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L’iPad à l’école : une mauvaise idée ?

Le virage technologique s’empare des écoles québécoises. 

Mahaut Engérant | Le Délit

Depuis plusieurs années, de nombreuses écoles québécoises (L’Arpège, Le Sommet, etc.) ont adopté l’utilisation d’iPads dans les salles de classes du secondaire. Cet appareil permettrait de contenir l’ensemble des manuels scolaires dans une légère boite métallique, ainsi allégeant le sac à dos des élèves. En outre, celle-ci faciliterait également l’apprentissage de l’élève via plusieurs applications interactives.

Cette mode de munir les élèves d’un iPad se propage rapidement et séduit de plus en plus d’établissements québécois. Cependant, si certains ont tout de suite été conquis par cette initiative au goût du jour, d’autres l’accusent au contraire d’être un frein à la véritable éducation de l’enfant, qui se fait « d’abord et avant tout par l’interaction humaine et l’écriture sur papier ». Quant aux élèves concernés, trois mots sont revenus pour décrire leur sentiment : « cool » à 56.7%, « utile » à 30.6% et « inutile » à 12.8%.

Selon Thierry Karsenti et Aurélien Fiévez, deux chercheurs de l’Université de Montréal, l’introduction de tablettes électroniques dans le milieu scolaire est « une prise de risque nécessaire ». Leur projet de recherche se base sur 18 écoles secondaires et primaires du Québec, comptant plus de 8000 élèves et 420 enseignants. De cette étude on apprend, entre autres, que la tablette permet d’augmenter les résultats scolaires pour 83% des cas et augmente aussi la motivation des élèves pour 95% des cas. Quelles raisons se cachent derrière ces résultats ? 

Entre motivation et distraction 

Ils affirment que cette technologie permettrait de diversifier les stratégies d’enseignement et d’individualiser l’apprentissage de l’élève. Elle offre en effet l’opportunité de personnaliser son expérience scolaire et de libérer son enseignant, qui pourra alors s’occuper du cas par cas. La tablette faciliterait aussi l’édition et le partage de l’information, ainsi que de l’évaluation des apprenants. L’économie de papier est également mentionnée ainsi que l’avantage apportés aux élèves à besoins éducatifs particuliers.

Cependant, bien que les étudiants aient la possibilité de travailler à leur rythme et de développer leurs compétences informatiques, ils ont aussi la possibilité de tomber proie aux innombrables distractions qu’apporte un outil intelligent.

En effet, parmi les désavantages que les élèves soulèvent, le plus important est bien le risque de distraction en classe qui est souligné par plus de 99% des répondants. On mentionne aussi une difficulté à utiliser l’écran tactile pour les tâches qui nécessitent l’écriture de longs textes.

De plus, étant donné que ceci est un concept nouveau, le nombre de manuels adaptés est limité. Pareillement, tous les cours sont maintenant dépendants du matériel électronique et les problèmes techniques en classe se multiplient. Finalement, des experts en psychologie de l’éducation craignent que cette innovation éducationnelle entraîne une chute du nombre d’interactions sociales en classes, ce qui nuirait au développement cognitif d’un enfant.

Apparemment, les inconvénients qui découlent de cette réforme pédagogique ne proviennent pas forcément de la technologie elle-même mais plutôt de la manière de l’utiliser et d’un manque de recul. Une solution serait peut-être de former les élèves et enseignants à utiliser les tablettes correctement dans un cadre d’enseignement.

Les résultats que l’on trouve chez les primo adoptants sont donc prometteurs, mais il est clair que d’importantes améliorations sont encore nécessaires avant que l’on puisse introduire cette méthode d’enseignement à l’échelle provinciale. 


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