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Les deux manières de ne pas payer d’impôts

Attention, chronique de droite !

Le 7 octobre dernier, André-Philippe Côté du Soleil dessinait une caricature disant qu’il y a deux moyens de ne pas payer de l’impôt : aller vivre dans la rue ou devenir millionnaire.

Les dernières semaines auront été riches en matière de débat fiscal. Les nantis doivent faire leur part, disait Nicolas Marceau, le nouveau ministre des Finances. Il fallait donc les taxer généreusement, comme s’ils étaient un puit sans fond, même si ce n’était pas prévu dans le budget de l’année fiscale en cours. Vous vous douterez que je trouvais ces mesures ridicules, inutiles et contre-productives. Elles ont cependant mis deux choses en relief : au Québec, nous n’aimons pas les riches et nous ne désirons pas parler d’impôt sans sombrer dans l’idéologie.

Au cours du boycott étudiant, Gabriel Nadeau-Dubois a souvent avancé une proposition de l’IRIS. Il faut instaurer dix paliers d’imposition et payer la gratuité scolaire ainsi. Cela aurait permis de répondre à ces demandes et de faire payer ceux qui s’en « mettent plein les poches ». Le Parti Québécois et la Coalition Avenir Québec ont fait écho à ces idées, sans aller aussi loin. Les deux proposaient de taxer davantage les « hauts » revenus, ainsi que les gains en capital. Petit détail, on n’est pas riche quand on gagne 100 000$ par an. On est aisé, mais certainement pas riche. Il y a cette vieille conception au Québec comme quoi quelqu’un de fortuné ne peut avoir atteint ce statut qu’en abusant de ceux l’entourant. Il doit avoir gagner son argent sur le dos des autres. Jamais cela ne nous vient à l’esprit que nos « riches » sont des entrepreneurs qui ont, pour atteindre ce niveau de vie, sûrement connu de nombreuses fois la faillite. Cessons donc de percevoir nos nantis comme des voleurs. Ils sont des citoyens honnêtes comme nous tous. Ils servent à notre économie et méritent d’être parfois considérés autrement que  comme portefeuilles à la disposition de l’État.

Cette conception nuit au débat sur la fiscalité québécoise. Si des problèmes fiscaux pointent, il est facile de dire que ceux qui ont les moyens paieront la note et hop ! On passe à un autre appel. Nous n’entendons jamais que notre système est si complexe et labyrinthique que bien des riches se sauvent du fisc en toute légalité. Ils n’ont qu’à embaucher un comptable brillant qui saura leur dire tous les crédits, déductions et exonérations auxquels ils ont droit et la facture du gouvernement s’en verra directement réduite. Le vrai débat se trouve là. Nos taux d’imposition sont suffisamment élevés, voire trop, pour toutes les catégories de revenu. Il faut maintenant mieux percevoir l’impôt et cela passe par une fiscalité plus simple pour le commun des mortels.

Avez-vous entendu Nicolas Marceau parler de ça ? Non. Aucun politicien ne voudra vous emmerder avec du blabla fiscal. C’est un sujet plutôt aride et vous ne ferez pas la manchette à TVA en mettant cela en avant. Cependant, maintenant qu’il est ministre des Finances, il doit voir plus loin que la prochaine une du Journal de Montréal. Un grand pas vers une fiscalité moderne demande une révision en profondeur de nos lois de l’impôt.

Ainsi, au Québec, le seul moyen de ne pas payer d’impôts sera d’avoir un revenu trop faible. ξ


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