Aller au contenu

Dallas Buyers Club

« Le quoi ? »

–T’as vu le film de Jean-Marc Vallée en lice aux Oscars ?

– Le quoi ?

– Tu sais, le truc avec Matthew McConaughey ?

Le mec prononce Maffue MacCognaheille.

– Ah, lui ? Avec Jean-Marc Vallée ?

Des images de C.R.A.Z.Y. refait en mode comédie romantique me viennent à l’esprit ; ça ne me donne pas envie de voir le film.

– Ouais, j’te dis, c’est vraiment bien à ce qu’il paraît… une espèce de film qui n’y va pas par le dos de la cuiller… y’a même Jennifer Garner dedans !

Le duo bombe-hollywoodienne et sexiest-man-alive-de-People-magazine-en-2005 me fait penser à The Wedding Planner avec Jennifer Lopez. « Aïe ». À How to Lose a Guy in 10 Days avec Kate Hudson. Wah. À Failure to Launch avec Sarah Jessica Parker. « Raaahhh ». J’vais t’en faire, moi, un Failure to Launch et je ne launcherai pas mon corps vers un endroit où je verrai un autre film avec Maffiou MaqueConlehaie, bon. Pas envie.

– Ça vient quand même de rafler tous les prix possibles – Screen Actors’ Guild, Golden Globe, TIFF, tout ce que tu veux, six nominations aux Oscars, rien de moins – et surtout pour la performance de Mac…ah-pis‑d’la-marde… tu vois de qui je parle.

Ma curiosité est piquée, du moins par l’emphase qu’accordent les sourcils de mon interlocuteur lorsqu’il prononce le mot « six ».

– C’est une histoire hyper grinçante ; un redneck, petite star de rodeo au Texas, homophobe à bloc ; il fume comme une cheminée, abuse de drogues et d’alcool, joue tout ce qu’il peut jusqu’à s’en faire casser la gueule, baise tout ce qui a un pouls…

– Attends, alors McMarde, il est pas blond, bronzé et insipide dans ce film-là ?

– Du tout ! Un regard pénétrant à t’en faire frissonner. Et du coup, son personnage de redneck – d’ailleurs tout maigrichon, il a perdu 20 kilos pour le rôle – apprend qu’il a le SIDA et qu’il lui reste trente jours à vivre. De fil en aiguille, il finit par se trouver une façon de rester en vie en montant une opération d’importation de médicaments avec un Jared Leto en travesti. À l’époque, tout ce que l’hôpital pouvait lui offrir, c’était des doses trop fortes d’AZT, drogue expérimentale et très nocive, mais dont la vente profitait aux compagnies de pharmaco. Tout ce qui pouvait aider n’était dispo qu’à l’international et n’était pas approuvé par la FDA.

– C’est un documentaire ou quoi ?

– Bah, y’a quand même un bon côté based on a true story, mais combatif. T’en apprends plein sur la situation des sidatiques au Texas dans les années 1980, les traitements alternatifs comme le DDC et le Peptide T, les combats légaux qui se sont menés, les préjugés par rapport aux sidatiques à l’époque, à l’homosexualité… non, j’te dis, c’est du consistant.

– Et pis Vallée, là-dedans ?

– Il rend ça bien crade, il choisit de filmer dans de vrais trailer parks, de vrais enclos de rodeo… à la Nouvelle-Orléans. Il ne nettoie rien ; tout est dégueu à souhait. Ça rajoute un sens d’instantanéité qui cadre bien avec sa caméra nerveuse et le scénario – de Craig et Melisa quelque chose – vraiment… urgent. Ça urge ; c’est génial. Du beau boulot, mais j’te dis : le tout repose sur les épaules maigrelettes de Mc…


Articles en lien