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Le méchant de l’histoire : le CRTC

Attention, chronique de droite !

Le 18 octobre dernier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Canada (CRTC) s’opposait à l’achat d’Astral par Bell (BCE). Jean-Pierre Blais, président du CRTC, dit avoir agi dans l’intérêt des consommateurs canadiens. Dans l’intérêt des consommateurs canadiens, vraiment ? Disons plus dans les intérêts de Québecor Média et des autres grands groupes de l’oligarchie de la télécommunication canadienne.
En ce moment, Québecor possède 35% des parts du marché des téléspectateurs francophones. Bell et Astral combinées auraient atteint 32%. Pourtant, Québecor s’opposait farouchement à la transaction. Ceux qui écoutent la télévision auront vu les publicités où un pauvre consommateur devient victime des mauvaises pratiques de convergence du nouvel empire Bell. J’avais une impression de déjà vu. Je ne sais pas d’où elle venait…
George Cope, PDG de BCE, avait promis la création d’une nouvelle salle nationale de nouvelles francophones basée à Montréal, en plus d’une panoplie d’investissements culturels, notamment en musique, en cinéma et en télévision. Plus de 240 millions de dollars sur sept ans étaient sur la table. Au Québec, l’information télévisée est vraiment monolithique. Deux joueurs se partagent le marché : Radio-Canada et TVA. Avec un seul d’entre eux étant privé, il me semble qu’un peu plus de compétition n’aurait pas fait de tort.
Le libre marché dicte que cette transaction devait avoir lieu. 99% des actionnaires d’Astral l’approuvaient. Elle aurait été bénéfique pour le milieu québécois de l’information. Oui, elle aurait créé un géant au Canada anglais, avec un peu moins de 43% des parts de marché télévisuelles, mais cela se règle aisément. Comment ? En ouvrant la frontière canadienne aux investisseurs étrangers en télécommunications. Le CRTC, avec cette décision, a prouvé qu’il ne servait qu’à cartelliser l’industrie médiatique canadienne. Les grandes corporations comme Rogers, Telus, Québécor et autres ne peuvent demander mieux : inutile de conspirer pour extorquer les consommateurs, le gouvernement s’en occupe. Les Canadiens n’ont pas besoin de voir leur culture protégée par d’anciens employés des grands groupes médiatiques. Ils sont aptes à choisir leur câblodistributeur seul. Ils sont capables de zapper quand le programme qu’ils écoutent les emmerde, même si celui-ci est 100% Canadian. Ils sont aussi aptes à préférer AT&T à Rogers pour leur cellulaire.
Le Canada est présentement le pays où les factures de cellulaire sont les plus chères, et ce n’est pas parce que nous sommes très étendus. Nous avons juste le malheur d’avoir des bureaucrates et des politiques qui considèrent le 47e parallèle comme une frontière pertinente dans un milieu qui devrait jouir d’un marché globalisé. Les avantages du libre-échange ne sont plus à démontrer. Pourquoi ne pas en profiter dans le milieu des télécommunications ?
La réponse se trouve dans la décision Bell-Astral. Le CRTC n’a pas comme mandat réel de se soucier du petit consommateur qui n’a pas des millions à dépenser sur des lobbyistes. Il doit protéger les joueurs en place, les asseoir dans leur confort et leurs profits et s’assurer qu’ils ne soient jamais dérangés par des innovateurs dans leur garage qui trouveraient le moyen de vous faire utiliser un téléphone cellulaire sans avoir à payer pour un forfait Voix.
George Stigler, économiste américain de l’école de Chicago, appelait cela la « capture réglementaire » où des intérêts spéciaux prenaient le contrôle d’organismes supposément conçus pour défendre l’intérêt public. Aucune réglementation n’est donc préférable à une telle réglementation.
Je traduis cela en termes que Jean-Pierre Blais devrait comprendre : vous ne devriez pas être à la tête du CRTC, parce que le CRTC ne devrait tout simplement pas exister. x


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