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Claude Ryan, dix ans plus tard

Une carrière célébrée.

À l’occasion du 10e anniversaire des funérailles de Claude Ryan, le centre Newman de l’Université McGill a organisé les jeudi 13 et vendredi 14 février un symposium sur l’héritage de cet ancien premier ministre et journaliste. Dans la foulée d’une conférence récemment tenue à l’université par le libéral Justin Trudeau, ces deux jours de débat autour de la pensée libérale de Claude Ryan ne marquent en aucun cas une tendance politique à McGill, selon Robert Di Pede, organisateur de l’événement. Ce dernier parle d’une opportunité d’exprimer l’enthousiasme que les contemporains de Claude Ryan continuent à avoir pour lui. Le symposium a d’ailleurs pris une ampleur nationale de par l’envergure du public et des conférenciers. Étaient présents entre autres Bernard Descôteaux, directeur du quotidien Le Devoir, Jean Charest, ancien premier ministre du Québec et Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada. Une telle liste marque indéniablement le poids de la personnalité de Claude Ryan dans le monde intellectuel canadien. 

Les débats de jeudi ont abordé la question du rapport entre trois entités « distinctes et pourtant inséparables » selon Robert di Pede, dans lesquelles Claude Ryan était très engagé de son vivant : la politique, la religion et l’éducation. La Chaire Kennedy Smith en études catholiques, la Faculté des études religieuses et le Centre de Recherche sur la Religion de McGill ont aussi pris part à l’organisation de ces deux journées. Monsieur Di Pede dit ainsi affirmer le statut de l’université comme endroit où se débattent de grandes idées, espérant des désaccords pour une discussion nuancée. Il souhaitait également rétablir l’image d’un homme de contrastes, souvent victime de nombreuses caricatures à son égard.

L’empreinte journalistique

D’abord engagé dans les mouvements sociaux, Claude Ryan s’est perpétuellement investi dans ce qu’il appelait le « réveil du sentiment du devoir public sous toutes ses formes », rapporte Bernard Descôteaux. Monsieur Ryan veut faire de la responsabilité un guide de la conscience collective. Il est alors intellectuel et journaliste. En 1964, il prend les rennes du quotidien Le Devoir, impliqué tant dans la production intellectuelle que matérielle du journal. Il veut réaffirmer l’image d’un quotidien fort de son « austérité » et de sa « vitalité », écrit-il à l’occasion des soixante ans du Devoir. En tant que journaliste, la plume de Monsieur Ryan émerge au milieu des années 1960 et 1970 dans un monde marqué par la prépondérance grandissante de l’électronique. Claude Ryan, quoique critiqué pour son manque d’adaptation à cette nouvelle technologie, a été reconnu pour la qualité de ses écrits, comme l’explique la journaliste indépendante Gisèle Gallichan. En effet, défend-elle, ses écrits lui confèrent une crédibilité et une renommée certaine. En matière de journalisme il devient « Dieu de l’Olympe ». Le lire est une « nécessité professionnelle » : ses éditoriaux sont controversés, applaudis par certains et critiqués par d’autres, mais enfin toujours consultés. Idéologiquement, Claude Ryan est un homme qui voit de l’avant. « La perception que l’on a de certaines vérités est elle-même susceptible de progrès » écrivait-il dans son journal en 1970. Pourtant, le journaliste devenu homme politique influent ne s’adapte pas à aux plateformes multimédias qui prolifèrent de son vivant. Il est qualifié de rétrograde et en partie discrédité par son refus de travailler son image. « Qu’on me prenne comme je suis, c’est ce que je dis qui compte », déclarait-il.


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