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Gus Van Sant et ses faucheuses

Restless raconte l’histoire d’Annabel, une adolescente en phase terminale, et d’Enoch, un homme qui aime assister aux funérailles de parfaits inconnus et dont le meilleur ami est un fantôme de kamikaze japonais.

Gracieuseté de Sony Pictures Classics.

Gus Van Sant aime parler de la mort. Dans sa filmographie, on compte même une trilogie de la mort (Death trilogy). Cette série débute avec Gerry, sorti en 2002, qui parle de la mort de David Coughlin, tué lors d’une exploration du désert du Nouveau-Mexique. En 2003, Gus Van Sant a reçu la Palme d’Or au Festival de Cannes pour l’excellent Elephant, inspiré du massacre de Colombine. Finalement, en 2005, il présente le dernier opus de sa trilogie, Last Days, un film particulièrement long qui raconte les derniers jours de la vie de Kurt Cobain, défunt chanteur du groupe grunge Nirvana.

Gracieuseté de Sony Pictures Classics.

Avec Restless, Gus Van Sant offre quelque chose de complètement différent. Contrairement à ses films précédents, Restless traite d’une mort annoncée. Il n’est plus question de meurtres ou de décès accidentels, mais bien d’une mort naturelle, claire et prévisible depuis le début de l’histoire. Annabel (Mia Wasikowska) est mourante. Elle le sait et le gère merveilleusement bien. Toutefois, c’est l’impact de cette situation sur Enoch (Henry Hopper) qui est examinée, lui qui cherche l’ambiance morbide des services funéraires. Il se retrouve dans une situation où il devra lui-même gérer avec le futur décès de son amoureuse.

Le scénario en soi semble unique et prometteur. Toutefois, il manque un petit quelque chose à Restless pour le rendre excellent, que ce soit dans le scénario ou dans l’interprétation. Par exemple, pourquoi le meilleur ami d’Enoch est-il un fantôme japonais qui était un kamikaze durant la Seconde Guerre mondiale ?

Gracieuseté de Sony Pictures Classics.

Le film a été tourné à Portland, Oregon, lieu de résidence de Gus Van Sant et lieu de tournage d’Elephant. Comme dans ce dernier, nous retrouvons la banlieue de classe moyenne, plutôt tranquille, à la limite ennuyante. Il est donc très difficile de ne pas comparer Restless au bijou cinématographique qu’est Elephant, ce qui est injuste vu la hauteur à laquelle ce long-métrage a mis la barre. L’ambiance est la même dans les deux films : l’histoire se déroule à l’automne et on retrouve des couleurs similaires, beaucoup de brun, d’orange, de noir, de gris et de vert. Les rares couleurs claires et les teintes de bleu sont généralement portées par le personnage d’Annabel.

Côté performance, Mia Wasikowska (Alice in Wonderland, Tim Burton) est certainement la plus solide. Le personnage d’Annabel est attachant et d’une maturité rarissime. Il est plutôt difficile de croire qu’une adolescente accepte sa fatalité aussi bien qu’elle le fait.

En ce qui concerne Henry Hopper, fils de l’acteur américain Dennis Hopper, il en est à son premier grand rôle au cinéma. Sa performance est plutôt moyenne au début du film, mais il semble plus en contrôle vers la fin.

La bande sonore, composée par Danny Elfman, est excellente et très appropriée pour le film. Une musique de fond très douce, simple et agréable qui se mélange bien à l’histoire sans prendre trop de place.

Enfin, alors qu’Elephant nous donnait un coup de poing dans le ventre, Restless nous laisse plutôt sur notre faim. Mia Wasikowska offre une belle performance, mais il manque un petit quelque chose au scénario pour le rendre encore plus poignant et le distinguer d’Elephant.


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