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#paniquePQ

De quoi pourrait-on bien parler ?

Des élections peut-être ? Encore.

Il faut dire que cette campagne qui s’annonçait « plate » est pleine de rebondissements.

Le droit de vote-même a été au cœur des discussions cette semaine.

Un mouvement né sur le campus de l’Université McGill au cours de la dernière semaine suscite une importante réflexion à propos des droits démocratiques dont disposent les étudiants canadiens originaires d’une autre province que le Québec.

Le 20 mars dernier, le réseau CBC relayait en manchette l’histoire d’un étudiant de McGill en troisième année en génie chimique originaire de la Colombie-Britannique, Dune Desormeaux, qui s’est vu refuser le droit de vote au bureau électoral de Westmount-Saint-Louis la semaine dernière. Or, Monsieur Desormeaux réside au Québec depuis plus de trois ans et compte bien rester au Québec après ses études.

La loi prévoit qu’un citoyen canadien de plus de dix-huit ans et domicilié au Québec depuis plus de six mois peut se prévaloir de son droit de vote. Même si cette disposition semble claire, il faut savoir que la notion de « domicile », par opposition à celle de « résidence », implique que la personne a démontré clairement qu’elle entend demeurer au Québec. Conformément à l’esprit de la loi électorale, le Dircteur général des élections du Québec (DGEQ) doit prouver hors de tout doute raisonnable que les étudiants provenant d’autres provinces canadiennes qui souhaitent s’inscrire sur la liste électorale n’ont pas l’intention de rentrer chez eux au terme de leurs études. Selon un communiqué publié par le DGEQ en fin de semaine, « le domicile est […] le lieu où sont associés des gestes ou des “états” importants de la vie civile d’une personne ».

Ainsi, les étudiants qui se sont présentés au bureau électoral de leur circonscription avec leur bail en main comme seule preuve de domicile ont été déçus. En effet, le bail n’est pas considéré comme une preuve suffisamment précise pour attester de l’intention d’une personne de demeurer au Québec de façon permanente.

En chute libre dans les intentions de vote, le Parti Québécois (PQ) a sauté sur l’occasion pour échafauder une stratégie autour de cette nouvelle. Dimanche dernier, le candidat du Parti Québécois dans Chambly et ministre de la justice dans le gouvernement du PQ Bertrand Saint-Arnaud, accompagné du candidat du Parti Québécois dans Laval-des-Rapides Léo Bureau-Blouin, ont tenu une conférence de presse pour dénoncer le fait que des « étudiants de l’Ontario » cherchaient à « voler » l’élection. Ce discours laissait sous-entendre que des individus avaient essayé d’obtenir le droit de vote frauduleusement. Or, il n’a jamais été question d’autre chose que d’étudiants cherchant à clarifier les droits dont ils disposent en vertu d’une loi électorale dont l’interprétation est vraisemblablement ambiguë.

Ce « grand complot » imaginé par le PQ serait en marche dans les circonscriptions de Sainte-Marie-Saint-Jacques et Westmount-Saint-Louis notamment, où beaucoup d’étudiants anglophones habitent.

Pourtant, si on compare les nouvelles inscriptions sur les listes électorales dans ces comtés cette année et en 2012, on ne constante aucune augmentation flagrante. Il y avait même plus de de nouveaux inscrits en 2012. À l’époque personne ne s’en était vraiment plaint.

Le PQ est-il rendu si bas, si désespéré parce que son plan pour être élu majoritaire ne marche pas si bien qu’il l’attendait, qu’il doit s’abaisser à ce genre d’insinuations ? Dans tous les cas, le simple fait qu’un parti politique vienne remettre en question le travail du Directeur général des élections est consternant. Au contraire, les partis devraient réaffirmer leur entière confiance dans cette institution neutre qui œuvre pour le bon déroulement de cette élection.

Enfin, on martèle sans cesse l’importance pour les jeunes d’aller voter, de se sentir concernés par les campagnes électorales. Mais quand, justement, ils commencent à montrer leur intérêt et leur volonté de s’impliquer, on voudrait les rappeler à l’ordre et leur demander de calmer leurs ardeurs ?

Constatant probablement que la stratégie se retournait contre son parti, la Première ministre s’est tout de même dite « rassurée » par les explications publiées par le DGEQ sur son site Internet le 22 mars dernier. Mais le mal était fait.

Le problème du PQ, c’est que cette stratégie n’a justement rien de stratégique. En effet, la déconfiture du PQ dans les sondages des derniers jours n’est probablement pas étrangère à cette surenchère sur la question identitaire mise de l’avant par les troupes de Pauline Marois depuis le début de la campagne.


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