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Turbo symphonique, suite et fin

Présentation du spectacle des Trois Accords, dans le cadre de la série OSM POP.

Cécile Amiot

Deux univers musicaux aux antipodes l’un de l’autre se rencontrent le temps de deux soirées. D’un côté, les Trois Accords et ses quatre membres qui créent des chansons harmoniquement simples et accrocheuses aux paroles rigolotes. De l’autre, l’OSM qui représente la culture classique. Rencontrés par Le Délit récemment, les Trois Accords ont déclaré que leur objectif était de s’intégrer totalement dans l’univers du classique, sans leurs instruments.

Suite à une jolie ouverture qui rappelle le style du compositeur américain John Williams, le chef d’orchestre et arrangeur Simon Leclerc s’est brièvement adressé au public pour expliquer le processus créatif et faire part de l’admiration et respect des Trois Accords pour l’OSM. Les Trois Accords ne sont pas sur la scène. En fait, ils sont dans la salle, afin de réaliser leur vieux rêve d’assister à l’un de leur propre concert. 

Ce spectacle unique est divisé en deux parties. Pour la première section, seulement les musiciens de l’OSM, le baryton Patrick Mallette et la soprano Roseline Lambert interprètent quelques-unes des chansons des trois albums précédents des Trois Accords soit Gros mammouth album turbo (2004), Grand champion international de course (2006) et Dans mon corps (2009). On retiendra notamment l’adaptation instrumentale de « Ton avion », qui est magnifique, en particulier pour les cordes. La fête débute avec « Hawaïenne » chantée en allemand par Patrick Mallette dans une interprétation typiquement germanique, causant l’hilarité collective du public. Il est parfois même difficile de l’entendre au-travers de tous les rires. Roseline Lambert enchaine avec « Saskatchewan » en russe et on remarque dès lors sa superbe et claire voix de soprano. 

Un peu plus tard, Patrick Mallette, dorénavant chouchou du public, est de retour pour « Tout nu sur la plage », en français. Il engage d’ailleurs la participation des spectateurs pour le refrain final et reçoit une ovation surprise à la fin. « Turbo sympathique » est toujours un duo, cette fois-ci entre les deux chanteurs lyriques et les rires continus dans la Maison Symphonique. Finalement, Patrick Mallette termine cette section avec « Dans mon corps », en italien. Il l’interprète dans un style plus romantique et théâtral que sa germanique « Hawaïenne ». En conclusion, cette première partie est excellente et les arrangements sont tous superbes. On se doit de féliciter les solistes de savoir préserver leur concentration malgré les rires incessants. L’ambiance dans la salle est un mélange entre le ballet de Casse-noisettes durant les fêtes et un spectacle de Juste pour Rire. On est loin du décorum classique habituel et c’est rafraichissant. 

La seconde partie est uniquement consacrée au dernier album J’aime ta grand-mère. Les chansons sont interprétées dans l’ordre chronologique de l’histoire fictive derrière l’album, c’est-à-dire, l’histoire d’amour entre Simon et la grand-mère d’Alexandre. Les quatre musiciens sont à l’avant de la scène avec trois micros. Simon Proulx est parfois en duo avec Alexandre Parr, et Pierre-Luc Boisvert et Charles Dubreuil les accompagnent occasionnellement. Ils nous rappellent des groupes vocaux comme les défunts Baronets. Finalement, Sébastien Leblanc intervient pour faire des liens narratifs entre les chansons. 

En général, le public est beaucoup plus attentif durant cette section du spectacle. Néanmoins, certains ont de la difficulté à contenir leur énergie pour « J’aime ta grand-mère », adaptée avec des castagnettes, et « Bamboula », qui était encore très dynamique. Les arrangements sont réussis et très accrocheurs. Les percussions sont évidemment au premier plan. Par contre, parfois, les musiciens de l’OSM jouent trop fort et il est difficile d’entendre la voix de Simon Proulx. Il y a aussi un beau solo de harpe dans « Sur le bord du lac ». Grosse surprise finale : Charles Dubreuil quitte la scène et termine de façon grandiose « Retour à l’institut » avec un accord sur le Grand Orgue Pierre-Béique. Quoique les ovations soient quasi-automatiques à Montréal, celle-ci est instantanée, longue et amplement méritée. 

Pour ce qui est de nos prédictions de la semaine dernière, seule la harpe a fait partie de ce concert. Il était difficile pour l’équipe du Délit de voir venir toutes les percussions. Toutefois, le carillon tubulaire est utilisé à quelques reprises, avec un son qui s’apparente à un triangle.

Somme toute, la structure du spectacle est vraiment idéale pour combler autant les mélomanes, avec une première partie plus « classique », que les fans des Trois Accords, avec une seconde partie plutôt pop-rock-classique. La justesse du tir égale la réussite. Bonne chance aux prochains invités d’OSM POP, car la barre est haute pour réinterpréter la formule.


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