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Bonjour la Polisse

Polisse suit le quotidien personnel et professionel parfois tumultueux des policiers de la brigade de protection des mineurs (BPM) de Paris.

Gracieuseté des films Seville

La BPM est l’équivalent français de la DPJ au Québec. La seule différence, c’est que ce sont des policiers qui figurent en bas de la hiérarchie de la police française. Leurs besoins passent souvent en derniers, contrairement à la brigade des stupéfiants.
Il est difficile de qualifier le style cinématographique de Maïwenn. Dans Le bal des actrices, son film précédent, la réalisatrice (qui joue son propre rôle) veut faire un documentaire musical sur les actrices françaises de tous les genres ; celles qui sont populaires ou déchues, celles qui jouent dans des films d’auteur, etc. Il n’est pas clair si le film est réellement un documentaire, ou si c’est un film de fiction sur un documentaire. Ainsi, la grande particularité de ses films est le sentiment extrêmement fort de « film réalité », une particularité qui n’échappe pas à Polisse.

Gracieuseté des films Seville

Le but de Polisse est de rendre hommage à ces gens qui consacrent leur vie à protéger celle des autres. Maïwenn a suivit la BPM pendant des mois pour écrire son scénario et démontrer l’exigence d’un tel métier, ainsi que les répercussions sur la vie personnelle des policiers. Le contenu du film est choquant à certains égards, et les spectateurs doivent se préparer à des scènes d’inceste, d’agressions sexuelles, de prostitution et de mauvais traitement. Bien sûr, étant un film de fiction, il y a un peu d’exagération dans les rencontres entre les policiers, les victimes ou les persécuteurs. Elles ne sont pas toujours aussi dramatiques, théâtrales et ne manquent pas toujours aussi cruellement de professionnalisme. Toutefois, elles sont généralement conformes à la réalité. On voit des gens très passionnés par leur travail, mais parfois exaspérés par la lourdeur des affaires. Chaque enfant sauvé est une célébration, à laquelle il faut se raccrocher dans les moments difficiles.

Côté interprétation, Maïwenn a réuni certains acteurs de sa formule gagnante du Bal des actrices comme Joey Starr (son conjoint à l’époque ; elle a écrit le film pour lui), Marina Foïs, Karin Viard et Karole Rocher. Tous les acteurs offrent des performances solides et réalistes, grâce à la préparation qu’ils ont eu lors de scéances de travail avec les policiers de la BPM avant le tournage. L’interprétation la plus touchante et naturelle est celle de Joey Starr, dans le rôle d’un policier parfois trop investi émotionnellement dans ses affaires. Sa plus belle scène est avec un enfant qui sera placé dans un foyer sans sa mère. La meilleure chimie est celle de Karin Viard et Marina Foïs qui entretiennent une étrange relation amicale, de quasi dépendance.
Le film a reçu des récompenses importantes, dont le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, ainsi que 13 nominations à la dernière Cérémonie des Césars, dont celui du meilleur film et du meilleur acteur pour Joey Starr. Le film a d’ailleurs remporté le prix du meilleur espoir féminin pour la superbe performance de Naidra Ayadi (ex-æquo avec Clotilde Hesme pour Angèle et Tony) et le meilleur montage.

Polisse est un film à la fois dur et touchant. En respectant le style ultra-réaliste de Maïwenn, il éveille les consciences et rappelle que les policiers de la BPM (ou les intervenants de la DPJ, selon le pays) exercent un travail difficile, souvent sévèrement critiqué et rarement valorisé. Le scénario est bien écrit et les interprètes sont très bien préparés, ce qui fait de Polisse une belle réussite cinématographique. Que les spectateurs soient avertis, ce n’est pas un film facile, mais qui mérite d’être vu.


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