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Misérable au masculin

Dans Albert Nobbs, Glenn Close interprète un serveur qui a abandonné sa féminité pour gagner sa vie en Irlande au XIXe siècle.

Gracieuseté des Films Seville

Albert Nobbs est un serveur discret de l’hôtel Morrison qui, à première vue, semble serein et irréprochable. Il cache pourtant un bien lourd secret  depuis ses 14 ans : son sexe.

À l’adolescence, se retrouvant sans famille dans un quartier violent d‘Angleterre, Albert Nobbs décide de se faire passer pour un garçon afin d’être embauché comme serveur. Cette décision marque le début d’une vie de secrets, de répression et de solitude.

Gracieuseté des Films Seville
Plus de 30 ans plus tard, l’arrivée de monsieur Baker, engagé pour repeindre l’hôtel, vient troubler l’équilibre d’Albert Nobbs. Alors qu’ils doivent partager la même chambre, Nobbs peine à garder son secret. Albert Nobbs est toutefois sans danger car monsieur Baker lui confie qu’il a lui aussi changé de sexe et qu’il a même une épouse. Cette rencontre inattendue plonge le protagoniste dans une crise existentielle déstabilisante. Pourrait-il, lui aussi, se marier et ouvrir son propre commerce avec sa bien-aimée ?

Cette idée est si belle dans son esprit, mais la pensée magique ne suffit malheureusement pas à la réaliser. Il a pourtant gardé son argent de côté et trouvé le local qu’il souhaite acquérir pour le projet. Il ne lui manque qu’une épouse.

Il se rapproche rapidement – et même brusquement- d’Helen (Mia Wasikowska), une jeune femme de chambre plutôt dégourdie. Il voit en elle une porte d’entrée vers la vie qu’il a toujours voulu mener. Les choses seraient plus simples si leurs rendez-vous n’étaient pas aussi embarrassants et si Helen ne s’était pas déjà entichée de Joe Mackins (Aaron Johnson), un séduisant nouvel employé de l’hôtel.

Gracieuseté des Films Seville
Un film insaisissable

Somme toute, malgré son propos intriguant, ce film manque d’ardeur et d’un fil conducteur. Plusieurs scènes, probablement utilisées pour illustrer le style de vie de l’époque, sont superflues et ont peu de sens dans le récit principal. Certains événements liés à la relation entre Albert et Helen paraissent parfois incohérents et peu crédibles.

Cet aspect est probablement accentué par l’irrégularité de la performance de Mia Wasikowska, dont le personnage est bien difficile à suivre. Les personnages sont pour la plupart intéressants, mais on n’en sait que trop peu sur leur histoire, leurs buts et leurs émotions.

Le personnage d’Albert Nobbs ne fait pas exception. Le réalisateur Rodrigo Garcia (Mother & Child, In Treatment) aurait gagné à nous en dévoiler un peu plus sur le protagoniste à l’allure fade et coincée. Il est difficile de s’attacher à un personnage aussi complexe, dont on ne comprend que partiellement le choix de vie. Si certains acclament l’interprétation masculine de Glenn Close pour ce rôle, on peut lui reprocher de jouer à travers une gamme d’émotion très restreinte, outre ses lèvres pincées, ses quelques tremblements de mâchoires et son regard qui réagit sous le coup de l’émotion. On cherche à savoir ce que le personnage ressent et l’on finit par se demander s’il le sait lui-même.

Albert Nobbs, ce fidèle et serviable « sweet little man », est un être qu’on ne parvient pas à saisir. On ne cherche pourtant qu’à le comprendre.

Albert Nobbs
Où :
Cinéma Quartier Latin
350 rue Emery
Quand :
Sorti le 3 février


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