Les étudiants de McGill œuvrant pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance ont organisé un panel de discussion le 26 janvier dernier dans le cadre de la semaine UNICEF. La discussion abordait la situation méconnue du Soudan du Sud, pays indépendant depuis 2011 et plongé dans une guerre civile qui fait rage depuis 2013.
Comprendre la situation
Le premier intervenant, James Thuch Madhier, étudiant à l’Université de Toronto, a pris part à la table ronde par Skype. Originaire du Soudan du Sud, il a expliqué comment les désaccords entre le président sud-soudanais Salva Kiir et le vice-président Riek Machar avaient culminé en une guerre civile. Depuis décembre 2013, ce conflit qui opposent les partisans des deux hommes politiques, a entraîné le déplacement de 120 000 civils et a fait plusieurs victimes, notamment des enfants.
Mohamed Sesay, doctorant en sciences politiques à McGill, a ensuite complété le portrait de cette crise humanitaire en expliquant que le conflit politique prenait ses sources dans un conflit ethnique. Le président Kiir fait parti de l’ethnie Dinkas et le vice-président Machar de celle des Nuers. Ces deux groupes ethniques sont les principaux acteurs de cette guerre civile pour le pouvoir. M. Sesay mentionnait également le fait que le gouvernement accorde des privilèges à son groupe ethnique ce qui alimente les rivalités entre les deux groupes. Ces privilèges se font notamment sentir dans le domaine de l’agriculture vivrière, essentielle aux Sud-soudanais. Un exemple de ce favoritisme est la répartition des terres cultivables selon l’appartenance ethnique.
Solutions au conflit
En 2014, l’UNICEF, constatant que plus de 64 000 enfants étaient sous-nourris au Soudan du Sud, a fourni une assistance alimentaire et un accès à l’eau potable à plus d’un demi-million d’enfants, en plus d’en vacciner 100 000 contre la rougeole. Toutefois, cette aide n’offre aucune solution à long-terme puisqu’elle ne sert qu’à répondre aux besoins urgents de la population.
C’est là que Grant McDonald entre en scène. Journaliste de l’association « Journalistes pour les Droits de l’Homme », il partage son temps entre Toronto et le Soudan du Sud, où il enseigne les bases du journalisme aux reporters locaux. Cette initiative permet aux résidents d’apprendre à bien faire passer un message, d’amorcer des discussions locales sur les conflits qui touchent le pays. Le succès de ce projet motive Grant McDonald à continuer, convaincu que la qualité du journalisme au Soudan du Sud s’est grandement améliorée et que le dialogue représente un excellent moyen d’atteindre la paix.
Khalid Mustafa Medani, professeur en sciences politiques et études islamiques à McGill, a également abordé le rôle de l’Union africaine par rapport aux accusations criminelles contre le gouvernement sud-soudanais. Il explique que l’entité avait émis un rapport tardif en 2015 qui dénonçait les atrocités commises par les partis impliqués. Professeur Medani a aussi évoqué l’accord de paix signé en août 2015, pour un cessez-le-feu qui n’a pas été respecté. Bien que plusieurs voient cet accord comme le meilleur espoir du pays, l’orateur a soutenu que ce n’est pas assez puisqu’un compromis politique n’a toujours pas été conclu.
Bien que l’accord de paix signé en août 2015 entre les deux politiques ait été violé à plusieurs reprises, d’autres mesures ont été mises en places par la communauté internationale pour résoudre le conflit. L’UNICEF apporte de l’aide à court terme et des journalistes étrangers risquent leur vie afin d’informer la communauté internationale. Cependant, les mesures proposées par le Conseil de sécurité de l’ONU ont toutes été bloquées par la Russie, qui affirme que punir l’élite sud-soudanaise risque d’envenimer la situation.