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De Manhattan au Bauhaus

Le Musée des beaux-arts de Montréal retrace l’oeuvre de Lyonel Feininger.

Gracieuseté de The Feininger Family LLC/SODRAC

L’exposition de Lyonel Feininger au Musée des beaux-arts de Montréal est présentée selon la chronologie de production des œuvres de l’auteur, une des figures majeures de l’expressionnisme.  Lyonel Feininger a débuté sa carrière en tant qu’auteur de bandes dessinées publiées dans le Chicago Sunday Tribune. L’exposition commence donc par ses toutes premières caricatures, sous forme d’autoportraits.

Celles-ci étaient le plus souvent abstraites et caricaturaient une nature humaine harmonieuse et joviale.

Gracieuseté de The Feininger Family LLC/SODRAC
À partir de 1911, monsieur Feininger  se consacre à la peinture. Ses premières créations sont très influencées par le  fauvisme et sont également encore largement inspirées de ses dessins tant par leur style que par le recours à des couleurs vives. Telle que présentée dans la deuxième salle de l’exposition, sa première série de peintures est consacrée au thème des  moyens de locomotion de l’époque. Des peintures telles que Vélocipédistes ou Locomotive à grandes roues révèlent les progrès techniques du début du XXe siècle en matière de transport.

Toutefois, Lyonel Feininger se dégage rapidement de l’influence fauviste de sa première série. À  partir de la troisième salle,  les visiteurs découvrent le style cubiste de Lyonel Feininger. Ses premières œuvres dans ce style arborent des thématiques religieuses dont la magnifique : Jésuite III. Un ensemble d’arcs  présente des jésuites entre lesquels apparait une prostituée. Monsieur Feininger s’évertuait à dénoncer les dérives de la religion. Nicolas Mak, stagiaire au Musée des beaux-arts de Montréal explique que sa série sur les hauts immeubles est la plus représentative de son style et qu’on y retrouve également des éléments religieux : « Lorsque l’on observe la série de Lyonel Feininger consacrée à des édifices, on remarque la prépondérance des cathédrales. »

Dans cette série, les édifices émanent d’une succession de pentagones, d’hexagones et d’heptagones.

La dernière salle nous éclaire sur le changement drastique du style de Lyonel Feininger qui prend place en 1922 lorsque celui-ci part en croisière sur la mer Baltique. Subjugué par les étendues naturelles de la côte, Lyonel Feininger se met en quête de « visions d’aspirations ». Il cherche à interrompre la pression sur sa main lorsqu’il dessine, ce qui donne à son trait une forme de vibration.

Ce changement se reflète dans la série Gelmeroda, où Lyonel Feininger peint des voiliers, des paysages paradisiaques, tout en conservant son style cubiste, mais en y ajoutant des couleurs beaucoup plus chaleureuses. Ces couleurs reposantes sont supposées être également inspirées de la musique classique que Lyonel Feininger écoutait abondamment

La peinture de Lyonel Feininger, c’est aussi l’histoire d’un peintre Allemand dont les œuvres ont été  dénoncées par le gouvernement national-socialiste et qui a du trouver refuge aux États-Unis à partir de 1936 comme tant d’autres artistes.

Les visiteurs ne pourront s’empêcher de remarquer l’éclectisme de l’œuvre de Lyonel Feininger qui s’est intéressé à la photographie pendant une courte période. L’exposition est compacte ; les œuvres postérieures à 1922 sont rares. Le cubisme de Lyonel Feininger, loin d’être aussi abstrait ou complexe que celui de Picasso, est infiniment plus facile d’accès pour le grand public.

Lyonel Feininger : de Manhattan au Bahause
Où :
Musée des beaux-arts de Montréal, 1380 rue Sherbrooke Ouest
Quand :
Jusqu’au 13 mai 2012


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