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Reprise des négociations

AMUSE et McGill peinent à trouver un terrain d’entente.

Luce Engérant

La dernière rencontre entre l’administration de l’Université McGill et le Syndicat des employé-e‑s occasionnel-le‑s de l’Université McGill (AMUSE), qui représente les Floor Fellows de toutes les résidences universitaires mcgilloises, a eu lieu vendredi 23 janvier. La réunion a encore une fois manqué de déboucher sur un accord au sujet d’une nouvelle convention collective entre les deux partis. En effet, la convention collective actuelle régissant les conditions de travail des employés de soutien à temps partiel et complet de l’Université McGill expirera en avril 2015, et des modifications importantes devraient être apportées au nouveau texte.

Cette série de négociations était la quatrième depuis le 31 octobre 2014, et deux autres rencontres sont prévues les vendredis 30 janvier et 6 février prochains. Les Floor Fellows mcgillois se sont syndiqués sous AMUSE en mai dernier, et ont formé à la même occasion une cellule de négociations sous l’égide du syndicat, en prévision des rencontres de cette année. Cependant, on s’accorde à dire d’un côté comme de l’autre qu’il est actuellement impossible de prédire si les deux partis parviendront à une entente d’ici la fin de l’année, tant les négociations semblent stagner. 

Les revendications

La demande la plus importante du côté des Floor Fellows est l’inclusion dans la future convention collective d’une clause sur la solidification des pratiques passées. Autrement dit, il s’agit d’assurer la pérennité de certaines valeurs importantes pour la vie au sein des résidences étudiantes mcgilloises. AMUSE a présenté à la table des négociations une liste comprenant sept de ces valeurs, dont deux en particulier sont particulièrement importantes selon Evan Mcllroy, un des Floor Fellows, présent à toutes les négociations. Il s’agit du mandat d’anti-oppression au sein de la structure des résidences, ainsi que l’approche de réduction de préjudice. Ces deux dernières, avec les cinq autres, constituent des piliers de référence pour la définition des attitudes acceptables dans la communauté des résidences étudiantes, afin de faire du passage des étudiants par ces institutions une expérience aussi épanouissante et sécuritaire que possible. Car ce sont en effet les étudiants et leur bien-être qui sont au centre des préoccupations des Floor Fellows : « Les Floor Fellows soutiennent ces demandes avec autant de détermination car elles assureront la sécurité de leurs étudiants » a commenté au Délit Amber Gross, la présidente d’AMUSE.

Les autres revendications des Floor Fellows, plus habituelles d’un point de vue syndical, portent sur la rémunération potentielle des Floor Fellows, ainsi que sur la mise en place de mécanismes assurant plus de sécurité aux Floor Fellows dans leur emploi. En effet, la nature du travail d’un Floor Fellow étant très particulière, les conditions de travail se sont faites jusqu’à présent de manière plutôt informelle, négligeant parfois les lois sur le travail de la province. Par exemple, bien que compensés d’une certaine manière en étant nourris et logés par McGill, les Floor Fellows ne sont pas rémunérés. Même si aucun chiffre officiel n’a été avancé, on parle dans la communauté d’un salaire potentiel d’environ 150 dollars par semaine, plus les arriérés dû aux Floor Fellows de cette année et de l’année dernière. AMUSE affirme avoir reçu à ce sujet la semaine dernière une décision de la Commission des normes du travail, qui a décidé que McGill devra payer les arriérés dûs aux Floor Fellows ayant travaillé l’année dernière. L’informalité de la nature du poste de Floor Fellow rend le processus de formalisation compliqué, ces derniers n’ayant pas d’horaire fixe, et le type d’aide et de soutien qu’ils apportent aux étudiants étant difficilement quantifiable. Il est donc primordial pour eux d’assurer leur marge de manœuvre et leur autonomie au sein des résidences, tant ceux-ci sont importants pour la réalisation de leur mandat.

Des pourparlers en panne

Les dernières séries de négociations se sont dirigées petit à petit vers la stagnation, à un tel point qu’AMUSE a informé McGill après la séance du vendredi 23 que les négociations du vendredi 30 ne les intéressaient pas si l’administration n’est pas prête à discuter d’une proposition sérieuse. La raison de cette immobilité est la clause sur les valeurs à promouvoir en résidences, sur lesquelles les deux partis n’arrivent pas à s’entendre. Mme Gross dit ne pas comprendre ce blocage, étant donné que l’administration des résidences mcgilloises a toujours soutenu ces valeurs et consulté les Floor Fellows à leur sujet. Cependant, cette consultation n’ayant jamais été formalisée, c’est une question de représentation des Floor Fellows lors de la prise de décision concernant les résidences que représentent ces valeurs. Plus que régir la vie au sein des résidences universitaires, ces décisions concerneraient aussi les embauches et les formations des employés des résidences.

En guise de tactique de pression face à l’absence de concessions du côté de l’administration, la quasi-totalité des 70 Floor Fellows employés par McGill ont boycotté leur journée de formation non rémunérée organisée par l’administration des résidences le dimanche 25 janvier. Amber Gross a précisé au Délit que cette date avait été choisie dans le but de ne pénaliser que l’administration et non pas les étudiants habitant en résidences. Sans aboutissement au sujet des valeurs, la perspective d’une nouvelle convention collective avant la fin du semestre semble de plus en plus improbable.


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