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Au-delà des pipelines

Pipelines, pouvoir et démocratie : réflexion sur les rapports de pouvoir.

Luce Engérant

Juger de la qualité d’un documentaire écologique n’est pas chose facile. Les partisans de l’école du pessimisme voudraient qu’ils soient victimes d’un rituel composé de trois étapes ; un : visionnement des images, deux : indignation face à l’irresponsabilité de l’Homme – assaisonnée d’un léger sentiment de culpabilité – et trois : lassitude face aux enjeux environnementaux. Dans le cadre des RIDM (Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal), le réalisateur Olivier D. Asselin met le contenu de Pipelines, pouvoir et démocratie au défi de ce protocole qui, avouons-le, est bien trop simpliste pour échapper au débat. 

Sur une période de deux ans, M. Asselin a suivi les membres de groupes écologistes québécois qui ne cessent de lutter depuis que l’entreprise énergétique TransCanada a annoncé son dernier projet : la construction d’un oléoduc de 4 500 km allant de l’Alberta à l’Est du Canada. Après que le gouvernement de Barack Obama a empêché ce pipeline de franchir le sol américain, la compagnie pétrolière a trouvé une nouvelle cible : les terres du Québec. 

Luce Engérant

Débats, spectacles de sensibilisation, historique de projets d’oléoducs, entrevues : les sources sont variées pour retracer le combat de Québécois qui refusent de mêler leur province à l’industrie des sables bitumineux. Connu pour son extraction intensive de l’une des énergies fossiles les plus polluantes de la planète, ce mode d’exploitation a déjà souillé une bonne partie de territoires comme la Louisiane ou les alentours du Golfe du Mexique. 

Pour illustrer certaines actions des lobbys anti énergies « sales », Olivier Asselin nous place face à une audience publique de l’Office National de l’Énergie (ONÉ) durant laquelle des militants se lèvent tour à tour et font entendre leur voix. Ils lisent des témoignages — préparés à l’avance — de victimes de dégâts environnementaux. À chaque fois qu’une de ces interventions est interrompue par un agent de sécurité, un autre militant prend le relais, ce qui crée une cascade de témoignages accablants. 

Au-delà de la question environnementale, ce sont les rapports de pouvoir qu’explore Pipelines, pouvoir et démocratie.

Au-delà de la question environnementale, ce sont les rapports de pouvoir qu’explore Pipelines, pouvoir et démocratie. Différents bords du débat sont étudiés : Daniel Breton, alors député à l’Assemblée nationale du Québec, semble perdre espoir alors que la lutte se complique. Il annonce qu’il se retire de la vie politique. Cet exemple permet de mesurer un des problèmes posé par les images d’Asselin : le déséquilibre flagrant entre le pouvoir des militants et l’ampleur des enjeux dont il est question. On reprend alors conscience que la prise de pouvoir ne s’équilibre pas naturellement : certains ont toujours dû se battre plus que d’autres. Non, ces constats ne sont pas nouveaux. Cela n’empêche qu’ils se doivent d’être les serviteurs d’une quête de solution, une quête qui durera aussi longtemps qu’il le faut. 


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