Aller au contenu

Consentement ?

Dans un article publié dans le quotidien montréalais The Gazette début novembre, on apprenait que trois joueurs des Redmen, l’équipe de football de McGill, étaient accusés d’agression sexuelle. Les faits datent de l’automne 2011. Les trois joueurs – dont certains jouaient encore jusqu’à hier dans l’équipe de l’Université – iront en cour le mois prochain, en audience préliminaire, pour répondre à des accusations de « viol avec arme et séquestration ».

Cette affaire a été l’occasion de relancer le débat sur la culture du viol dans le milieu du sport, et de se questionner sur les services en place à McGill pour répondre à de telles situations.

C’est aussi l’occasion – et c’est ce qui pourtant semble être « passé à la trappe » d’une certaine manière – d’avoir une vraie discussion sur la culture du viol à l’université et chez les jeunes en général, dans tous les milieux de la société.

En se focalisant sur le fait que les accusés sont des joueurs de football, on omet une partie du problème. La culture du viol est partout : voilà le réel souci. Oui, il est possible que le milieu du sport véhicule des normes et des attitudes qui perpétuent la culture du viol. Mais l’absence de consentement qui caractérise le viol se retrouve partout, pas seulement chez les sportifs, mais chez tous les autres étudiants aussi.

Un étudiant lambda qui apprendra cette histoire des joueurs du Redmen pourra bien s’indigner de l’affaire. Il dira ne pas se reconnaître dans ces jeunes joueurs de football. Et pourtant, peut-être aura-t-il lui même déjà contribué à promouvoir la culture du viol. Combien d’étudiants à McGill peuvent affirmer n’avoir eu que des rapports sexuels consensuels ?

Consentir à une activité sexuelle, cela veut dire l’accepter sans force ni contrainte. La loi prescrit qu’une personne prenne toutes les mesures possibles pour s’assurer du consentement. Le consentement n’est pas valide en vertu de la loi si une ou les deux personnes impliquées ne sont pas en mesure de prendre une décision – par exemple sous l’influence d’alcool ou de drogues.

Le 24 octobre dernier, une motion pour bannir la chanson « Blurred Lines » de Robin Thicke dans le bâtiment de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) avait été proposée au Conseil législatif de l’association. Une demande maladroite et pas forcément efficace : on préfère la censure, solution radicale, au lieu de justement discuter du problème et tenter de sensibiliser les étudiants qui écoutent cette chanson. Mais l’histoire témoigne d’un malaise général vis-à-vis de toutes ces chansons, ces produits de la culture pop qui perpétuent la culture du viol.

Le Centre d’agression sexuelle de McGill SACOMSS (Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society) a dénoncé le manque de réponse de la part de McGill à cette « culture du viol, en général ».  « McGill doit être responsable de faire face aux préjudices causés au sein de sa communauté. Quand l’administration cessera-t-elle de faire des déclarations vides et commencera-t-elle à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la perpétuation de la culture du viol sur notre campus ? » dit SACOMSS dans son communiqué officiel en réponse à l’affaire exposée par l’article de la Gazette. « Actuellement, il n’existe pas de politique pour mandater des services de soutien et des campagnes de sensibilisation ou de plan sur la façon dont McGill devrait répondre aux agressions sexuelles » explique SACOMSS. C’est effectivement d’abord et avant tout des campagnes de sensibilisation qui seraient bénéfiques à la communauté mcgilloise. L’affaire remise a l’ordre du jour par la Gazette montre que les crimes de harcèlement et d’agressions sexuelles sont des réalités auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement, et ce même au sein d’une université d’enseignement supérieur réputée telle que McGill.

 

***************************************************************************

Conseil de Rédaction du Délit

Référendum de l’AÉUM

Du 6 au 15 novembre, les étudiants de premier cycle sont appelés à voter pour le référendum de la session d’automne de l’AÉUM. Trois questions sont à l’ordre du jour, et le conseil de rédaction du Délit s’est positionné sur chacune d’entre elles.

Midnight Kitchen

Le Délit vote « oui » au référendum d’existence de Midnight Kitchen (MK) et se positionne en faveur d’une augmentation des frais allant à MK, qui passeraient de 2,25 dollars à 3,25 dollars par session. Nous acceptons aussi que de tels frais soient indexés à l’inflation pour les cinq années à venir.

Le conseil de rédaction estime que Midnight Kitchen est un service essentiel et réellement utile pour beaucoup d’étudiants. Mise à part sa cotisation par semestre, l’étudiant n’a rien à payer pour les services offerts. Il peut aussi laisser une contribution volontaire s’il le veut.  L’association MK estime qu’une augmentation des frais est vitale pour son bon fonctionnement, sans quoi elle serait vouée à disparaître. « Victime de son succès », MK accueille de plus en plus d’étudiants. Nous soutenons donc le « oui » pour cette motion.

Garderie de l’AÉUM

Le conseil de rédaction du Délit a décidé de voter « oui » au référendum d’existence et à l’augmentation des frais semestriels de la garderie de l’AÉUM. L’augmentation d’un dollar – qui ferait passer les frais de 1,50 à 2,50 dollars – permettrait de ne pas diminuer le nombre d’enfants que le service de garde peut accueillir. Il est important de noter que les frais de cotisation étudiants n’ont jamais changé depuis la création de l’infirmerie de la garderie en 2009. Un plus grande participation financière de la part de tous les étudiants est aujourd’hui vitale.

Le Délit vote aussi à l’affirmative pour l’indexation des frais à l’inflation pour les cinq prochaines années.

Nouvelle Constitution pour l’AÉUM

Après délibérations, Le Délit choisit de s’abstenir quant à la mise en place d’une nouvelle Constitution pour l’AÉUM. En effet, si beaucoup des changements ne concernent que la forme (des définitions plus précises, des détails légaux modifiés), un changement plus notable nous laisse perplexes. En effet, les membres du Conseil législatif de l’AÉUM ne pourront devenir membres du Conseil d’administration de l’association (Board of Directors, BoD) qu’après un vote majoritaire à l’Assemblée générale (AG) semestrielle. Auparavant, de telles décisions étaient prises au sein du Conseil législatif. Le BoD est le corps décisionnel le plus puissant de l’AÉUM – il a entre autre l’habilité de prendre des décisions financières. Le Délit s’inquiète qu’un tel choix signe l’arrêt de mort du BoD, puisque que le quorum n’est généralement jamais atteint aux AG. Sans le quorum, le Conseil législatif occuperait les fonctions jusqu’à l’AG de la session suivante. C’est d’ailleurs ce qui a eu lieu le 11 octobre dernier. Devant une décision si floue, le conseil de rédaction décide de voter blanc.


Articles en lien