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Le Canada mis au défi

La minute écolo.

Luce Engérant
Vittorio Pessin

Le samedi 12 décembre dernier, après deux semaines de négociations, les 165 parties participant à la COP21 ont adopté l’accord de Paris, un document de quarante pages censé énoncer les engagements de la communauté internationale pour pallier les effets du changement climatique. Le Canada fait partie des signataires du texte qui prévoit de limiter le réchauffement climatique en-dessous du seuil des 2 degrés Celsius, de financer l’investissement dans la durabilité des pays en développement et qui mentionne, quoique timidement, l’hypothèse d’un monde sans carbone d’ici 2100. 

Elizabeth May, dirigeante du Parti vert du Canada, a assisté à la Conférence des Parties et s’est dite satisfaite de ce traité qu’elle caractérise d’«historique et potentiellement salvateur ». Ce dernier, qualifié par le président de la COP21, Laurent Fabius, de « différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant », doit encore surmonter bien des obstacles de bureaucratie au niveau international et national avant d’entrer en vigueur en 2020. 

Promesses canadiennes

En amont de la COP21, le Canada a partagé la contribution que le gouvernment Trudeau comptait mettre en place à l’échelle nationale, qui soulignait notamment que le pays souhaitait s’engager à une réduction de 30% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport au niveau de référence de 2005. Lors de sa visite à Paris à l’occasion de la conférence, M. Trudeau avait en outre fait part de son intention de faire du changement climatique une priorité, qu’il conjuguerait avec une croissance durable. Il avait cité son intention de s’investir aux côtés d’initiatives collaboratives telles que Mission Innovation ou la Coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone (CPLC). « Ceux qui peuvent se doivent d’aider », avait-il conclu. 

« Ceux qui peuvent se doivent d’aider »

Le ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion a affirmé, suite à la signature de l’accord, que le premier ministre Justin Trudeau rencontrerait les provinces et les territoires pour discuter de sa mise en place dans les 90 jours suivant la fin de la COP21. On n’a pas encore eu vent d’un tel rassemblement, malgré l’attitude enthousiaste des représentants du gouvernement à la clôture de la conférence. 

Promesses politiques ?

Mais quel sera l’écart canadien entre les promesses et les faits accomplis ? Le gouvernement a certes grandement changé de positionnement par rapport à la dernière Conférence des Parties. Le recul des conservateurs face au protocole de Kyoto est un précédent politique qui reste brûlant. Celui de Paris est le premier accord sur le climat qui exprime une vocation universelle. Le Canada sera-t-il à la hauteur du défi ? 

L’économie du pays repose grandement sur l’exploitation de ses ressources naturelles (et fossiles). L’effort à faire en matière de conversion énergétique et industrielle est énorme. L’accord de Paris n’aura pas d’impact sur le Canada si le pays ne s’investit pas pleinement dans la transition verte.

Certains doutent même de la réelle valeur de l’engagement pris à Paris. Selon Gideon Forman, un analyste à la Fondation David Suzuki, le gouvernement canadien devrait s’engager à se reconvertir à 100% vers les énergies renouvelables au cours des 35 prochaines années, s’il souhaite rester en-dessous de la barre des 1,5 degrés Celsius. Dans cette transition radicale mais, pour reprendre les paroles de Mme May, « salvatrice », le gouvernement aura indéniablement besoin du soutien d’une poigne de fer et du public. Vient le moment de découvrir si les positions du nouveau Canada libéral sur les thématiques du climat sont politiques ou réelles.


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