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Montréal en recul

Coderre et les universités cherchent des solutions pour retenir les étudiants internationaux.

Thomas Cole Baron

Les médias québécois étaient invités, jeudi 25 septembre, à une conférence de presse à l’hôtel de ville de Montréal. L’événement, organisé par la Conférence Régionale des Élus (CRÉ), avait pour thème « l’urgence d’agir pour attirer et retenir les meilleurs étudiants internationaux à Montréal ». En effet, depuis quelques années, la proportion des étudiants étrangers à Montréal par rapport à d’autres régions est en chute libre. L’heure serait à la collaboration entre le gouvernement et les établissements d’enseignement supérieur pour créer des stratégies et une politique d’internationalisation. Étaient présents le maire de la ville, Denis Coderre, les représentants de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Université McGill, l’Université de Montréal (UdeM) et l’Université Concordia, ainsi que quelques autres intervenants.

Montréal est une ville universitaire renommée. Selon les statistiques fournies dans le communiqué de presse de la CRÉ, elle est la 9e meilleure au niveau mondial (1ère au Canada), et a accru sa population d’étudiants internationaux de 38% de 2006 à 2012. De plus, malgré un recul de l’Occident en la matière, le Canada est un des rares pays à avoir vu sa part mondiale augmenter dans la dernière décennie. L’Université McGill, à elle seule, accueille 9 536 étudiants étrangers, soit un peu plus de 22% de sa population totale, selon le Bureau des services aux étudiants internationaux. De quoi s’inquiète-t-on alors ? Le problème est de nature relative. Avec une communauté estudiantine mondiale de plus en plus nombreuse et de plus en plus mobile, notamment en provenance des pays asiatiques, la part de Montréal par rapport au reste du Québec et du Canada dégringole. Par ailleurs, une part importante d’étrangers qui vient à Montréal n’y reste pas pour travailler après ses études. Comme le souligne Alan Shepard, recteur et vice-chancelier de l’Université Concordia, « nous éduquons des gens pour d’autres villes ».

De nouvelles stratégies doivent donc s’articuler autour de la coopération gouvernement-institutions académiques. Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière de l’Université McGill, explique qu’elle a « eu l’occasion de travailler avec plusieurs pays, comme la France, l’Allemagne ou le Danemark, […] qui ont développé des façons de faire très agressives pour attirer ces talents-là ». La CRÉ propose, entre autres : la simplification des démarches d’immigration et de prolongement de séjour, la mise en place d’incitatifs financiers, des programmes d’intégration professionnelle et linguistique. Autant de systèmes déjà en place mais qui nécessiteraient des améliorations. Le maire de Montréal Denis Coderre offre son appui sur l’ensemble de ces mesures.

À la question du Délit sur les stratégies à mettre en place par les universités elles-mêmes, les représentants des différentes institutions ont mis l’accent sur les forces déjà existantes de l’enseignement à Montréal : la présence actuelle d’une forte communauté internationale, les bourses ou les méthodes pédagogiques. 

Un besoin de fond ?

L’enjeu principal est évidemment de nature économique. Dominique Anglade, présidente-directrice générale de Montréal International, insiste sur le « milliard de dollars qui est dépensé chaque année par l’ensemble des 25 000 étudiants internationaux que nous avons sur le territoire métropolitain [l’ensemble des dépenses, dont les frais de scolarité et les loyers, ndlr]. Un milliard significatif sur le développement économique de notre ville ». Sur cette somme, environ 88 millions de dollars contribuent au trésor public, selon le communiqué de presse. En outre, les travailleurs qualifiés générés par les universités, notamment dans les secteurs de haute technologie, sont une richesse pour la région.

Enfin, avec les récentes compressions budgétaires imposées aux universités, on peut légitimement se demander si leur intérêt dans le projet n’est justement pas de se renflouer, étant donné que les frais de scolarité des étudiants internationaux sont bien plus élevés que ceux des étudiants québécois et canadiens. « Non, répond M. Shepard. Au Québec, la majorité de cet argent est réinjecté dans le système. […] Il ne bénéficie pas uniquement à l’université ». Richard Fillion, président du Regroupement des collèges du Montréal métropolitain, précise que seulement 10% est conservé par les institutions.  « Attirer les étudiants étrangers a toujours fait partie de la mission de l’Université McGill, ajoute Mme Fortier. C’est une façon d’enrichir le milieu d’apprentissage de nos étudiants ».


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