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Échec des négociations avec McGill : l’AGSEM manifeste

Les étudiants des cycles supérieurs employés par McGill manifestent leur mécontentement quant à leurs conditions de travail et menacent de faire la grève.

Le jeudi 13 mars dernier, les étudiants salariés de McGill ont manifesté leur mécontentement contre l’université, alors que les négociations de leur association avec l’administration s’éternisent. Plus d’une centaine d’étudiants à la maîtrise et au doctorat ont défilé devant les portes Roddick, sur la rue Sherbrooke, pour dénoncer le refus répété de McGill d’augmenter le salaire des auxiliaires d’enseignement et de leur assurer de meilleures conditions de travail. La manifestation s’est déroulée dans le calme malgré l’impatience générale. L’Association des étudiants graduées employés à McGill (AGSEM) représente plus de 2000 étudiants dans ses négociations avec l’administration.

La dernière convention collective liant l’AGSEM et McGill a expiré en juin dernier. Les deux parties négocient depuis six mois afin de conclure une nouvelle entente qui redéfinirait les conditions de travail des auxiliaires d’enseignement. Ces derniers espèrent que la manifestation aidera à relancer les pourparlers. Daniel Simeone, membre de l’AGSEM impliqué dans les négociations, espère d’ailleurs qu’elle « l’aidera à maintenir une communication positive et efficace à la table de négociation ».

La manifestation avait aussi pour objectif de sensibiliser l’ensemble du corps étudiant. Quelques étudiants de premier cycle y étaient présents, dont Jacob Feygin, membre actif du groupe militant Graspé, qui pense que les étudiants devraient s’unir aux auxiliaires d’enseignement, car ceci serait dans leur intérêt : « Leur bataille est finalement aussi notre bataille, car nous cherchons tous à améliorer les conditions de notre éducation ».

Augmenter les salaires
Les auxiliaires d’enseignement ont pour principale demande la réduction des écarts salariaux qui séparent McGill des autres universités du pays. McGill propose présentement une augmentation de moins de 2 $ l’heure d’ici 2011, ce qui est loin des 6 $ demandés.

Salim Ali, président de l’AGSEM, estime que l’université peut faire mieux, car les « revendications sont modestes et raisonnables en tenant compte qu’on aurait besoin d’une hausse de 12 $ l’heure pour rejoindre la rémunération qu’offrent les universités d’Ottawa et de Toronto ».

Cette demande est importante pour les nombreux étudiants de deuxième et troisième cycles qui dépendent de cet argent. À cet égard, Natalie Kouri-Towe, vice-présidente externe de l’AGSEM, insiste : « Même si le salaire actuel de 22,24 $ paraît élevé, nous sommes payés pour un nombre d’heures non représentatif [des heures de travail que nous effectuons réellement] et pour les auxiliaires d’enseignement, c’est la seule source de revenus ».

L’administration de McGill se défend en indiquant le manque de fonds disponibles. Elle insiste aussi sur le fait que les auxiliaires d’enseignement du Québec ne gagnent généralement pas plus de 20 $ l’heure. Salim Ali trouve néanmoins qu’une université de renommée internationale telle que McGill devrait être capable de concéder une augmentation importante aux auxiliaires d’enseignement, surtout lorsque la rémunération totale de ces derniers représente une somme marginale de son budget (0,6 p.cent).

Amélioration des conditions de travail
Conjointement aux revendications sur leur rémunération, qu’ils qualifient de « faible », les étudiants salariés se plaignent de leurs conditions de travail, décriant en particulier les espaces qui leur sont alloués. Selon eux, l’université offre trop peu de bureaux et de salles de classe pour que les auxiliaires d’enseignement puissent soutenir leurs étudiants de façon appropriée. L’AGSEM rapporte dans son bulletin de négociation : « Le manque d’espace adéquat affecte nos rapports avec les étudiants de premier cycle. […] Si on nous garantissait davantage de place, nous améliorerions la qualité de l’éducation à McGill en assurant plus de professionnalisme dans les rencontres auxiliaires d’enseignement— étudiants ». Salim Ali estime aussi que « dans [les conditions actuelles], les auxiliaires sont insatisfaits et la qualité de l’enseignement est compromise ».

En plus d’un manque d’espace, les auxiliaires d’enseignement dénoncent l’absence de formations rémunérées. Dans certaines classes, plus de 70 étudiants sont confiés à des étudiants salariés qui n’ont aucune expérience dans les domaines de l’enseignement et la correction. L’AGSEM soutient donc que McGill doit offrir une formation rémunérée adéquate et imposer une limite quant au nombre d’étudiants attribué à chaque auxiliaire.

Un manque de concessions 
Alors que les négociations ralentissent, plusieurs étudiants salariés commencent à s’impatienter contre l’université. Plusieurs rappellent d’ailleurs que la dernière confrontation entre les deux parties s’était ultimement terminée en une grève qui avait duré plus d’un mois. Natalie Kouri-Towe se dit surprise du peu de concessions faites par McGill : « Nous nous attendions réellement à ce que, cette fois, l’université vienne à la table de négociation en toute bonne foi afin de trouver un règlement à l’amiable ». « Comme lors de toute négociation entre un employeur et un syndicat, une grève pourrait se reproduire », ajoute-t-elle.

Malgré la situation difficile, les auxiliaires d’enseignement refusent de sombrer dans le pessimisme. Mme Kouri-Towe espère que la manifestation de jeudi dernier encouragera McGill à reconsidérer sa position et à retourner à la table de négociation. En attendant ce geste de la part de l’administration, elle estime que « si McGill refuse de faire des compromis, [elle] doute qu’il y ait une résolution heureuse pour les deux parties ».


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