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Un défi réussi

L’AUTS présente sa nouvelle production musicale, Chicago.

Afram Media

Compte tenu de la difficulté que représente la mise en place d’un spectacle de cette envergure — lequel implique des problèmes de gestion considérables puisqu’il faut réussir à coordonner l’orchestre avec les chanteurs, les danseurs et j’en passe — ce n’est pas souvent qu’une troupe de McGill a l’occasion de présenter une comédie musicale. La pression était d’autant plus grande que cette charmante histoire de crime, d’adultère et de corruption située dans le Chicago des années 1920 a depuis longtemps su séduire le public, comme en témoignent les six Oscars qu’a décrochés l’adaptation cinématographique de Rob Marshall en 2002. Les 306 sièges du Moyse Hall étaient d’ailleurs pratiquement tous occupés.

Les spectateurs avaient-ils en tête, pour la majorité, le tour de force spectaculaire que constituait la performance de Richard Gere dans le rôle de l’avocat peu scrupuleux Billy Flinn, ou encore l’affrontement superbe qui opposait Catherine Zeta-Jones (Velma Kelly) à Renée Zellweger (Roxie Hart) dans leur lutte pour occuper la première page des journaux ? Que tel fût ou non le cas, il faut dire que l’équipe réunie par l’Arts Undergraduate Theatre Society (AUTS) s’est révélée tout simplement remarquable. Je crois qu’il faut même insister sur le fait que la qualité de cette représentation reposait précisément sur son caractère collectif, contrairement au film de Rob Marshall dans lequel l’ensemble de la production était pratiquement écrasé par la qualité de chaque interprétation individuelle, qu’il s’agisse de celle de ses protagonistes ou bien de figures secondaires comme la directrice de prison « Mama » Morton (Queen Latifah). Ici, les chansons les plus réussies étaient sans équivoque celles qui impliquaient l’ensemble de la troupe, telles que We Both Reached for the Gun et Razzle Dazzle.

Cela ne signifie pas que les performances artistiques individuelles étaient dénuées d’intérêt. Ici, je tiens à signaler la présence de quelques perles parmi les rôles secondaires : tout d’abord Jessica Eckstadt dans le rôle de la journaliste Mary Sunshine, qui a su admirablement mettre en valeur sa formation en chant classique dans une chanson où elle affirme son credo optimiste en dépit de la corruption ambiante (A Little Bit of Good); et bien entendu, Oliver Bishop-Mercier qui marqua son début en beauté à l’AUTS en interprétant avec brio le rôle du mari délaissé de Roxie (Amos Hart), ce qui lui valut une ovation plutôt bruyante. Enfin, je tiens également à saluer la performance de Nour Malek dans le rôle de « Mama » Morton, puisqu’elle est parvenue à faire de sa chanson-vedette When You’re Good to Mama un des moments les plus réussis du spectacle.

À vrai dire, dans une production de cette taille, il est difficile de rendre justice à tous les artistes en remarquant les qualités de chacun. J’ai trouvé dommage, par exemple, que le public ait à peine applaudi les musiciens, qui continuaient à jouer All that Jazz alors que les spectateurs avaient déjà commencé à quitter le théâtre. D’un autre côté, il est vrai que cette comédie musicale constitue fondamentalement une satire du monde du show-business et de l’orgueil démesuré des stars. Dans un tel contexte, c’est à se demander si de tels phénomènes ne sont pas inévitablement liés à la nature de l’industrie du spectacle. 


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