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Plan Nord, Plan Mort

Des manifestants qui veulent se faire entendre

Dans le cadre du Salon des Ressources naturelles se tenant vendredi et samedi derniers au Palais des congrès de Montréal, deux manifestations ont eu lieu pour s’opposer au Plan Nord.
Ce projet a été initié en mai 2011 par l’ancien gouvernement libéral de Jean Charest et a pour but de développer l’économie du Québec au nord du 49e parallèle. Le Plan Nord veut favoriser l’expansion de plusieurs compagnies minières, forestières et de l’industrie du tourisme, permettant ainsi au Québec d’atteindre la scène internationale et de créer des milliers d’emplois pour les vingt-cinq prochaines années. Il prévoit aussi des programmes de protection et de préservation de la faune et des écosystèmes.
Depuis sa conception, le Plan Nord sème cependant la controverse et soulève des questions autant chez les économistes, les groupes écologistes, les nations autochtones, que chez les défenseurs des droits humains. On lui reproche de ne pas assez prendre en compte les nations autochtones, de dilapider les ressources québécoises au profit des grandes entreprises impliquées dans le projet et il est craint que les mesures pour protéger l’environnement et la faune sur ce territoire soient insuffisantes.
Lors de la tenue du Salon Plan Nord en avril dernier, les manifestations avaient pris une tournure inattendue et les policiers avaient dû procéder à de nombreuses arrestations parmi les milliers de participants. Cette année, les policiers du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) s’étaient préparés à toute éventualité et étaient présents en grand nombre.

Un vendredi « calme »
Ils n’étaient cependant qu’une centaine, vendredi, à braver le froid et la tempête devant le Palais des congrès pour s’opposer au développement du Plan Nord. La manifestation « Perturbons leur salon » a débuté vers 12h30 dans un climat qualifié de « calme » par l’un des agents de médiation du SPVM. Pendant la marche, les manifestants ont joint leurs voix pour dénoncer le peu de changement apporté par le gouvernement Marois à ce projet par rapport à l’ancien gouvernement libéral. Plusieurs ont aussi tenu à faire savoir leur opposition aux aspects colonialistes et capitalistes du projet, entre autres afin de soutenir les communautés innues qui sont directement affectées par le projet.
Sans porte-parole officiel ni discours prévus pour conclure l’événement, il semblait manquer d’organisation et de cohésion au sein du groupe. Rapidement, l’escouade anti-émeute a rejoint les nombreux policiers déjà sur place afin de disperser les manifestants et mettre fin au rassemblement.
Certains manifestants ont déploré la faible participation à la manifestation. Le mauvais temps et la lassitude suite aux nombreuses manifestations du printemps dernier pourraient selon eux expliquer ce taux de participation réduit par rapport à l’an dernier. Il n’y a eu aucune arrestation lors de cette première journée de protestation. Cependant, tel qu’indiqué sur le site de Radio-Canada, il y aurait eu, selon les autorités, des actes de vandalisme commis sur trois voitures de police, des graffitis dessinés sur des bâtiments ainsi qu’une vitrine brisée.

Arrestations de masse
Le deuxième jour du Salon des Ressources naturelles, ils étaient encore peu à répondre à l’invitation lancée par le Réseau de Résistance du Québécois (RRQ) pour s’opposer au projet du Plan Nord. Cette fois-ci, la manifestation a été déclarée illégale étant donné qu’aucun trajet n’avait été donné aux policiers.
Les forces de l’ordre ont dû intervenir dès le début du rassemblement lorsqu’une vitre qui donnait accès à l’entrée du bâtiment a été fracassée et une fusée éclairante a été lancée à l’intérieur. Les manifestants se sont rapidement dispersés, suivis de près par les policiers.
Quelques minutes plus tard, les manifestants se sont retrouvés au point de départ, dans le calme. Le SPVM a alors annoncé aux manifestants que tout rassemblement serait dorénavant considéré comme étant un « attroupement illégal » et qu’ils pourraient procéder à des « arrestations de masse ». Ils ont cependant toléré pendant une vingtaine de minutes que les protestataires demeurent sur place. Ces derniers se sont ensuite séparés en deux groupes se dirigeant dans des directions inverses. Certains d’entre eux ont réussi à entrer à l’intérieur du Palais des congrès par l’accès au stationnement situé sur le côté du bâtiment, mais ont rapidement été contrôlés par la police.
À la différence de la veille, les policiers ont eu plus de difficulté à disperser les manifestants. Ils y a également eu quelques altercations entre les policiers et certains protestataires. Au bilan, selon l’agence QMI, les autorités auraient procédé à trente-six arrestations, incluant trente-deux pour attroupement illégal, trois pour voie de fait sur policier et une pour recel. On aurait aussi rapporté qu’il y avait neuf mineurs parmi les arrêtés.
Certains manifestants interrogés suite aux événements ont critiqué la présence aussi importante de policiers pendant l’événement. En effet, certains croient que cela aurait rendu l’atmosphère tendue et propice à la confrontation. Une manifestante a aussi déploré le malheureux acte de vandalisme isolé qui a empêché l’événement d’avoir lieu comme prévu. Elle croit que cet acte isolé ne justifiait pas l’intervention d’autant de policiers contre si peu de manifestants.
Ces manifestations s’inscrivaient dans le courant du mouvement « Idle no more » et suivaient de près certaines des revendications énoncées par les étudiants lors de la grève du printemps passé. En somme, malgré la tournure des événements inattendue des protestations d’en fin de semaine, plusieurs manifestants considèrent avoir envoyé un message au gouvernement : la lutte n’est pas terminée et il se doit d’écouter ses citoyens.


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