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La guerre des négociations

Le syndicat MUNACA a été le centre de l’attention durant presque l’intégralité de la session d’automne.

Photo: Victor Tangermann

De la session d’automne 2011, on se souviendra surtout des courriels sur la grève de MUNACA envoyés chaque semaine par le Vice-président Administration et Finance, Michael Di Grappa. On se souviendra des macarons verts accrochés sur les sacs, des pancartes syndicales et de la rumeur des slogans scandés par les employés en colère.

Photo : Victor Tangermann

L’année scolaire 2011–2012 a été marquée par la grève des employés de soutien de McGill. Dès la rentrée des classes, les membres du syndicat MUNACA formaient des lignes de piquetage aux entrées principales de l’université. Suite à l’échec de précédentes négociations, la McGill University Non-Academic Certified Association avait décidé, quelques jours avant la reprise des cours, d’entrer en grève.

Les employés revendiquaient une hausse des salaires, certains avantages sociaux, un meilleur régime de retraites et de meilleurs horaires. En fait, ils souhaitaient principalement se voir accorder les mêmes conditions de travail que les salariés des autres universités québécoises.

Au final, la grève aura duré quatre mois. Lors de ces quatre mois de lutte contre l’administration mcgilloise, MUNACA a reçu le soutien d’autres syndicats notamment l’Association of McGill University Support Employees (AMUSE) et l’Association of McGill University Research Employees (AMURE), de professeurs, d’étudiants, et même de certains politiciens comme Amir Khadir et Françoise David de Québec solidaire, et le néo-démocrate Thomas Mulcair.

Cette grève n’a pas été sans rebondissements. Trois fois MUNACA s’est vue imposer des injonctions réduisant un peu plus la liberté des employés de manifester. La première interdisait aux grévistes de se tenir à moins de quatre mètres de toute propriété de McGill en groupes de plus de 15 personnes. Les employés ont alors dû réorganiser leurs lignes de piquetages et trouver de nouvelles stratégies pour manifester. Puis une injonction obtenue par McGill au mois d’octobre leur défendait de former des lignes de plus de trois personnes, et à moins de 25 mètres de l’extérieur des résidences des membres de la haute direction. Une dernière injonction, promulguée par le Centre Universitaire de Santé de McGill, empêchait les manifestants de se rassembler à moins de trois mètres du chantier du campus Glen.

Photo : Victor Tangermann

Plusieurs événements importants sont venus ponctuer le mouvement. Le groupe de mobilisation Mobsquad a organisé des sit-ins et des manifestations éclair en appui à MUNACA, et plusieurs grandes manifestations ont eu lieu. On se rappellera notamment de la marche silencieuse du 30 octobre 2011 qui avait pour but de dénoncer symboliquement les tentatives de l’université de mettre sous silence les employés mécontents. Mais l’intimidation, les injonctions et procédures disciplinaires ne les ont pas empêchés de continuer.

Cette grève est venue bouleverser la vie quotidienne de l’ensemble de la communauté de McGill. Les services administratifs ont fonctionné au ralenti pendant plusieurs mois, et beaucoup d’étudiants ou de professeurs se sont plaints de la situation. Par exemple, les livres des bibliothèques n’étaient plus régulièrement rangés. Il était difficile de recevoir du soutien technique, de réserver des salles et même d’aller remettre des travaux. En septembre, une étudiante parlait au Délit de cette « série de petites frustrations accumulées qui […] deviennent très lourdes à supporter ».

Mais finalement, les parties sont parvenues à s’entendre sur un nouveau contrat. Le président de MUNACA Kevin Whittaker parle ainsi de « gains significatifs ».

Photo : Victor Tangermann
Le 5 décembre, MUNACA a alors voté pour mettre un terme à la grève. Les employés sont progressivement retournés au travail après avoir obtenu des augmentations salariales allant de 8,6% à 16%, et un pouvoir décisionnel sur la contribution de l’université aux plans de retraite et avantages sociaux. Un autre arrangement aurait-il pu être négocié ? En fait la plupart des grévistes, pour des raisons financières essentiellement, n’auraient pas pu continuer la grève tout l’hiver. En janvier 2012, Francisco Uribe, employé des bibliothèques de McGill, confiait au Délit que lui-même et beaucoup de ses compatriotes s’étaient endettés.

Aujourd’hui, la question n’est pas encore complètement réglée. Les parties n’ont toujours pas signé de convention collective et le syndicat pointe du doigt le retard – volontaire ? – de l’employeur. Mais Kevin Whittaker se dit confiant. D’après un message posté le 29 mars sur le site internet du syndicat, « les principaux problèmes ont été résolus ». Selon le président de MUNACA, « seuls des détails mineurs concernant le texte et l’agencement des mots de la convention sont encore à régler, et cela devrait être fait d’ici un mois ». Les réformes se mettront progressivement en place d’ici 2015.


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