Aller au contenu

Occupons Montréal avec un grain d’optimisme

« Un mouvement non violent, inclusif et bilingue », tel est décrit le mouvement Occupons Montréal qui s’est installé le 15 octobre au Square Victoria.

Inspiré du mouvement de protestation Occupy Wall Street, la beauté de ce mouvement maintenant planétaire réside en sa capacité à unir les citoyens de tous horizons politiques dans un but commun : reprendre le contrôle de l’économie et réformer la politique afin que les 99% qui ne font pas partie de la classe supérieure puissent eux aussi bénéficier du système.

Bref, il ne s’agit pas ici de créer l’anarchie ou de faire tomber le gouvernement. Est-ce que ce rassemblement pourrait être le premier remède à la dichotomie québécoise ?

Bien que je ne souhaite pas m’attarder une autre semaine sur cette dichotomie, je vois ici une porte de sortie face au cynisme entretenu autour de la politique québécoise. La solution ne serait donc pas de réformer les partis politiques mais bien de ramener le citoyen au centre des débats et au centre des idées.

Au départ, j’étais plutôt sceptique quant à l’enthousiasme général suscité par Occupons Montréal, ayant comme impression que rien n’allait changer, le mouvement n’étant rien de plus qu’une autre « manifestation ». Or, j’ai maintenant l’espoir que les protestations pourront avoir un réel impact sur la politique québécoise, même si elles n’arrivent pas à percer les murs de l’Assemblée Nationale ou de la mairie de Montréal.

Au-delà d’Occupy Wall Street, Occupons Montréal est d’autant plus pertinent considérant le paysage politique québécois actuel, dont la saga entourant la crise dans le domaine de la construction. En fait, la décision de Jean Charest d’opter pour une commission d’enquête privée plutôt que publique illustre le besoin crucial de « démocratiser le Québec » en évitant qu’il s’enfonce de plus en plus dans ce nid de corruption et de collusion.

Cela dit, je ne prône pas les idéaux illusoires, ni les proclamations anarchiques populistes. Toutefois, outre la nature d’Occupons Montréal je crois sincèrement que c’est le début d’une vague de changement au Québec qui doit d’abord et avant tout s’implanter dans la conscience de la population. Et Occupons Montréal est une première étape vers cette conscientisation de masse qui doit frapper le Québec tôt ou tard, considérant les élections provinciales qui approchent à grands pas.

Contrairement à mon collègue Jean-François Trudelle, qui cultive haut et fort le cynisme, je ne crois pas qu’en jugeant les indignés on puisse se faire une idée quant à la nécessité d’un rassemblement de cet envergure. Pas besoin d’être sans logement, sans travail, sans nourriture pour comprendre les divisions économiques de notre société. Et qu’en est-il de la classe moyenne ? Cette classe qui s’appauvrit pendant que la classe supérieure s’enrichit. Pour reprendre les propos d’Agnès Gruda dans La Presse du 18 octobre dernier, les protestataires s’indignent contre une « démocratie pervertie qui empêche les politiciens les plus réformateurs d’implanter leurs réformes, parce qu’ils sont otages des grandes sociétés qui les financent ».

Somme toute, le Québec a besoin de changement. Montréal a besoin de changement. Si les politiciens sont incapables d’apporter ce changement, pourquoi se limiter ainsi ? Si la politique, supposée être la voix du peuple, ne reflète pas les besoins de la population, pourquoi nager dans le cynisme ? Occupons Montréal n’est pas qu’une seule voix ; c’est la voix du peuple. À vous d’en décider ainsi.


Articles en lien