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Haut en couleurs et en formats

Le Festival du Nouveau Cinéma fait la part belle à l’innovation cinématographique. 

Alexis Fiocco

Nouvelle année, nouvelle cuvée cinématographique. A l’occasion de sa quarante-sixième édition, le Festival du Nouveau Cinéma a de nouveau pris ses quartiers à Montréal, du 4 au 15 octobre dernier. Comme chaque année, le festival a proposé une sélection diverse d’œuvres cinématographiques, de courts-métrages étudiants à des productions récompensées à Cannes. Parmi eux, **Ava**, premier long-métrage de Léa Mysius. Présenté dans le cadre de la semaine de la critique à l’occasion du célèbre festival de cinéma, le film a également été récompensé au FNC par le prix du meilleur long métrage de la Compétition internationale. Le film suit l’évolution d’Ava, jeune fille de treize ans dont la vue disparaît progressivement alors qu’elle se trouve avec sa mère dans une station balnéaire du sud-ouest de la France. Tourné en 35mm, le film se distingue par la qualité de sa photographie et de son scénario. A mesure que la vision d’Ava se détériore, les couleurs se font plus fortes, plus sensuelles, permettant à la réalisatrice d’explorer avec originalité la thématique de la découverte adolescente de l’amour, du corps et de ses possibilités érotiques.

Nouvelles formes, nouveaux regards

Dans la catégorie Les nouveaux alchimistes, le festival a également présenté La nuit où j’ai nagé, film franco-japonais de Damien Manivel et Kohei Igarashi.  Présenté à la Mostra de Venise, ce film sans paroles met en scène le périple d’un petit garçon de la maison familiale au marché à poissons où il cherche désespérément à rejoindre son père, pêcheur, parti aux aurores. S’ensuit pour le jeune héros, substituant aux bancs d’école l’école buissonnière, une virée poétique à travers la campagne et les banlieues japonaises enneigées. Le film livre une représentation originale du monde enfantin. Les réalisateurs font des moindres gestes de leur personnage principal des évènements à part entière, de la perte de ses moufles à ses cabrioles dans la neige. Damien Manivel et Kohei Igarashi parviennent ainsi à saisir et à transmettre la manière unique dont leur héros évalue et traverse la société du haut de son mètre et quelques centimètres. Les deux réalisateurs redonnent aux spectateurs adultes le sens du rapport au monde particulier de l’enfance, avec ses échelles et ses enjeux singuliers.

Le festival a également proposé une sélection éclectique de courts-métrages. Parmi ces derniers, Atlas, d’Anouk de Clercq, se distingue par la richesse de son vocabulaire pictural. Décrit comme un « guide dans un conte macroscopique du monde », Atlas explore la surface d’un cadre à travers un microscope électronique. Ce film expérimental résulte du projet d’exploration de l’espace de la réalisatrice, épuisant ses ressources jusqu’à dévoiler la richesse invisible de l’infiniment petit. Son œuvre nous invite à développer un nouvel imaginaire de ce qui nous entoure, en intégrant à notre perspective la poésie du minuscule, de cet univers microscopique qui échappe à notre regard. On quitte la salle sombre avec un nouveau regard sur notre environnement, ce qui était sûrement le projet (réussi) d’un festival destiné à l’exploration des nouvelles formes d’expression cinématographique.

 


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