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Là où le théâtre se mêle à la réalité

La pièce Là où le sang se mêle nous rappelle l’ethnocide qui a construit notre Canada.

Guillaume Sabourin

La pièce de théâtre Là où le sang se mêle s’est déroulée dans la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier. Lorsque l’on entre dans la salle, outre une forte odeur d’encens qui nous surprend et qui crée une atmosphère brumeuse, on s’étonne de sa configuration qui remet en question la distanciation au théâtre. En effet, la petite pièce ronde avec trois rangées crée une impression d’intimité avec les acteurs. Aussi, l’absence de décor nous rappelle que nous sommes au théâtre, qu’il sera question du jeu même si l’histoire est inspirée de faits réels.

Le titre peut évoquer le choc de deux cultures qui sont personnifiées par un Amérindien et son entourage, par opposition à sa fille qu’il retrouve vingt ans après qu’elle a grandi loin de la culture autochtone. Celle-ci avait été adoptéee puisqu’il était incapable de l’élever suite au suicide de sa femme qui avait le mal de vivre à cause des traumatismes des pensionnats autochtones. Cette idée d’ascendance sur une culture se dissimule ainsi derrière ce titre sanglant.

Ce qu’on qualifie d’ethnocide s’est produit au Canada avec l’assimilation des autochtones par les colonisateurs qui chercherait à s’approprierer leur territoire. Ainsi, l’auteur utilise l’exemple des pensionnats pour aborder cet ethnocide. On observe comment les différents personnages autochtones ont tenté de dissimuler pendant les vingt dernières années les traumatismes des pensionnats et comment cela touche les autres générations. Le jeu brillant des acteurs conjugue une fragilité ainsi qu’une rudesse illustrée par une forte application du langage familier et du joual.

Le cercle de guérison

Des indices nous ont déjà été suggérés que la pièce se veut inclusive. C’est alors que la pièce se termine, mais une Mohawk en tenue traditionnelle demande aux spectateurs de passer de passifs à actifs en intervenant tour à tour dans un cercle de guérison. Ainsi, nous nous passons sa plume d’aigle qui nous laisse le droit de parole. Après la lourdeur des thèmes abordés dans la pièce, les participants se sont laissés aller dans des confessions parfois émouvantes. L’impuissance était un mot récurrent parmi les gens qui prenaient parole. Pourtant, plusieurs concluent que cette pièce est un outil indispensable dans cette crise. On comprend que s’éduquer sur les événements, mais aussi sur les cultures autochtones est d’une importance cruciale pour leur pérennité.

La solution

La structure de cette pièce, qui réussit la performance d’inclure le le public, offre un parallèle avec une méthode qui pourrait être utilisée comme solution à cette impuissance que nous ressentons à l’égard des Autochtones. D’abord, comme lors de la pièce où nous étions des témoins passifs d’une histoire, nous devons commencer par nous éduquer en prenant connaissance de la réalité autochtone au Canada. Par exemple, lors de la discussion, le public mentionne être choqué d’apprendre la réalité des pensionnats étant donné l’ignorance dans laquelle les cours d’histoires du primaire et du secondaire nous maintenaient. Puis, pareillement au cercle de guérison, nous pouvons nous impliquer en nous engageant dans un dialogue avec les acteurs directs de cette histoire. Enfin, nous sommes davantage munis d’outils pour nous-même tenter de faire une différence en sensibilisant les autres afin qu’on puisse collectivement prendre des actions concrètes pour remédier à leur situation d’injustice.


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