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Légalité aléatoire

À Québec lundi soir le 28 mai, les manifestants pris en tenaille par les policiers n’étaient pas tous illégaux.

Vers 21h00, un groupe d’une quinzaine de manifestants se sont écartés de la manifestation principale au moment où les policiers avaient annoncé l’illégalité de la manifestation. Ils ont marché vers le lieu où se déroulaient les négociations. Les policiers leur ont conseillé de manifester sur les trottoirs en leur assurant : « Vous pourriez être 15 ou 65, si vous êtes sur les trottoirs, on ne vous arrêtera pas ».

Selon les dires de Jean-Bernard Carrier, jeune enseignant venu soutenir les étudiants, les manifestants dits « légaux » ont toutefois mal été informés. Dès que la manifestation illégale les a rejointes sur le parvis du bâtiment où se déroulaient les négociations, les policiers n’ont plus tenus compte de ce qui avait été dit précédemment. Tous, sans exception, étaient pris en souricière par les policiers de la Ville de Québec, rapidement remplacés par l’escouade anti-émeute.

« On est vraiment frustré de la situation, on avait pris la peine de s’écarter dès qu’ils nous ont dit de se disperser, et maintenant, on va se faire arrêter comme tous les autres », s’exclame Marianne, une cégépienne de Québec.

Léo-Bureau Blouin, qui a pris la parole alors que des manifestants se faisaient arrêter, soutenait que leur avocat, Félix-Antoine Michaud, continuait à négocier la libération de la poignée de manifestants, encore pris au coin de René-Lévesque. « On a fait ce qu’on a pu pour vous sortir de là, mais nous n’avons pas réussit », annonçait-t-il un peu plus tard.

Pour Jean-Bernard, il n’est toutefois pas question de se faire arrêter : « J’ai clairement expliqué au policier que la scène avait été filmée par un journaliste. J’en déduis que c’est la pression des médias qui a fait changer d’idée les policiers ». En effet, vers 22h30, un groupe est libéré ; aléatoirement, selon René-Pierre, qui y était aussi : « Je me sens mal pour ceux qui restent derrière. On aurait pu raconter n’importe quoi, ils n’ont pas pris la peine de vérifier » avance-t-il, en ajoutant qu’à mesure que le conflit s’envenime, il «’s’indigne de plus en plus ».

Ce genre de scène fait partie du quotidien depuis quelques semaines. Pourtant, selon Jean-Bernard Carrier, le fait de ne parler que du conflit à Montréal centralise le débat. « Les médias réduisent le conflit à un phénomène Montréalais alors qu’on en est à plus d’une vingtaine de manifestations à Québec ! ». En effet, il a fallu des arrestations massives après l’annonce de la loi spéciale pour que Québec soit pris en compte.


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