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C’est fort en café

Le campus se déchire sur la question du travail.

Capucine Lorber | Le Délit

Alors que l’apolitisme politique estudiantin continue de créer des tensions au sein du campus, les principaux journaux de McGill semblent jeter un voile d’ombre sur la véritable polémique du moment. 

Il n’est pas étonnant que la presse mcgilloise ne désire pas s’exprimer sur le sujet en question quand on sait que la simple mention dudit problème suffit à créer des émeutes. 

En témoignent les célèbres sit-in qui ont eu lieu chaque jour cette semaine, vers les environs de midi, à la cafétéria de l’Association des étudiant·e·s en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM, ou SSMU en anglais, ndlr), où de nombreux·ses étudiant·e·s ce sont assis·e·s sur les chaises prévues à cet effet.

Cependant, Le Délit, dans sa neutralité radicale, n’a pas peur de prendre position et de choisir un camps — sans pour autant délaisser l’autre.

C’est ainsi que ce journal a enquêté sur la question qui fâche : vaut-il mieux travailler à la bibliothèque ou dans un café ? 

À l’origine, tout était clair

Pour comprendre la véhémence issue d’une telle question, il faut revenir aux sources de la dichotomie bibliothèque/café : « Aux origines, tout était clair. À la bibliothèque on étudiait et on lisait des livres, et dans un café on parlait et on buvait du café », m’indique Unmakia Tosoja, professeure émérite de l’Université, spécialiste en Histoire de la torréfaction. « Or, avec l’arrivée des cafés à emporter et les avancées technologiques, les bibliothèques ont commencé à contenir, en plus de salles d’études silencieuses, des espaces où il était possible de parler et d’amener sa boisson chaude. C’est là qu’on trouve la source du problème. L’étudiant·e de base avait perdu ses repères. »

« Il est vrai que les salles silencieusement grises de McLennan offrent une atmosphère d’étude joviale qui sied à bon nombre de nos collègues universitaires »

Entre confort et ambiance

En résulte les tensions actuelles.  D’un côté, les partisan·e·s de la bibliothèque affirment que ce lieu institutionnel a depuis toujours eu pour vocation de promouvoir l’apprentissage : « Quand je suis entouré de livres, j’arrive vraiment mieux à me concentrer sur mon écran », m’explique un élève de troisième année en Histoire des Lettres, qui préfère rester anonyme pour des raisons évidentes d’anonymat. « En plus, si je veux boire un truc, il y a toujours la possibilité de se délecter d’un café hors de prix dans un sous-sol bétonné. Je ne reste même pas seul puisque je peux dire bonjour à quelqu’un toutes les deux minutes. Je ne vois pas ce qu’on pourrait demander de plus ! ». Il est difficile de rétorquer quoi que ce soit à cet argument. 

Il est vrai que les salles silencieusement grises de McLennan offrent une atmosphère d’étude joviale qui sied à bon nombre de nos collègues universitaires. 

Or, c’est précisément ce silence que les adeptes des cafés montréalais dénigrent : « Je ne vois pas l’intérêt d’avoir du silence quand on peut être entouré d’une multitude de conversations et de bruits ambiants, comme le bruit constant d’une machine à expresso, tous aussi apaisants les uns que les autres. De plus, nous aussi on a des cafés hors de prix, on ne les trouve pas que sur le campus, mais dans une multitude d’endroits à tendance hipster du plateau Mont Royal. Au moins, en allant toujours au même café à trois rues de chez moi, je m’intègre dans la vie québécoise ! », me rétorque Camille Smoussi-Keille. 

Une méthode ambitieuse

Il semblerait donc que les deux partis soient irréconciliables. Cependant, tout n’est pas perdu puisque qu’une troisième alternative est en cours d’élaboration.

Ce projet ambitieux développé par un groupe d’étudiant·e·s du premier cycle viserait à ne pas travailler du tout, simplement : « Le meilleur moyen de résoudre le problème était d’enlever l’élément contentieux, c’est simple, mais il fallait y penser. De plus, le fait de ne pas travailler n’empêche pas de se plaindre de la quantité de travail que l’on doit faire. C’est gagnant-gagnant », m’explique la directrice du projet. 

Il ne vous reste donc maintenant qu’à choisir votre camp. 


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