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Apprendre à changer le monde, un GROOC à la fois

McGill offre un cours en ligne gratuit à visée mondiale et sociale.

Amelia Rols

La mission du troisième FLOT, pour Formation en Ligne Ouverte à Tous (ou MOOC, Massive Open Online Course en anglais), de l’université McGill est étonnamment vaste. Lancé mercredi dernier, le cours Social Learning for Social Impact (Apprentissage Social pour Impact Social) initie les étudiants de tous les horizons à l’apprentissage social en ligne. Le séminaire virtuel se veut un outil pour stimuler la créativité et la conception d’initiatives avec à terme l’objectif d’une influence positive sur la communauté.

Récemment inscrit au GROOC (FLOT pour groupe ou Group MOOC) « Social Learning for Social Impact », Angel, originaire de l’Équateur se présente : « Je suis un agent public, et à travers mes projets je suis parvenu à faire de mes rêves une réalité, comme la construction d’un centre d’hydrothérapie pour la réhabilitation des personnes handicapées. » Plusieurs milliers de personnes comme Angel se sont inscrites à la première édition du projet ancré dans une pédagogie d’avenir. Dans cet espace virtuel hébergé par la firme edX, on oublie les frais de scolarité : l’inscription est ouverte à tous et complètement gratuite. 

Le projet s’inspire de programmes déjà implantés à la Faculté de management Desautels de McGill. « Le projet est né de l’idée de pouvoir partager un type de pédagogie que nous utilisons déjà dans deux programmes internationaux de management à McGill (la maîtrise internationale en management et celle de direction en santé)», explique l’une des fondatrices du projet, Leslie Breitner. La hiérarchie classique de la classe universitaire est en effet complètement bouleversée pour favoriser une discussion d’égal à égal. « Dans ce type de cours », renchérit-elle, « nous n’invitons pas des professeurs à donner un cours magistral pendant deux heures. Nous encourageons plutôt les professionnels et les étudiants à se réunir et à apprendre autant de l’expérience de chacun. »

Possédant un doctorat en administration des affaires et chargée de cours à la faculté de management de McGill, Leslie Breitner collabore depuis 2 ans et demi sur le projet pilote avec ses collègues de la faculté, Henry Mintzberg, Carlos Rueda et Anita Nowak. L’Université McGill en est à son troisième FLOT, mais c’est la première fois que l’institution accueille un GROOC, un modèle de FLOT novateur qui a été développé par Desautels. Selon le professeur Breitner, « l’apprentissage social ne se fait pas individuellement. Dans notre classe, nous n’enseignons qu’à des groupes de quatre et dix personnes à la fois. » Les personnes qui s’inscrivent individuellement ne sont pas exclues, mais sont tenues de se joindre à un groupe déjà existant.

Bien que l’expérience du GROOC offre plusieurs avantages, le projet fait tout de même l’objet de plusieurs critiques. Certains universitaires reprochent aux cours en ligne de fournir gratuitement le « produit » payant des universités, au risque de carrément les remplacer un jour. Leslie Breitner jette plutôt un regard optimiste sur l’enjeu : « il y a diverses façons de livrer un curriculum, comme il y a autant de manières pour les individus de s’éduquer. Notre façon ne fait que s’ajouter à cette liste bien étoffée. » Elle mentionne d’ailleurs l’éloignement géographique et le manque de moyens pour se déplacer comme le principal facteur d’inaccessibilité à une bonne éducation universitaire. « C’est une façon différente d’apprendre qui ne cherche pas du tout à remplacer le cours traditionnel », conclut-elle.

La barrière de la langue demeure le seul bémol à cette première mouture pour le professeur Breitner : « le fait que l’université offre le projet seulement en anglais peut poser problème dans un séminaire qui se veut ‘ouvert à tous’. Sans traduction simultanée, certains étudiants risquent de trouver cela difficile. » Pour de tels cours à portée internationale, on espère qu’un service de traduction, vocal ou par sous-titres soit offert prochainement.

Angel conclut sa présentation aux autres membres de son groupe sur une note idéaliste, bien à l’image d’une initiative qui risque certainement de faire des petits : « Je suis profondément convaincu qu’il y a beaucoup de gens bienveillants dans le monde entier et j’espère les trouver afin d’aider les nombreuses autres personnes qui ont besoin d’aide. » 


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