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Le gros bon sens

Le réseau cyclable de Montréal : un bordel total ?

Circuler à vélo dans Montréal devient de plus en plus un exercice assidu : l’augmentation de 35% à 40% du nombre de cyclistes depuis 2008 se fait sentir. Heureusement, la ville planifie d’augmenter la taille du réseau de 535 km à 800 km d’ici 2015 ; cela représenterait une nette amélioration de la fluidité du trafic sur les pistes et voies cyclables.

La nouvelle piste cyclable sur l’avenue Laurier fait office de projet pilote dans l’arrondissement Plateau Mont-Royal : si pour les automobilistes ce projet rime avec calvaire, pour les cyclistes chevronnés ou amateurs cette bande est quasiment une bénédiction.
Ceci illustre un changement de mentalité de la part de la mairie de Montréal. En promouvant le cyclisme, Montréal souhaite réduire le nombre de voitures sur les routes. Les avantages seraient multiples : réduction de la pollution sonore et olfactive, amélioration de la qualité de l’air, diminution des risques d’accidents mortels, et aussi, espérons-le, création d’un effet boule de neige qui révélera dans son sillon de plus en plus de gens engagés. Deux problèmes subsistent : le droit et la façon d’utiliser le réseau cyclable.

Le Canada et le Québec possèdent tous deux des lois régissant les usagers de vélos, patins en ligne, skateboards, fauteuils roulants manuels et électriques, ainsi que les bicyclettes électriques et véhicules de type scooter. Deux articles de la commission lancée par la Mairie de Montréal retiennent l’attention. Le premier, l’article 452 du Code de la sécurité routière, stipule que « lorsqu’un trottoir borde la chaussée, les piétons doivent l’utiliser pour leur déplacement ». Les piétons ne devraient donc pas se trouver sur les pistes.

L’article 24 du Règlement sur la circulation et le stationnement de la ville de Montréal précise que « Dans une voie cyclable, il est interdit de circuler autrement qu’à bicyclettes ou en patins à roulettes ». Clair, net et précis pour ce qui a trait au droit d’utilisation. Reste la façon d’utiliser le réseau.

Imaginez-vous en train de rouler vers une rue qui possède une bande cyclable allant seulement vers l’est. Vous tournez et devez immédiatement serrer vos freins puisque qu’un utilisateur de BIXI se balade candidement en sens inverse… l’envie de lui faire la morale vous monte à la gorge et vous avez bien raison car ce ne sont pas les seuls incidents qui se produisent. Plus loin vous dépassez une sympathique grand-maman marchant sur la bande cyclable de St-Urbain avec son panier à roulettes rempli de fruits ; vous tournez la tête et voyez deux jeunes sur un BIXI qui roulent sur un trottoir… On pourrait compiler une longue liste. Si je ne m’oppose pas aux gens qui grillent des feux rouges ou des arrêts, ou qui circulent assez rapidement, le mot d’ordre est le suivant : si vous voulez faire quelque chose d’illégal, faites le bien !

Si en passant sur une lumière rouge vous bloquez les voitures qui, elles, ont le droit de passage, vous êtes sérieusement dans le tort. Cela nous démontre ostensiblement le manque de connaissance sur l’utilisation du vélo, ou tout simplement un bon exemple du « laissez-faire ». En d’autres mots, on pourrait croire que le je‑m’en-foutisme est présent sur la piste cyclable.

Qualifier le réseau cyclable de Montréal de bordel est exagéré. La plupart du temps, les utilisateurs respectent les règles élémentaires de sécurité, ne se chicanent pas souvent entre eux (comparativement aux automobilistes!), et développent même une complicité enviée par certains passants ou autres conducteurs. Nous voyons de nettes améliorations et innovations à Montréal quant à la facilité de se déplacer à vélo, et cela ne risque pas de changer si le nombre de cyclistes continue de croître. Vive la vélorution !


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