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Pas brilliant, Dimwittie

L’apparente redécouverte d’une trilogie cinématographique.

Mieux connu pour avoir incarné l’inspecteur Clouseau dans La Panthère rose (1963), c’est dans la peau d’ Hector Dimwittie que Peter Sellers fit ses débuts dans cette série de courts-métrages issus d’une collaboration entre Lewis Greiffer (Dr. Who, Danger Man) et Mordecai Richler. Or bien que le personnage de Dimwittie préfigurait déjà certains traits de caractère qui firent de Clouseau l’une des figures les plus appréciées des séries policières jusqu’à sa récente interprétation par Steve Martin (2006), force nous est de constater que la postérité réserva à ces deux anti-héros un sort bien différent.

En effet, la médiocrité qui fit de Dimwittie une sorte d’Homer Simpson britannique de l’après-guerre ne mit guère en valeur les talents de Sellers, ce qui explique peut-être pourquoi ce qui fut conçu à l’origine comme une série de dix épisodes finit par être converti en trilogie. Et pourtant, en dépit d’un rythme un peu lent et d’un scénario qui ne privilégie guère les punchs, ces courts-métrages ne sont pas dépourvus de qualités que l’on s’attend à retrouver dans l’écriture d’un auteur de la trempe de Richler. Prévisible jusque dans ses chutes, son humour évite néanmoins la facilité des gags et parvient à présenter une critique de la société de consommation à peine voilée sous les commentaires ironiques d’un narrateur dont la forte présence demeure l’une des caractéristiques les plus intéressantes de la trilogie. 

Qu’il s’agisse des efforts ridicules d’un vendeur qui s’efforce en vain d’obtenir autant de succès que son beau-frère ou bien de l’insomnie d’un employé qui craint de perdre son emploi en exigeant une augmentation de salaire à l’instigation de sa femme, Dimwittie offrait sans doute à ses contemporains un miroir à peine distordu du nouveau système de valeurs qui triomphait durant les Trente Glorieuses. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’absence de remise en question fondamentale de ces valeurs dans la société contemporaine — laquelle n’en reste pas moins ancrée sur le triangle travail-famille-plaisir — font de ces courts-métrages un « trésor de l’histoire du film » aux dires du festival de film de Niagara Bill Marshall, lequel introduisit pour la première fois la trilogie Dimwittie au Canada au mois de juin. 

Plusieurs bémols viennent tempérer une telle affirmation, dont le moindre n’est certes pas la piètre qualité du son et de l’image dans la troisième pellicule. En effet, tout comme le court-métrage précédant qui vantait les mérites de l’insomnie, Cold Comfort (que l’on pourrait traduire par : Les avantages d’un rhume) se présente comme la parodie d’un message de propagande visant à populariser certaines pratiques ou comportements. En dépit des variations dans le contenu, la répétition du procédé se révèle décevante, d’autant plus que le personnage de Dimwittie s’efface de plus en plus d’un court-métrage à l’autre. Dommage.


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