant l’accès aux automobilistes.

Toutefois, pour Marie-Claude Lortie, la solution n’est ni blanche ni noire. En e et, cette journaliste de La Presse s’est exprimée cette semaine, déclarant que la solution serait plutôt de trouver un entre-deux puisque cette voie est selon elle si essentielle et fait partie du quotidien des citoyen·ne·s qui voyagent avec leur automobile et n’appartient pas seulement aux touristes, piétons, coureur·euse·s et cyclistes. Le problème, selon les citoyen·ne·s, réside plutôt dans la vitesse et la fréquence du passage des automobiles et nécessite une plus grande réflexion ainsi que des propositions de solutions plus innovatrices. À la place de fermer la voie aux voitures, des solutions alternatives pourraient être envisagées, comme l’ajout plus de feux de circulation, de dos d’âne ou même d’aménager une piste cyclable plus sécuritaire. Quoi qu’il en soit, le débat sur le Mont- Royal ne semble pas être clos.


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