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À la guerre comme à la guerre

Quand l’amour rencontre l’instinct de survie.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Valérie Donzelli ouvre le Festival du Nouveau Cinéma avec brio. Son deuxième long-métrage La Guerre est déclarée est un film personnel et poignant.

La Guerre est déclarée, c’est l’histoire d’un coup de foudre. Roméo et Juliette sont attirés l’un par l’autre comme des aimants. On est loin d’un remake bidon du classique shakespearien. Non, c’est plutôt l’histoire d’un jeune couple qui est né d’une pulsion passionnelle. Il vit et grandit au jour le jour. Des images défilent, les amoureux courent à toute allure vers un destin inattendu. Le temps fuit, et du fruit de l’amour naît Adam. Mine de rien, cette naissance brusque la quiétude des deux amants. Roméo (Jérémie Elkaim) se rend vite compte que son fils n’est pas comme les autres enfants. Il ne marche pas, il semble malade, mais Juliette (Valérie Donzelli) nie tout jusqu’au jour où un diagnostic médical confirme qu’Adam est bel et bien malade. Atteint d’une forme de cancer rare et grave, le destin d’Adam est entre les mains de ses jeunes parents. On assiste alors à la disparition de l’insouciance et à l’émergence d’un combat.

Crédit Photo : La guerre est déclarée

Ce deuxième long métrage de la pétillante Valérie Donzelli transporte au cœur de l’intimité de ce qu’à jadis été son couple qu’elle formait réellement avec Jérémie Elkaim. La force du film réside dans le partage poignant de cette histoire tantôt fragile, tantôt électrisante. Ce n’est pas de l’apitoiement, mais plutôt un hymne à la survie. À travers un scénario bien ficelé (écrit par Jérémie Elkaim) et une mise en scène vivante, Valérie Donzelli réussit à contraster la lourdeur des événements avec la légèreté de l’ambiance. Effectivement, la luminosité qui réside dans les images amène espoir et fraîcheur. Le jeu des couleurs, des plans et surtout de la musique crée une symbiose particulière et renforce le côté tragique de l’histoire. La bande sonore du film réussit à accompagner les personnages passant par tout le spectre des émotions. On y trouve du classique et du moderne. Malgré la forme « recette », le film est est loin de recréer un cliché des genres ; au contraire, la musique est centrale et réussit à traverser le film et à le rendre vibrant. Les sons plus éclectiques sont comme des cris de douleur poussés pour extirper un mal intérieur trop lourd à porter.

La performance des acteurs est magistrale. Les acteurs réussissent à entretenir un jeu de charme impeccable. Ils entretiennent la flamme malgré tout. Il règne une ambiance de convivialité par moments comme l’illustrent les scènes de fêtes où ils boivent jusqu’à l’ivresse en titubant de bonheur. Quelques moments comiques sont de la partie et révèlent les multiples facettes de la situation. Ensuite vient l’isolement, leurs querelles déchirantes, pour finir par la séparation. La scène finale réserve une surprise visuelle aux spectateurs. Le triomphe ou l’hécatombe ? En tous les cas, la guerre a été déclarée. Cela devrait en inciter plus d’un à découvrir ce petit chef‑d’œuvre cinématographique.


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